Prix Nobel: quand Herman Van Rompuy parle de la paix…


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Prix Nobel: quand Herman Van Rompuy parle de la paix…
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Le trio Herman Van Rompuy, José Manuel Barroso et Martin Schulz a reçu au nom de l'Union Européenne le prix Nobel de la paix à Oslo, lundi 10 décembre. Un prix très controversé en ces temps de crise…

Certes le "Ich bin ein Europäer" du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, était so much… Lundi, les références historiques pleuvaient dans son allocution prononcée à l'Hôtel de Ville d'Oslo. Hérodote, Abraham Lincoln, Konrad Adenauer, John Kennedy, Jean Monnet, le panel des citations était grand… Peut-être un peu trop.

Toutefois, des mises au point ont été faites.

Le choix de l'UE comme prix Nobel de la paix est très controversé, et ne fait pas du tout l'unanimité en Europe. Comment une Union aux prises d'une des crises économiques les plus graves de l'histoire de l'UE peut-elle être récompensée ? Le prix Nobel de la paix, décerné pour la première fois en 1901, récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » selon les volontés, définies par testament, d'Alfred Nobel.

Alors ?

Face aux eurosceptiques, Herman Van Rompuy a mis les points sur les "i" et a fait quelques rappels historiques non superflus… "L’Union Européenne passe certes son moment le plus délicat, mais elle n’en est pas la cause. La crise financière vient de l’autre côté de l’Atlantique. Certains pays de l’Union ont été très mal gouvernés, et la crise fait remonter toutes ces faiblesses structurelles à la surface. L’Union aide ces pays financièrement, pour qu’ils puissent s’adapter à cette nouvelle situation du marché mondial. Elle est donc une partie de la solution et non pas du problème", a-t-il défendu devant la horde de journalistes à l'affût. "Une nouvelle tâche historique est devant nous : préserver la paix là où elle a été gagnée. L’Histoire n’est pas un roman, un livre que nous pourrions fermer sur un happy end: nous restons pleinement responsables pour ce qui est à venir".

Petite pluie abat grand vent, comme dit le proverbe. La presse européenne s'est déchaînée, prouvant une nouvelle fois la fonction cathartique de la plume...

"Vive les eurocrates ennuyeux" titre le quotidien polonais Gazeta Wyborcza. "L'Union est la machine de paix la plus efficace de toute l'histoire. Depuis près de 70 ans, les pays membres n'ont pas vécu le cauchemar de la guerre. La paix n'a ni saveur, ni couleur, ni odeur. Elle est comme l'air. Je ne connais personne qui se sente heureux simplement parce qu'il respire. Mais c'est difficile d'imaginer qu'un jour quelqu'un puisse nous refuser l'accès à cet air. L'UE mérite le prix Nobel simplement pour le fait qu'une telle idée ne doit même pas traverser nos esprits".

"L'Europe est devenue quelque chose pour laquelle on est, ou contre laquelle on est", se désolent deux universitaires dans Trouw.nl, parce que "le débat politique est largement resté au sein des institutions. L'UE devrait donner une véritable voix aux citoyens européens qui justifierait le prix Nobel", écrivent-ils, ajoutant que "le prix Nobel de la Paix à l'UE dit quelque chose de particulier sur le passé, mais peu sur l'avenir de l'union. Les citoyens devraient avoir le choix de décider de l'Europe qu'ils veulent. Aujourd'hui, un vote au Parlement européen n'est pas le choix d'une couleur politique, d'une voie particulière ou d'un dirigeant spécifique".

Il n'y a pas à dire, quand Herman parle de la paix, ça dépote !

A.L

 

 

 

 

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