Après cinq mois et demi d’occupation, le collectif des Afghans va quitter l’église du Béguinage qui avait hébergé jusqu’à 130 réfugiés. Si tout n’est pas encore réglé au niveau politique, la situation évolue dans le bon sens. Après l’avoir hébergé, la communauté catholique de cette église reste néanmoins solidaire de ce collectif qu’elle continue à soutenir.
Ils ne sont plus qu’une vingtaine d’Afghans dans l’église Saint-Jean-Baptiste du Béguinage, sur les 400 personnes qui avaient fait de ce lieu le point de convergence pour combattre la politique d’expulsion menée par la secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Maggie De Block. La plupart des cas ayant trouvé une issue favorable (octroi du statut de réfugié et d’un logement), le collectif des Afghans a donc décidé de cesser l’occupation de l’église à partir de ce mardi 15 avril.
Depuis la rencontre avec Maggie De Block et le Premier Ministre, le collectif a constaté une évolution positive de la situation des Afghans en Belgique. Depuis deux mois, il n’y a ainsi pas eu d’expulsion. Le CGRA, le Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides, se défend cependant d’avoir changé sa politique pour les demandeurs d’asile. Les chiffres attestent pourtant d’une augmentation de 20% de dossiers pris en considération par rapport à 2013, sans doute parce que ces derniers plus détaillés. Pour autant, la lutte de ce collectif continue: il réclame toujours une suspension générale des expulsions vers l’Afghanistan.
Une communauté catholique impliquée
De son côté, la communauté catholique reste solidaire de ce collectif. En juillet dernier, l’église avait servi de lieu de rassemblement pendant cinq jours, pour notamment faire valoir le droit des enfants et des parents. Pour l’abbé Daniël Alliët, curé de la paroisse, il y avait un pas à ne pas franchir: renvoyer des jeunes, des femmes, des enfants vers un pays en guerre.
Ces Afghans sont ensuite revenus après avoir été chassés de plusieurs endroits, le 18 novembre. Ils furent ainsi jusqu’à 130 à être hebergés dans l’église qui ne dispose évidemment pas de l’équipement nécessaire (toilettes, douches…) à ce genre d’occupation.
« On a toujours soutenu leurs exigences », explique Daniël Alliët. « Mais à partir du moment où l’affaire devait se résoudre individuellement pour chaque cas et non pas de manière collective, et que les cas étaient peu à peu réglés, il était temps de trouver une autre forme d’action. Mais L’Eglise reste solidaire avec eux », précise le prêtre. Elle cherche notamment des places pour loger les derniers Afghans qui sont encore dans l’église du Béguinage et devaient la quitter ce mardi. Mgr Léonard a d’ailleurs de nouveau lancé un appel auprès des congrégations en ce sens. Et surtout, la communauté continue à soutenir l’action politique du collectif.
« Après leur départ, rien ne change pour nous. Nous continuerons à soutenir leurs exigences. Moi-même, je suis dans le comité de soutien depuis un an et j’y reste. Ce collectif reste en dialogue avec notre communauté et les actions, les meeting qu’ils veulent mener peuvent continuer à partir de l’église », indique Daniël Alliët.
Une expo sur le « chemin de croix » des sans-papiers
Il est vrai que l’église a l’habitude de ce genre d’occupations. Et celles-ci ont même engendré de beaux projets. Ainsi, c’est à la suite de la grande occupation de 1998, qu’est né un projet interreligieux. Et cette année, lors de la célébration de Noël, l’assemblée a partagé avec les Afghans présents des dattes et des jus de fruit en signe d’espérance. Tandis que pour cette période de carême, une exposition s’intéresse au « chemin de croix » des sans-papiers, faisant un parallèle entre le temps de Jésus et maintenant…
Pierre GRANIER