Mathieu Loicq repart à la conquête de son Graal


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Mathieu Loicq repart à la conquête de son Graal
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
4 min

Les Jeux paralympiques sont désormais ouverts. A Londres, quarante athlètes belges sont de la fête, dont Mathieu Loicq. Ce pongiste, déjà sacré à Athènes, vise un nouveau podium.

À 33 ans, Mathieu Loicq va participer à ses troisièmes Jeux paralympiques. Médaillé d'or à Athènes en 2004, il n'a pu confirmer son exploit à Pékin, mais compte bien sur ces Jeux à Londres pour regoûter au bonheur d'une médaille. Il s'est entraîné dur pour cela. Avec ses partenaires de l'équipe de Belgique, il vient d'achever une période préparatoire intense de 4 semaines de stage, en France et en Belgique.

Début à 9 ans

Le ping-pong, Mathieu y est tombé dedans très jeune. À 9 ans très exactement. C'était sans doute difficile d'y échapper puisque son père fut lui-même un joueur de bon niveau. Mais le tennis de table est aussi une discipline particulièrement intéressante – et peu coûteuse de surcroît – pour les moins valides. Elle permet (entre autres vertus thérapeutiques) d'améliorer la coordination. Il est d'ailleurs beaucoup pratiqué en handisport, où il est ouvert à 10 catégories de handicapés.
Pour sa part, Mathieu joue en catégorie 8. Ses handicaps sont multiples: il doit surmonter une malformation des mains (réduites à deux doigts) et des pieds, ce qui a pour conséquence des problèmes d'équilibre et d'appui. Il est également malentendant. Malgré cela, Mathieu a fait ses gammes comme n'importe quel autre valide et même intégré leur championnat. Une confrontation toute bénéfique pour sa progression. À force de courage, de ténacité, il a atteint un incroyable niveau qui lui vaut d'être classé B4 et de disputer le championnat belge de Deuxième Nationale (l'équivalent de la troisième division) avec son club de Herseaux.
Le champion hennuyer ne découvrira en fait le handisport de niveau international que tardivement, en 1999, pour l'intégrer en 2001. Sa vie a alors beaucoup changé. Mathieu ne travaille plus qu'à mi-temps au sein de son atelier protégé, afin de mieux s'entraîner en vue des compétitions internationales. Sous contrat avec la Communauté française, il participe en échange à des actions de communication: interventions dans des écoles, promotion du handisport, parrainage divers, etc.

Un athlète de haut niveau

Mathieu est donc tout simplement passé du côté des athlètes de haut niveau, astreint aux mêmes exigences que tous les sportifs vis-à-vis de la diététique et des contrôles antidopage. Aux mêmes attentes aussi, dès lors qu'il représente un pays. Un coup d'œil sur son impressionnant palmarès suffit pour dire qu'il a déjà bien rempli sa part du contrat : outre son double titre olympique (en individuel et en équipe) à Athènes, Mathieu a aussi été champion du monde en 2010. À quoi on peut ajouter un titre de champion d'Europe par équipe (2007). Avec son co-équipier Marc Ledoux, ils forment une équipe redoutable, qui a trusté les podiums ces dernières années, qu'il s'agisse des championnats du monde, d'Europe ou de tournois open. Et il n'est pas rassasié.
Le point fort de Mathieu ? "C'est clairement un attaquant, avec un revers exceptionnel, très pur", nous dit son entraîneur. C'est aussi un garçon avec une grande conscience professionnelle et un bel esprit de compétition.

Humble et solidaire

Pour Mathieu, évoluer ainsi à un si haut-niveau a évidemment décuplé les bienfaits que peut apporter la pratique d'un sport à une personne moins valide. D'abord sur son état de santé, excellent, mais aussi sur l'estime de soi, la vie sociale… "Les compétitions internationales m'ont permis de rencontrer beaucoup d'autre sportifs comme moi. On s'échange de nombreux e-mails, on se lie d'amitié parfois", explique Mathieu.
Sur la "chance" de pouvoir voyager, le champion est plus mitigé. Les destinations lointaines, comme lors des Jeux à Pékin, finissent par peser sur le moral. Séparé de la famille, le petit coup de blues menace de s'inviter.
Quand à la reconnaissance que ses titres de gloire lui ont apportée, bien au-delà de son entourage proche, elle ne lui a pas tourné la tête. Mathieu fait même preuve d'une humilité exemplaire. Ni les 400 sms de félicitation reçus après sa médaille d'or à Athènes, ni les 697 voix de préférence recueillies aux élections communales de Mouscron (liste Cdh), ne l'ont grisé d'une manière ou d'une autre. Cela a simplement et sainement contribué à son épanouissement personnel.

À quelques jours de son premier match (jeudi), on croît deviner son tout prochain rêve. Ou presque… "Que l'équipe de Belgique brille à Londres!", répond-il. Parce que pour Mathieu, la joie de gagner est d'autant plus forte quand elle est partagée.

Pierre GRANIER

Catégorie : L'actu

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