En moyenne, chaque semaine, un vol est commis dans une église du pays. Des tableaux comme des statues disparaissent mais aussi des calices, ciboires, patènes et autres encensoirs. Lors d’un colloque intitulé: »Un patrimoine à redéfinir: l’avenir des églises classées en Wallonie » Lucas Verhaegen en charge, au sein de la police judiciaire, des vols d’oeuvres d’art a donné quelques conseils. Deux impératifs: veiller à bien fermer l’église mais aussi à répertorier toutes les oeuvres qu’elle renferme. Et, en cas de vol, il est impératif de déposer plainte auprès des services de police.
Beaucoup de vols commis dans les églises ne sont pas signalés à la police. »C’est une erreur, explique M.Verhaegen, spécialisé dans le vol d’oeuvres d’art. Quand on ne signale pas qu’un vol a été commis, que des objets ont été dérobés, la police ne sait pas qu’elle doit entamer des recherches! » Le policier est formel, on peut retrouver le produit de larcins chez des antiquaires, sur les brocantes… Chez »des chipoteurs » pour reprendre les termes du spécialiste. Il arrive aussi que lors de perquisitions chez des receleurs, par exemple, des objets soient retrouvés. S’ils n’ont pas été signalés comme volés comment les restituer?
Un inventaire? Indispensable
Les raisons qui poussent les prêtres, les membres des fabriques d’église à ne pas signaler le vol sont multiples: manque de temps, négligence, ignorance de la véritable valeur du patrimoine … Lorsqu’une plainte est déposée, le service de police demande une description la plus précise possible du ou des objets emportés. Et c’est là que le bât blesse: beaucoup de fabriques d’église ne se livrent pas à un inventaire complet et détaillé de leur patrimoine. Si le travail est de taille, il est loin d’être inutile. Pour avoir une chance de retrouver le calice, le tableau… l’inventaire se doit d’être détaillé. Cela passe par des photos – de qualité – de l’objet, un descriptif du tableau (huile, aquarelle, crucifixion…), de la sculpture (il s’agit d’une pieta en ivoire, en bronze…), des motifs qui ornent le calice… Il faut aussi mentionner la taille, le poids. Si le bien présente une éraflure, un accroc… il est encore indispensable de le mentionner: ce sont autant de particularités qui le singularisent.
Il arrive qu’un tableau faisant partie du patrimoine soit vendu, que de nouveaux objets soient achetés… ces mouvements dans le patrimoine doivent être signalés dans l’inventaire. Un inventaire à conserver en lieu sûr ou mieux à dupliquer et à confier à plusieurs personnes.
En cas de vol, le dépôt de plainte s’accompagne d’un dépôt des indications reprises dans l’inventaire. Immédiatement, Art Research Team – le nom du service de police spécialisé – peut signaler le vol sur ses réseaux nationaux et internationaux.
Ils ont l’oeil
Le policier mettra également en garde contre certaines pratiques. Souvent, on accorde beaucoup d’attention à sécuriser la porte principale de l’église l’équipant de serrures perfectionnées et d’un système d’alarme. Négligeant au passage de réparer la petite porte de côté qui ferme mal depuis si longtemps. Celui qui repère les lieux en vue d’un cambriolage n’aura pas manqué, lui, de voir que la porte est défaillante. Un échafaudage contre une façade, une échelle contre un pignon constituent une »invitation » pour les cambrioleurs.
Une église qui n’est ouverte que pour les offices ou dont les abords ne sont pas soignés sont encore autant de tentations pour le candidat voleur à passer à l’action. Pour lui ces signes signifient que le lieu est à l’abandon et qu’il pourra opérer en toute tranquillité. Plus de renseignements sur: djb.art@telenet.be
Christine Bolinne