Irlande: L’enseignement de l’Eglise sur la sexualité mis en question


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Irlande: L’enseignement de l’Eglise sur la sexualité mis en question
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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Selon une enquête commandée par l’Association des prêtres catholiques (ACP) d’Irlande, les trois quarts des personnes interrogées considèrent comme "non pertinent" l’enseignement de l’Eglise catholique sur la sexualité, tant pour elles-mêmes que pour leur famille.

Dans le contexte difficile que connaît l'Église d'Irlande, ébranlée par les sandales d'abus sexuels mis au grand jour ces dernières années, l'Eglise a perdu en crédibilité. Quatre évêques qui ont dû démissionner suite à la mauvaise gestion de ce douloureux dossier de pédophilie. Ces éléments à eux seuls suffisent déjà à plomber le capital confiance des catholiques irlandais qui nourrissent vis-à-vis de leur Église une attitude critique, mais aussi beaucoup d'attentes. L'enquête en est l'illustration.

L’enquête, intitulée "Perspectives catholiques contemporaines", a été réalisée pour le compte de l’ACP, une organisation forte de ses 800 membres, soit près de 20% des prêtres catholiques en Irlande. La pratique religieuse et les croyances ont été profondément modifiées dans la société irlandaise contemporaine. L’association de prêtres affirme, à partir des résultats de cette enquête, avoir le soutien du public irlandais pour entamer un dialogue ouvert avec le pape Benoît XVI. Ces prêtres de tendance libérale expriment leur inquiétude concernant la déconnexion entre les enseignements de l’Eglise et ce que les catholiques à la base croient.

Des pratiquants critiques
Selon l’enquête, 75% catholiques irlandais considèrent que l’enseignement de l’Eglise sur la sexualité n’est pas pertinent; par rapport à la position de l'Eglise sur l'homosexualité, 60% ne sont pas d’accord avec sa position qui considère comme immorale "toute expression sexuelle d’amour des couples homosexuels".
L'étude menée en février durant deux semaines par l’Institut "Amarach Research" à Dublin, a interrogé un millier de catholiques tant en République d’Irlande qu’en Irlande du Nord. Dans cet échantillonnage, 35% d’entre eux vont à la messe une fois par semaine, 51% une fois par mois et seulement 5% n’y vont pas du tout.

Selon le Père Brendan Hoban, membre de l’ACP, l’association des prêtres croit dans les enseignements fondamentaux de l’Eglise catholique et n’a aucune intention de rompre avec Rome. Il a déclaré au quotidien irlandais "Irish Independent" que "nous ne sommes pas des prêtres dissidents… il n’y a pas 815 prêtres dissidents" en Irlande. Il déclare que ces prêtres réfléchissent à partir de ce qu’ils entendent dans les paroisses depuis des années. Ce qu'ils perçoivent, ce sont clairement des signes de changements au Vatican.

Pour des changements dans l’Eglise
L’enquête révèle également que près de 90% des personnes interrogées estiment que les catholiques divorcés ou séparés vivant une nouvelle relation stable devraient pouvoir recevoir la communion. Deux catholiques irlandais sur trois aimeraient pouvoir jouer un plus grand rôle dans le choix de leur évêque.
Pour le Père Sean McDonagh, membre de l’équipe de direction de l’Association des prêtres catholiques (ACP), "l’enquête confirme que ceux qui militent pour des changements dans l’Eglise ne sont pas une toute petite minorité, mais qu’ils sont en fait au cœur de l’Eglise", a-t-il indiqué à l’agence de presse catholique américaine CNS.

Pour sa part, John Murray, théologien de l’Institut théologique "Mater Dei" à Dublin, a déclaré saluer cette enquête "si elle peut conduire à une discussion sur la doctrine de l’Eglise". "Il y a eu trop peu de discussions sur ces sujets dans le passé... Nous en payons le prix maintenant: l’enseignement de l’Eglise est largement incompris par de nombreuses personnes en Irlande". Il a dit ne pas être surpris que nombre de personnes ont des difficultés avec certains enseignements de l’Eglise, estimant qu’il y a eu un "vide" pour nombre de catholiques irlandais, parce que ces enseignements n’ont pas été présentés de façon très élaborée. Mais nuance-t-il, "quand les gens voient la profondeur de l’enseignement de l’Eglise, ils comprennent et l’apprécient davantage". Pour lui, l’Eglise ne peut sacrifier la vérité sur la base d’un sondage d’opinion.

BL avec (apic/cns)


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