Le 11 février 2013, à 11h 35, Benoît XVI posait un geste inédit dans la papauté moderne en annonçant sa renonciation, effective le 28 février. Depuis lors, le pape émérite se tient retiré dans un petit monastère, au sein du Vatican, et se garde de toute ingérence dans les affaires du Saint-Siège.
Un an a passé depuis le 11 février 2013 où, à 11h41, Benoît XVI a prononcé devant un parterre de cardinaux stupéfaits: « Declaro me ministerio Episcopi Romae (…) renuntiare. » Un peu plus de deux semaines plus tard, il quittait le Vatican dans un hélicoptère blanc pour Castel Gandolfo. A 20h, avec la fermeture des portes du palais, le pontificat de Benoît XVI prenait fin. Depuis ce jour, à l’exception de rares photos publiées par « L’Osservatore Romano », le pape émérite a disparu de tous les écrans. Une photo volée dans les jardins de Castel Gandolfo, deux apparitions furtives en compagnie de son successeur sont à peu de choses près les seules traces du pape allemand depuis sa renonciation inédite.
Joseph Ratzinger réside pourtant au Vatican, à quelques centaines de mètres du palais où il fut, pendant sept ans, le chef spirituel de plus d’un milliard de croyants. Dans l’ancien monastère Mater Ecclesiae, rénové pour l’occasion, il habite en compagnie des quatre laïques consacrées qui s’occupaient déjà de lui au Palais apostolique, et de son secrétaire Georg Gänswein. Seul hôte de la « famille pontificale »: son frère, Georg Ratzinger, âgé de 90 ans, qui multiplie les séjours à Rome.
Une vie régulière et retirée
La vie du pape émérite est réglée comme du papier à musique, ainsi qu’elle l’a toujours été. Levé à 5h30, il célèbre la messe à 6h en compagnie de ceux qui partagent sa vie. Après un petit déjeuner frugal – biscottes et confiture d’oranges amères -, il gagne à 8h son bureau pour y lire la presse allemande et italienne, répondre à son courrier, consulter des documents. A 11h, il médite et prie. Il déjeune à 12h, le plus souvent seul. Après une courte sieste, il se promène dans les jardins du Vatican avec Georg Gänswein.
A 16h, retour dans son bureau, où il prend connaissance de la dernière édition de « L’Osservatore Romano » avant de se remettre au travail. Vers 17h, Joseph Ratzinger s’offre une heure de piano avant de se consacrer de nouveau à la prière. Le pape émérite dîne à 19h précises et regarde le journal télévisé de la première chaîne de la Rai. S’il regarde parfois un film ou une émission enregistrés pour lui, il ne se retire jamais dans sa chambre après 22h.
Une cohabitation inédite
En renonçant à sa charge, Benoît XVI a bouleversé. C’est effectivement la première fois dans l’histoire moderne que deux papes cohabitent, l’un émérite et l’autre en activité. Un an plus tard, les inquiétudes que cela suscitait chez certains ont complètement disparu, Benoît XVI ayant choisi de se faire très discret et de ne pas s’ingérer dans les affaires du Vatican. Ce retrait lui est d’autant plus facile qu’il se dit « lié par une grande convergence de vues et une amitié de cœur au pape François« . « Mon unique et dernier rôle consiste à soutenir son pontificat dans la prière« , a-t-il confié au théologien Hans Küng.
Sa prochaine sortie publique pourrait être la canonisation, le 27 avril prochain, des papes Jean XXIII et Jean-Paul II, que Joseph Ratzinger a longtemps servis. « Mais il n’entreprendra rien de lui-même pour s’y rendre; seulement si le pape François le lui demandait », estime Nicolas Diat, auteur de « L’homme qui ne voulait pas être pape ». Avant de quitter sa charge, Benoît XVI s’est en effet engagé à la pleine obéissance au pape en activité.
La continuité est assurée
Si le style du pape François est très différent de celui de son prédécesseur, rien n’indique pour le moment qu’il veuille se démarquer de lui sur le plan doctrinal. Une plongée dans les textes des deux hommes montre en effet qu’il n’en est rien. Aussi, ceux qui s’attendent à des changements majeurs des enseignements de l’Eglise risquent bien d’être déçus, a récemment déclaré le cardinal Sean Patrick O’Malley, dans un long entretien au quotidien américain « The Boston Globe ». « Je ne vois pas le pape changer la doctrine« , a-t-il ajouté.
Pascal ANDRE (avec La Croix)