La très catholique Croatie, appelée aussi "la Pologne du Sud", recevra ces 4 et 5 juin la visite du pape. Pour son 19e voyage hors d'Italie, le 13e en Europe, Benoît XVI a choisi de mettre l'accent sur la famille, qui est une cellule vitale pour la société. Il est fort probable également qu'il appellera le pays à rester fidèle à ses racines chrétiennes, à l'heure où se termine le processus de négociation en vue de son entrée dans l'Union européenne.
Ces 4 et 5 juin, Benoît XVI effectue le 19e voyage hors d'Italie de son pontificat en se rendant un peu moins de 33 heures en Croatie, un pays majoritairement catholique. Selon les chiffres du Bureau des statistiques de l'Eglise, elle compterait en effet 4 millions de fidèles catholiques sur une population de près de 4,5 millions d'habitants. Ce voyage tombe particulièrement bien, puisque la République de Croatie fête, en ce mois de juin, le 20e anniversaire de son indépendance de la Yougoslavie et pourrait en même temps voir s'achever, d'ici la fin du mois, la long processus de négociation en vue de son entrée dans l'Union européenne entamée six ans plus tôt.
Plaidoyer pour l'adhésion
Le P. Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a d'ailleurs annoncé que le discours que Benoît XVI prononcera ce 4 juin, à 18h15, au Théâtre national de Zagreb, sera le plus important de son voyage. Il tentera, en effet, probablement de démontrer aux responsables religieux et politiques de ce pays l'intérêt que pourrait représenter sa future entrée au sein de l'UE. Il devra pour cela s'armer de diplomatie, car de nombreux Croates doutent du bien-fondé de cette intégration. Ils s'inquiètent notamment des conséquences que cette intégration pourrait avoir sur leur culture et leur identité nationale.
Le pape – qui mise de longue date sur la Croatie catholique pour conserver en Europe des pays à d'identité chrétienne forte – invitera donc certainement les fidèles à défendre avec conviction leur identité chrétienne. Devant le nouvel ambassadeur de Croatie près le Saint-Siège, le pape avait déjà assuré en avril dernier que son pays, en entrant dans l'UE, ne serait "pas uniquement récipiendaire d'un système économique et juridique qui a ses avantages et ses limites", mais pourrait également "apporter une contribution propre et typiquement croate". "Il ne faudra pas avoir peur de revendiquer avec détermination le respect de votre propre histoire et de votre propre identité religieuse et culturelle", avait-il notamment insisté.
Un encouragement aux familles
C'est toutefois la journée nationale des familles catholiques croates qui est officiellement au cœur de ce déplacement. Devant plusieurs centaines de milliers de fidèles, lors de la messe qu'il célèbrera sur l'hippodrome de Zagreb, le 5 juin à 10h, Benoît XVI ne manquera certainement pas d'encourager les familles et de demander aussi à l'Etat de leur venir en aide.
Durant ce voyage, le pape se recueillera également sur la tombe du cardinal Alojzije Stepinac (1898-1960), archevêque de Zagreb durant la Seconde Guerre mondiale. En dépit de son action en faveur des juifs persécutés par le régime oustachi allié aux nazis, et de sa résistance face à Tito, qui lui valut seize ans de prison et de résidence surveillée, sa personnalité reste aujourd'hui controversée en raison des liens qu'il a entretenus avec le régime nationaliste d'Ante Pavelic. Durant son voyage, il évoquera aussi deux autres figures catholiques: celle du jésuite et scientifique Roger Joseph Boskovic, dont on fête cette année le 300e anniversaire de la naissance, et celle de l'universitaire laïc Ivan Merz, béatifié par Jean-Paul II en 2003.
Les grandes étapes de ce voyage sont retransmises en direct sur KTO (en accès libre sur https://www.cathobel.be).
(CtB/Zenit/Apic/LcX/PA)