Benoît XVI a reçu en audience au Vatican, samedi 11 juin, veille de la Pentecôte, une délégation de 2000 Roms, venus essentiellement d’Italie, mais aussi de toute l’Europe, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du tzigane d’origine espagnole Ceferino Gimenez Malla, béatifié en 1997 par le pape Jean Paul II. Une audience inédite car le pape est le premier pontife romain à inviter officiellement au Vatican un si grand nombre de gens du voyage.
Le pape recevait l'importante délégation, à l'occasion des 75 ans du martyre et des 150 ans de la naissance du bienheureux Ceferino Gimenez Malla (1861-1936). Ce laïc catholique est mort fusillé durant la guerre civile espagnole. Ceferino Gimenez Malla est le premier Gitan dont la sainteté a été est reconnue solennellement par l'Eglise catholique.
Par ailleurs, le pape s'est réjoui que la musique et le chant des Tziganes aient "enrichi l'Europe". Guitares, accordéons, violons et différents chants tziganes ont particulièrement rythmé l'attente du pape dans la Salle Paul VI, où une grande banderole trônait avec l'inscription: "I Rom e i Sinti salutano il Papa". Les Tziganes portaient chacun un foulard jaune ou blanc, couleurs du Vatican.
Benoît XVI a souhaité à cette occasion que les Tziganes ne soient "plus jamais objet d'oppressions, de refus et de mépris". Le pape a également souligné que l'Europe ne devait oublier le "drame encore trop peu reconnu" de l'extermination des Tziganes pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). "La conscience européenne ne peut oublier tant de douleur !", a ainsi lancé le pape.
Constatant que l'histoire des Gitans est complexe et, à certaines périodes, douloureuse, le pape a souligné que, dans les siècles passés, ce peuple n'avait pas vécu d'idéologies nationalistes et n'avait pas aspiré à posséder une terre ou à dominer d'autres personnes. Cependant, le pape a souligné l'existence de problèmes graves et préoccupants, comme les rapports souvent difficiles avec les sociétés dans lesquelles les Tziganes vivent.
Le pape a alors demandé aux Tziganes de toujours rechercher la justice, la légalité, la réconciliation et de s'efforcer "à ne jamais être la cause de souffrance des autres". Ces paroles interviennent moins de 2 mois après la tension née du démantèlement d'un camp de Roms à l'Est de la capitale italienne et où une centaine de nomades s'étaient ainsi installés à côté de la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, avant d'être relogés par la ‘Caritas' italienne.
En outre, le pape a tenu à rappeler que l'Europe, qui réduit les frontières et considère que la diversité des peuples et des cultures est une richesse, offre de nouvelles possibilités à ces peuples nomades. Il a aussitôt invité les Tziganes à "écrire ensemble une nouvelle page de l'histoire pour (leur) peuple et pour l'Europe". Le pape a ensuite assuré que la recherche de logements dignes, d'un travail et d'une éducation pour les enfants étaient les bases sur lesquelles construire cette intégration dont eux-mêmes et la société tout entière bénéficieront.
Benoît XVI a également invité les Tziganes à suivre l'exemple du bienheureux Ceferino Gimenez Malla qui leur a montré la voie par son "dévouement à la prière et en particulier au chapelet, l'amour pour l'Eucharistie et pour les autres sacrements, le respect des commandements, l'honnêteté, la charité, la générosité envers son prochain, spécialement envers les plus pauvres". Suivre cette voie, a assuré le souverain pontife aux Tziganes, "vous rendra forts face au risque des sectes ou d'autres groupes qui mettent en danger votre communion avec l'Eglise".
Au cours de cette audience, 4 personnes ont témoigné devant le pape, dont Ceija Stojka, une tzigane catholique autrichienne qui a survécu aux camps de concentration d'Auschwitz-Birkenau (Pologne) et de Bergen-Belsen (Allemagne), ou encore une religieuse tzigane slovaque. Puis quelques petites filles ont exécuté une danse tzigane avec de grands foulards colorés (photo), sous les yeux attentifs du souverain pontife.
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