Selon le porte-parole de la conférence épiscopale catholique d’Égypte, la destitution du président Morsi n’est pas un coup d’Etat. Et c’est même « un jour heureux pour les chrétiens ». Pour ce prêtre, les jeunes gens de la place Tahrir doivent maintenant être associés au processus de rénovation politique.
Le Père Rafik Greiche, chargé de presse de la conférence épiscopale catholique d’Égypte, a souligné que la destitution du président islamiste Mohammed Morsi par l’armée égyptienne n’était pas un coup d’État. « L’armée a exécuté la volonté du peuple. Ces derniers jours, le peuple a exprimé cette volonté sans aucune équivoque à travers des millions de signatures et de gigantesques manifestations au Caire et dans l’ensemble du pays », a déclaré le prêtre catholique grec dans un entretien accordé le 4 juillet à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en détresse (AED).
« Un putsch, c’est quand des officiers s’emparent du pouvoir et agissent sans l’approbation du peuple. Mais c’est exactement ce qui n’a pas eu lieu en Égypte. Par ailleurs, l’armée voulait éviter l’effusion de sang annoncée par les Frères musulmans. Voilà pourquoi elle est intervenue. »
Un nouveau départ politique
« La destitution de Morsi et le nouveau départ politique sont un jour heureux pour nous autres chrétiens d’Égypte et pour tous les Égyptiens. Nous espérons que nous ne serons pas exclus du processus politique qui nous attend », poursuit le porte-parole.
S’il est encore trop tôt pour toute conjecture sur l’avenir de l’association islamistes des Frères musulmans, l’échec de ce parti semble manifeste aux yeux de tous les Égyptiens et pour le prêtre qui ajoute que « Les Frères musulmans n’étaient pas préparés à gouverner. En outre, ce qui leur importait dès le début, c’était l’édification d’un califat islamique, et non l’Égypte en soi en premier lieu. Le peuple ne voulait plus l’accepter plus longtemps. »
Violences anti-chrétiennes
Le Père Greiche craint toutefois que les Frères musulmans chassés du pouvoir ne se vengent et attisent des troubles. Dans ce contexte, il y aurait déjà eu des premiers cas de violence islamiste envers des institutions chrétiennes, affirme le prêtre. « Hier et avant-hier, des exactions ont été commises contre une église catholique près de Minya. Le bâtiment a été légèrement endommagé. Mais ce sont surtout les commerces chrétiens à proximité qui ont été sinistrés. »
Le Père Greiche a souligné en outre qu’il revenait à présent à l’université Al-Azhar, au Caire, principale institution islamique du pays, de faire revenir dans le droit chemin les jeunes gens induits en erreur par l’idéologie des Frères musulmans. « Oui, l’Égypte est un pays religieux. C’est vrai pour les musulmans et pour les chrétiens. Mais les Égyptiens ne sont pas des fondamentalistes », assure le Père Greiche qui reste optimiste en ce qui concerne l’avenir politique de l’Égypte. « L’opposition non islamique a trouvé une nouvelle unité. Ce qui est essentiel, c’est que la jeunesse conduise la politique et pas l’inverse. Les jeunes gens de la place Tahrir doivent maintenant être associés au processus. On ne doit pas les exclure une nouvelle fois comme après la révolution de 2011. »
P.G. /AED
(photos: (c) AED)