Nobel de la Paix : le choix de l’OIAC fait le buzz mais déçoit…


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Nobel de la Paix : le choix de l’OIAC fait le buzz mais déçoit…
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
5 min

OIACLe Nobel de la Paix 2013 a été attribué vendredi 11 octobre, en Norvège. A la grande surprise de tous, ce n'est ni au docteur congolais Denis Mukwege, ni à l'adolescente pakistanaise Malala Yousafzaï - pourtant favoris -, que le prix a été décerné, mais à l'inattendue Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC)... Retour sur un choix décevant.

Jeudi soir, les chaînes TV norvégiennes présentaient l’OIAC comme un solide candidat. Ce choix est en phase avec l’actualité puisque l’organisation basée à La Haye et méconnue du grand public a été chargée de superviser le démantèlement de l’arsenal chimique syrien.

L'étonnement était cependant au rendez-vous. En effet, le docteur Denis Mukwege et la Pakistanaise Malala Yousufzai étaient les deux grands favoris parmi les 258 candidats compétiteurs, dont 50 organisations, pour succéder à l'Union européenne, prix Nobel de la Paix 2012.

Le médecin congolais Denis Mukwege est spécialisé dans le traitement des femmes victimes de violences sexuelles à l'hôpital général de Panzi, installé à Bukavu, dans l'est de la République Démocratique du Congo. Malala Yousafzai, elle, s’est faite connaître en 2009 en tenant sur le site de la BBC son journal indigné d’une fille privée d’école, dénonçant les exactions des talibans dans la région pakistanaise de Swat. Ces derniers, en représailles à cet engagement, ont attaqué son car scolaire, le 9 octobre 2012, et lui ont tiré plusieurs balles à bout portant, dont une en pleine tête, sans toutefois parvenir à la tuer... Transférée au Royaume-Uni, la jeune fille a été opérée avec succès à Birmingham, où elle réside à présent et où elle est scolarisée depuis mars. A 16 ans, Malala est devenue un symbole au Pakistan : celui de la lutte pour l’éducation des filles face à l’obscurantisme. Pour cela, l'adolescente pakistanaise a obtenu jeudi 10 octobre le Prix Sakharov du Parlement européen.

Le prix Nobel de la paix est une récompense très convoitée mais parfois discutée. Cela a été prouvé une fois encore ce vendredi 11 octobre...

Certes, selon les dernières volontés d’Alfred Nobel, inventeur de la dynamite, le prix Nobel doit récompenser une personne ou une organisation ayant "accompli le plus grand et le meilleur travail pour la fraternité entre les nations, pour l'abolition ou la réduction des forces armées et pour la tenue et la promotion de congrès pour la paix"… Et l'OIAC remplit pleinement ces critères.

L'OIAC en bref…

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques vise à l'élimination complète des armes chimiques dans le monde entier. Elle a pour mission principale de vérifier la destruction de toutes les armes chimiques existantes et de prendre les mesures propres à mettre fin à la fabrication d'armes chimiques. Fournissant une assistance et une protection à tout Etat partie faisant l'objet de menaces ou d'attaques à l'arme chimique, elle œuvre également à la promotion de la coopération internationale dans le domaine de l'utilisation pacifique de la chimie. Créée en 1997 et forte de 189 états membres, l'Organisation a son siège à La Haye. Elle a pour directeur général Ahmet Üzümcü, nommé en décembre 2009 par la quatorzième session de la Conférence des États parties à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques.

Les nombreux ratés du Nobel de la Paix

Certains choix de lauréats ont été très controversés. Comme celui de l'ex-secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan. Lauréat en 2001, il n'a pas pu enrayer le génocide rwandais alors qu'il était le bras droit de Boutros Boutros Ghali. Autre lauréat discutable, l'ancien directeur de l'agence internationale de l'énergie atomique, Mohammed El Baradei. Il n'a pas réussi à convaincre l'administration Bush que l'Irak ne possédait pas d'armes de destruction massive… Le Nobel de la paix a également été décerné à Barack Obama, quelques mois après son élection. Avant même qu'il ne fasse ses preuves. Autre reproche fait au jury du Nobel de la paix : le fait que plusieurs récompenses ont été attribuées sans prendre en compte le passé du lauréat ou sa politique et ses actes intermédiaires souvent en contradiction avec la définition du prix. Ceci a largement remis en doute la crédibilité voire la légitimité de la distinction lorsqu'elle est revenue à des personnalités telles que Theodore Roosevelt, Anouar el-Sadate, Menahem Begin ou Yasser Arafat.

Enfin, il faut savoir qu'Adolf Hitler, Benito Mussolini et Joseph Staline avaient eux aussi présentés leurs candidatures au comité Nobel mais elles n'avaient pas été retenues. A l'instar de Vladimir Poutine, qui, cette année, a été pressenti comme candidat pour le Nobel 2013.

Quatre prix pour la Belgique

Rappelons qu’à quatre reprises, le prix Nobel de la Paix a récompensé un Belge ou une association de notre pays. La première fois, ce fut en 1904. Il récompensa l’Institut de Droit International, fondé à Gand en 1873. Cinq ans plus tard, en 1909, Auguste Beernaert, membre de la Cour Internationale d’Arbitrage reçut la prestigieuse récompense. En 1913, le jury du Nobel de la Paix attribua le prix à Henri La Fontaine, président du Bureau international permanent de la paix. Enfin, le père Dominique Pire, dominicain, fut récompensé en 1958 pour son action en faveur de des réfugiés après la seconde guerre mondiale. Son œuvre se poursuit aujourd’hui avec l’action annuelle des « Iles de Paix ».

Décidément, ce Nobel est bien convoité… Il y a de nombreux ratés et des rendez-vous manqués. Comme celui avec le guide spirituel de la non-violence, le Mahatma Gandhi. Nommé par le comité en 1937, 1938, 1939, 1947 et 1948, il n'a cependant jamais reçu le prix de la paix. Ou encore celui avec Malala, la jeune Pakistanaise.

Comme disait Victor Hugo : "La guerre, c'est la guerre des hommes. La paix, c'est la guerre des idées".

Anne Leconte

 

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