C’est un sommet du G20 sous tension qui s’ouvre ce jeudi à Saint-Pétersbourg. La crise syrienne bousculera le calendrier initial de ce sommet, puisque la question d’une intervention militaire sera au cœur des débats. L’occasion pour le Saint-Siège, mais aussi les associations catholiques et les évêques américains, de préciser leur position sur ce dossier délicat. C’est non à l’intervention armée !
ARTICLES EN RELATION:
> Le Pape François s’adresse au G20 en Russie
> Paix en Syrie : Sant’Egidio interpelle le G20!
> Les ambassadeurs près le Saint-Siège réunis au Vatican
> Le Vatican présente sa ligne sur la situation syrienne
> Participation de musulmans aux veillées de Bruxelles et Malines
> L’appel du pape a été entendu par les musulmans de Flandre
Les 20 dirigeants des pays les plus puissants du monde sont réunis depuis ce jeudi 5 septembre 2013 à Saint-Pétersbourg, la ville natale de Vladimir Poutine. Bien que le G20 soit initialement prévu pour discuter de questions économiques et financières, ce sera bien la Syrie qui retiendra toute l’attention des présidents présents.
L’Eglise a saisi l’occasion pour préciser sa ligne auprès des ambassadeurs accrédités au Saint-Siège, tandis que le pape François a écrit au président russe, qui est l’hôte du sommet. Dans le même temps, des associations comme Caritas International et Sant’Egidio interpellent les participants à la réunion. Enfin, les évêques américains redisent leur opposition à l’idée d’une « intervention ciblée » prônée par le président américain Obama. Rappelons que ces derniers jours, les Etats-Unis et la Russie se sont livrés une véritable guerre d’influence au sujet de la légitimité d’une intervention militaire en Syrie. Vladimir Poutine s’est jusqu’à présent montré opposé à toute intervention en Syrie, excepté si « des preuves convaincantes de l’usage d’armes chimiques par le régime » lui étaient présentées. Il déclarait cependant ce mercredi que « même aux Etats-Unis, des experts pensent que les preuves présentées par l’administration ne sont pas convaincantes et n’excluent pas la possibilité que l’opposition syrienne ait planifié une provocation pour justifier une intervention militaire ». Il a également mis en garde les Etats-Unis sur le fait « qu’une intervention sans aval de l’ONU serait une ‘agression' ».
Pression des évêques américains font pression sur Obama
Le président américain Barack Obama entend de son côté profiter du sommet pour rallier d’autres pays à sa cause. Pourtant, au pays de l’Oncle Sam, de nombreuses voix s’élèvent pour dire leur opposition à toute intervention armée en Syrie. Ainsi, en écho aux appels à la paix du pape François et des évêques du Moyen-Orient, le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York, et Mgr Richard E. Pates, évêque de Des Moines, en Iowa, ont écrit au président américain afin qu’il cherche une solution politique en Syrie. Tout en condamnant fermement l’usage d’armes chimiques en Syrie, affirmant que « ces armes indiscriminées n’ont pas leur place dans les arsenaux de la famille des nations », ils s’opposent à une intervention militaire américaine. Le président de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB) et le président de la Commission « Justice et Paix » des évêques américains notent que déjà plus de 100.000 Syriens ont perdu la vie et plus de 2 millions ont fui leur pays. Leur préoccupation se concentre sur la catastrophe humanitaire qui frappe la Syrie. Il s’agit, pour les signataires de la lettre à Obama, de sauver des vies en mettant un terme au conflit, et pas en « l’alimentant ». Ils font écho aux appels du pape et des évêques du Moyen-Orient, « qui ont clairement dit qu’une attaque militaire sera contre-productive, exacerbera une situation déjà meurtrière et aura des conséquences imprévisibles ». Le cardinal Dolan et Mgr Pates assurent le président Obama de leurs prières et lui demandent de « travailler de façon urgente et sans relâche avec d’autres gouvernements pour obtenir un cessez-le-feu, débuter des négociations sérieuses, fournir une assistance humanitaire impartiale et encourager les efforts pour construire une société inclusive en Syrie qui protège les droits de tous ses citoyens, y compris les chrétiens et les autres minorités ».
Pour le moment, seule la France se dit prête à appuyer les Etats-Unis pour une action armée contre le régime du président Bachar Al Assad. En Angleterre, l’allié historique des Etats-Unis, le parlement s’est prononcé contre la participation du pays à une quelconque action armée. Dans l’attente des conclusions des observateurs des Nations Unies partis sur les lieux de l’attaque chimique en Syrie, la majeure partie des membres du G20, comme l’Italie et l’Allemagne, reste sur une prudente réserve. Ils demandent une résolution de l’ONU sur une intervention en Syrie. Une résolution qui pourrait ne jamais voir le jour vu l’opposition de la Chine et la Russie, qui disposent toutes deux d’un droit de veto.
Du côté syrien, le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a assuré mercredi que « le gouvernement syrien ne changerait pas de position même s’il y a une troisième guerre mondiale. » De quoi douter du caractère « ponctuel » d’une intervention en Syrie et craindre un enlisement des pays occidentaux dans ce conflit, comme ce fut le cas en Irak et en Afghanistan.
Enfin, réuni sous la présidence du patriarche Béchara Raï, le Conseil des évêques maronites a souligné l’impact négatif de la guerre en Syrie sur le Liban, notamment au plan économique. Dans leur communiqué, ils appellent les instances internationales à avoir recours aux moyens légaux internationaux pacifiques, comme la diplomatie, le dialogue et les négociations « pour mettre fin à la guerre et instituer une paix globale, juste, durable et permanente en Syrie et dans la région ».
MVL/JJD, d’après La Croix et Apic/Imedia