Vous aimez raconter des anecdotes à vos petits-enfants ? Vous papotez souvent à la buvette de votre club de sport ? Vous bavardez pendant des heures avec vos amis autour d’un barbecue ? Voici une histoire amusante à faire connaitre autour de vous : c’est un moine de l’abbaye de Maredsous qui a fait découvrir le foot aux jeunes de nos contrées. Il devint ensuite évêque au Brésil, où il transmit sa passion pour Jésus, mais aussi sa passion pour le ballon rond, aux jeunes Brésiliens !
Joseph van Caloen est né à Bruges le 12 mars 1853 et iI y fut baptisé par son oncle Louis, jésuite. Ayant grandi, Joseph avait décidé de se faire moine bénédictin. Il fit d’abord un voyage en Palestine avec un ami, l’abbé Dhaemers, de Gand. Il entra à Maredsous le 11 novembre 1872 et en fut le premier moine, sous le nom de Dom Gérard. L’abbaye n’existait pas encore et leur installation était précaire et provisoire. On l’envoya faire son noviciat à Beuron, en Allemagne, et il devint moine et prêtre à Maredsous, dont il devint le prieur en 1876.
Le ballon rond : de l’Angleterre au Brésil, en passant par Maredsous
Il voulait fonder à Maredsous un collège abbatial sur le modèle et dans l’esprit des collèges anglais. Il alla donc sur place en Angleterre pour étudier le fonctionnement des collèges anglais. Il rentra avec une balle de football dans sa valise, sport encore inconnu en Belgique, et dont ses élèves de Maredsous furent les premiers bénéficiaires. Ce nouveau sport a vite plu aux jeunes collégiens ! Les archives ne nous disent pas si Dom Gérard était l’arbitre des matchs, « l’homme en noir ». En 1881, il ouvrit l’école abbatiale qui existe encore aujourd’hui, et il en fut le premier recteur. Plus tard, il travailla aussi à la fondation du Mont-César à Louvain et il s’occupa aussi de la fondation de l’abbaye et du collège de Saint-Anselme, sur l’Aventin, à Rome.
En 1893, il fut chargé par Léon XIII d’aller au Brésil restaurer l’ordre bénédictin, tombé en décadence et menacé d’extinction. Ce fut une œuvre herculéenne, mais malgré les plus grandes difficultés, il y réussit. Outre les abbayes rétablies l’une après l’autre ou fondée au Brésil, il continua de transmettre les règles du football aux jeunes Brésiliens qu’il croisait. Une grande artère à Rio de Janeiro s’appelle Dom Gerardo… Faut-il rappeler que depuis le Brésil a remporté 5 fois le trophée mondial ?
Il fonda en 1902 aussi l’abbaye de Saint-André, près de Bruges. Outre cela, il établit deux procures pour recruter des candidats pour le Brésil, l’une près de Sienne en Italie, l’autre à Wessobrünn en Bavière.
Il avait été en pourparlers avec le roi Léopold II à propos d’une mission au Congo. Le roi Albert reprit l’idée et lui offrit la mission du Katanga. Il accepta, quoique ne pouvant y aller lui-même, devant rester au Brésil, il y envoya un jeune père de Hemptinne, de Maredsous aussi, et qui devint vicaire apostolique à Élisabethville. Dom Gérard, devenu archiabbé de la congrégation bénédictine du Brésil et évêque de Phocée, voulu aller évangéliser son diocèse du Rio Branco en Amazonie, dépendant de l’abbaye de Rio de Janeiro.
Après des soucis de santé, il alla s’établir définitivement au Cap d’Antibes. Il s’y rétablit suffisamment pour y fonder une église et une école, très nécessaires. Il s’occupa aussi de nombreux Russes réfugiés sur la Côte d’Azur. Il fonda pour eux à Nice une chapelle de rite oriental. Il mourut au Cap d’Antibes le 16 janvier 1932. On lui fit là de grandioses funérailles, car il y était très aimé, puis son corps fut ramené à l’abbaye de Saint-André à Bruges, qu’il avait fondée et où il put enfin se reposer. À Saint-André, l’évêque de Bruges, Mgr Lamiroy, tint à procéder à son inhumation, et Dom Lebbe, de Maredsous, prononça l’oraison funèbre.
De Là-Haut, cet ancien moine et évêque, doit sourire en voyant les jeunes jouer au foot un peu partout, et peut-être qu’il sera, à sa manière, présent lors de la prochaine CathobelCup organisée à Maredsous, les 21 & 22 octobre 2023 ?
Des valises, un ballon… et des livres
En plus de tous ses nombreux voyages, il écrivit des livres, dont notamment ceux-ci, certains écrits lors de convalescences en Espagne et en Italie, car il avait une santé souvent chancelante, ses poumons étant fragiles :
- Au-delà des monts, 1881
- Missel des fidèles, 1881
- Triumph van het Heilig Kruis, 1871
- La communion des fidèles pendant la messe, 1883
- La question religieuse chez les Grecs, 1891
- Dom Maur Walter de Beuron, 1891
- Carnet d’un moine, 1892
- Revue des Deux Mondes : l’Union des Églises
Véronique Joos
Diocèse de Namur