L’Homo sapiens aime les souvenirs. Ceux qu’il fabrique pour lui-même... Photos, enregistrements, collections,… Ceux qu’il fabrique pour ses semblables... Rediffusions, rééditions, créations de musées,… Ceux qu’il fabrique pour toute l’humanité... Reconnaissance d’un patrimoine mondial, commun à tous les Terriens!
Par exemple, la petite église romane de Saint-Clément au sein de l'Unité Pastorale des Cerisiers pourrait très bien rejoindre sur la liste de l’UNESCO le centre historique du Caire, érigé tout comme elle au Xème siècle. Discrètement, la commune a d’ailleurs installé mainte plaque indicatrice pour diriger l’amateur de beaux édifices. Tout aussi discrètement, s’y réunissent chaque semaine quelques fous de "chant grégorien", leurs répétitions constituant, elles aussi, une démarche-souvenir.
Grégoire le Grand, semblerait-il, n’y serait pour rien. Et pour cause... Le saint pape vécut au VIème siècle, à une époque où chaque peuple louait Dieu à sa façon, alors que le chant dit "grégorien" unifierait quelque quatre siècles plus tard les habitudes liturgiques de toute l’Europe, grâce à un système de notation naissant. Depuis ce temps lointain, les voix unies du chant grégorien, portées par une architecture pensée pour elles, dispensent calme et recueillement.
Dans la tourmente d’aujourd’hui où le paraître est de première importance, que vient-on chercher à l’ombre des vitraux, sinon ce qui nous manque cruellement au dehors... L’intériorité? Comme en apesanteur musicale, la mélodie récitative ondule avec le texte (c’est dire que le rythme en est varié!), permettant, si on le souhaite, de prendre conscience de son message. Quant au mélomane, il se laisse simplement "envoûter" par la pureté du chant monodique.
Mais sacristie! disent les Canadiens, il y a un écueil... Faut-il rappeler la préséance dont jouissait Rome dans le domaine religieux? Le culte n’éviterait pas l’emploi de la langue latine. Aujourd’hui hélas, les langues anciennes semblent avoir perdu un certain crédit dans les écoles. Fini le temps où l’on plaisantait en latin dans les cours de récré. On veut bien lire Astérix, mais on ne veut plus chanter dans la langue de Jules César.
Là, le souvenir perd quelques points en bourse, mais il suffirait peut-être d’apporter quelques modifications à la terminologie? Car l’heure de l’œcuménisme a sonné... Esperanto liturgique, le latin pourrait consacrer la réunion des Eglises et le chant grégorien pourrait à nouveau recueillir tout chrétien. Gloria signifie gloire, rosa c’est la rose, terra la terre et "homme" se traduit par homo. Après tout, la lingua romana est-elle vraiment difficile?
Danielle EtienneSi le "chœur" vous en dit, vous trouverez les coordonnées des responsables dans le cahier local "Venez et Voyez"* (02/2104) encarté dans le journal "Dimanche". *code d'accès page 10 de votre journal.