Rien ne va plus entre Barack Obama et les évêques catholiques américains. En cause, le plan Santé du président américain qui aurait pour conséquence d'obliger les institutions catholiques à inclure dans ses contrats d'assurance-maladie le remboursement de la contraception et de l'avortement.
Les trois-quarts des 195 évêques catholiques américains ont appelé leurs fidèles à manifester devant la Maison-Blanche le mois prochain. Depuis plusieurs semaines, en effet, ils réclament le retrait pur et simple du Contraception Mandate, ce texte controversé de l'administration Obama prévoyant que tous les établissements privés, même gérés par des groupes religieux, soient dans l'obligation, dès le 1er août 2013, de procurer une couverture santé incluant le remboursement des frais de contraception, d'avortement ou de stérilisation de leurs employés.
Devant la bronca des catholiques de tous bords, le président américain a proposé des aménagements à son texte. Selon ce compromis, destiné à apaiser les tensions à neuf mois de la présidentielle, ces établissements seront exemptés de la prise en charge des dépenses de leurs employés, contraires à leur éthique. C'est aux sociétés d'assurance-maladie qu'il reviendra désormais de couvrir ces frais. Mais la Conférence épiscopale américaine a refusé de lâcher du lest, maintenant sa position de demande de retrait pur et simple du texte.
L'Église refuse tout compromis
Preuve que la tension est à son comble: la semaine dernière, le cardinal-archevêque de Chicago, Mgr Francis George, a menacé de fermer la totalité des hôpitaux, écoles et universités catholiques du pays, si l'Église n'obtient pas satisfaction. L'administration Obama pense que les évêques bluffent et qu'ils n'iront pas jusqu'au bout de leur bras-de-fer, mais Mgr Dolan, l'actuel président de la Conférence épiscopale, n'écarte aucune possibilité. Les conséquences financières pourraient, en tout cas, être énormes. En effet, si l'Église venait à exécuter sa menace, il faudrait que l'État américain trouve 100 milliards de dollars supplémentaires pour pallier la défaillance du système catholique de soins, et 20 milliards pour remplacer l'offre éducative catholique, selon les estimations d'Ed Morissey, journaliste au "Fiscal Times".
À quelques mois des élections présidentielles, cette attaque des prélats tombe à pic pour les républicains, qui accusent l'administration Obama de s'être engagée dans une "guerre contre la religion". Rick Santorum, le chouchou de la droite catholique, prévoit quant à lui, s'il est élu, de faire carrément interdire la contraception dans tous les États.
La bataille de l'opinion publique
Le président américain doit donc rapidement trouver une issue à ce problème, s'il ne veut pas perdre le vote des catholiques, qui représentent un quart de la population. Mais les évêques doivent également être prudents, car leur intransigeance dans ce dossier risque à terme de leur faire perdre la bataille de l'opinion publique. En effet, la "Catholic Health Association" qui regroupe les hôpitaux privés catholiques du pays, ainsi que "Catholics United", organisation catholique de gauche, ont déjà apporté leur soutien au compromis proposé par le président.
P. A.
Légende : Mgr Dolan, le président de la Conférence épiscopale américaine, est un des premiers à avoir signé la pétition contre le Contraception Mandate