En 2012, l’Université pontificale salésienne se penchait sur le « burn out » des prêtres. Un phénomène beaucoup plus courant qu’on ne l’imagine…
Au cours de ce colloque interdisciplinaire réunissant psychologues, thérapeutes et religieux, l’Université salésienne a en effet indiqué que l’enquête qu’elle avait menée auprès de 300 prêtres diocésains et religieux en Italie faisait apparaître qu’environ un tiers d’entre eux éprouvaient des difficultés à vivre sereinement leur engagement pastoral. Des chiffres confirmés par ailleurs.
Qu’il s’agisse d’un simple mal-être ou d’une vraie dépression menant à un « burn out », ce stress dont souffrent les prêtres (et dont ils n’ont parfois pas conscience), serait généralement lié à leur surcharge de travail, à une certaine solitude ecclésiale, mais aussi au rapport qu’ils ont avec le temps libre. Il se traduit généralement par de la nervosité, des tensions et des crispations dans les relations avec l’entourage, et par des difficultés à prendre du temps pour soi, se détendre, lire, se préparer un repas.
Crash à l’écolage
Si ce genre de situation est donc courant au sein du clergé, en revanche peu de religieux en parle ouvertement. Jean-Marc de Terwangne, fait partie de ceux-ci. Victime d’une dépression il y a quelques années, il a publié en 2008 un livre-confession, basé sur le journal qu’il a eu l’idée de tenir dès les premiers jours de la maladie diagnostiquée.
Pour décrire sa « descente aux enfers », le prêtre a eu recours à de nombreuses images. Tout d’abord celle du co-pilote d’un avion qui, prenant son envol, se crashe malencontreusement au décollage, faute d’avoir utilisé la piste qui convenait ou de n’avoir pas eu le bon instructeur.
Dès lors, le jeune prêtre qu’il était se voit comme « un vase de verre brisé en d’innombrables morceaux. Ces débris de mon être étant plus ou moins rassemblés, avec au centre une petite flamme bleue, telle une veilleuse qui les retient afin qu’ils ne se dispersent pas dans le néant vers lequel ils sont pourtant attirés. »
Ce néant, c’est la mort. Un jour de Noël, il n’y a même plus de « petite flamme bleue. » Jean-Marc de Terwangne écrit sa lettre d’adieu. Mais un sms bienveillant et le retour plutôt que prévu de ses parents au domicile familial, vont le décider à continuer à vivre en franchissant le pas le plus important du processus de guérison: accepter sa maladie, la dépression. Son salut, explique-t-il, fut de ne pas se sentir seul « dans l’océan déchaîné. » Et si la foi n’a pas été pour lui une protection, elle l’a aidé à s’en sortir.
Pierre GRANIER
« Ta vie peut refleurir », de Jean-Marc de Terwangne, ed. Fidélité, 117 pages, 12,80 euros(*)