Le 1er janvier 1962, vingt missionnaires spiritains, 19 Belges et 1 Néerlandais, sont massacrés à Kongolo, au Nord-Katanga, dans l’ex-Congo belge. 50 ans plus tard, les missionnaires, réunis au Mémorial Kongolo de Gentinnes, se souviennent. Ils commémoreront la mémoire de leurs frères martyrs le 26 mai.
Les missionnaires du Mémorial Kongolo racontent:
Dès les premières semaines de l’Indépendance (30 juin 1960), le Katanga décide de quitter la communauté nationale. Sur le territoire administratif de Kongolo, l’ethnie des Bahemba a opté résolument pour la sécession; les autres ethnies suivront de gré ou de force. La Mission des pères spiritains, implantée à Kongolo, s’est vue basculer d’office dans la province sécessionniste. Les missionnaires ont continué leurs diverses activités, sans prendre parti politiquement, se prodiguant à tous sans distinction. Ils s’occupent des corps et des âmes, distribuant des vivres, hébergeant vieillards et infirmes, se dépensant pour prêcher la concorde ou la réconciliation dans un climat de vives tensions entre tribus rivales.
Lorsque les troupes nationales entreprennent la reconquête de la région sécessionniste, la population de Kongolo se réfugie en grande partie dans la région des Bahemba, sur la rive droite du fleuve. Les missionnaires auraient pu suivre ces populations dans leur retraite, mais ils ont choisi de rester à Kongolo, avec la population qui les avait accueillis.
De leurs correspondances, on peut déduire que les missionnaires appréhendaient des exactions, des vexations, envisageant même, des meurtres. Ainsi, dans un courrier du 27 novembre 1961, le père Jean-Marie Godefroid, parlait du « grand examen à passer devant Notre Seigneur, dont nous ne savons si c’est pour bientôt ou non ».
Vers le martyre
Le 31 décembre, vers 17h00, les soldats, sans ménagements, ont embarqué les missionnaires sur des camions et les ont conduits au camp militaire. Là, ils sont enfermés dans des cachots, chacun séparément. La nuit est agitée. Au point du jour, on tire les prisonniers de leurs cachots pour une sinistre parodie d’interrogatoire au corps de garde. Les injures pleuvent dru. A coup de crosse, des soldats ivres font avancer les prisonniers dans l’allée des manguiers en direction du fleuve. Aussitôt les rafales crépitent; des corps tombent. Certains pères crient « Kwa heri » (au revoir) à leurs bourreaux, en esquissant un geste de pardon. En quelques instants, le massacre est consommé.
Le grain qui meurt…
Les martyrs n’ont pas fait beaucoup de bruit. Passé le moment de forte émotion, ils n’ont guère défrayé la chronique. Et pourtant, les fruits sont là aujourd’hui. La jeune Eglise de Kongolo, avec les autres jeunes Eglises de RDC, est devenue à son tour missionnaire. Une fondation spiritaine, née en 1986, compte déjà une trentaine de missionnaires en activité et plus de 40 jeunes en formation. Le diocèse de Kongolo peut compter sur un clergé africain solide, des religieuses, quelques missionnaires et des laïcs engagés.
Jean-Marie Godefroid, un des vingt martyrs, écrivait en mars 1961: « L’Eglise ne sera congolaise pour de bon que lorsque la majorité des postes importants sera entre les mains d’évêques et de prêtres africains. »
A Gentinnes, le Mémorial Kongolo inspire de nombreux retraitants et visiteurs. Beaucoup de jeunes retiennent le geste des mains ouvertes de la statue du missionnaire, posée à l’entrée du Mémorial. Le missionnaire… Cet homme aux mains ouvertes pour donner et pour recevoir, pour bénir et pour accueillir, pour réconcilier et rassurer.
Le 26 mai, dès 10h30, rendez-vous à Gentinnes en souvenir des martyrs de Kongolo.
Adresse : rue du Couvent 140, 1450 Gentinnes, Belgique.
CP/SB
Photo: Paul Gouverneur