Olivier Vandecasteele, otage en Iran des relations diplomatiques


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Olivier Vandecasteele, otage en Iran des relations diplomatiques
Les Tournaisiens se sont réunis le 12 janvier 2023 pour demander la libération du Belge Olivier Vandecasteele
Par Anne-Françoise de Beaudrap
Publié le
4 min

Combien de temps Olivier Vandecasteele passera-t-il en prison? Mardi 10 janvier, une agence de presse
iranienne annonçait sa condamnation à 40 ans de prison et 74 coups de fouet. La mobilisation s’intensifie en Belgique pour obtenir sa libération.

Les Tournaisiens se sont réunis le 12 janvier 2023 pour demander la libération du Belge Olivier Vandecasteele

Ce 19 janvier, c’est l’anniversaire d’Olivier Vandecasteele. Il passera cette date, comme toutes les autres depuis onze mois maintenant, dans une cellule de prison en Iran. La famille et les amis de ce travailleur humanitaire ont cultivé la discrétion au début de sa détention, sur la recommandation de ceux qui cherchaient une voie diplomatique pour libérer Olivier Vandecasteele.

Mais depuis l’été dernier, tous ont réveillé un mouvement citoyen de grande ampleur, pour récolter de plus en plus de signatures. La pétition #FreeOlivierVandecasteele recueillait déjà ce 16 janvier la moitié
des signatures nécessaires pour demander une audience au Parlement européen. "La décision viendra de l’Europe", constate le beau-frère d’Olivier Vandecasteele, un peu dépité.

Accusé d’espionnage

Reprenons au commencement: Ce travailleur humanitaire de 41 ans terminait une mission de plusieurs années en Iran. En février 2022, il était retourné sur place, vider son appartement pour entamer une autre mission. C’est là qu’Olivier Vandecasteele a été arrêté par des agents des Gardiens de la révolution.
D’abord soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements dans la prison d’Evin, il a été transféré en août dernier dans un lieu inconnu. Retenu à l’isolement, sans aucune lumière naturelle, Olivier Vandecasteele souffre. Joris Brabant, son beau-frère, relève notamment: "Il n’a droit qu’à un t-shirt
alors qu’il fait -15 degrés actuellement!
"

L’annonce (non confirmée officiellement) de sa condamnation à 40 ans de prison et 74 coups de fouet, a renforcé la mobilisation citoyenne ces derniers jours. Le cabinet de Mme Lahbib, ministre MR des Affaires étrangères, répondait la semaine dernière: "Pour la Belgique, M. Vandecasteele est innocent [des accusations d’espionnage portées par le régime iranien] et doit être libéré. D’ici là, nous demandons une amélioration de ses conditions de détention."

Une seule option pour le libérer?

Interrogée directement par la RTBF en réaction à la déclaration du porte-parole de cette famille inquiète, la ministre Hadja Lahbib appelait à plus de prudence: "Ce n’est pas une affaire qui se réglera sur la place publique. Nous nous devons à la plus grande discrétion et rester extrêmement prudents." En face,
la pression citoyenne et médiatique est venue, notamment, de l’ancienne otage du Farc en Colombie, Ingrid Betancourt. "On a l’obligation morale de le ramener à la maison."

La seule piste évoquée ouvertement concerne un échange de prisonniers entre la Belgique et l’Iran. Le sort d’Olivier Vandecasteele serait lié à celui d’Assadolah Assadi, ex-diplomate iranien condamné en France pour un projet d’attentat terroriste. Un traité d’échanges entre les deux prisonniers avait été validé par le Parlement belge, mais suspendu par la Cour Constitutionnelle le 8 décembre. "La famille n’est pas pour cette loi, précise le beau-frère d’Olivier Vandecasteele, mais on ne nous propose rien d’autre!" Et pourtant la ministre Hadja Lahbib évoquait dans son entretien à la RTBF le 13 janvier: "Nous envisageons toutes les possibilités. Je dis bien TOUTES les possibilités. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant."

Une banderole rappelle aux Tournaisiens le sort du travailleur humanitaire

A Tournai, Mgr Harpigny reçoit la famille

La mobilisation autour d’Olivier Vandecasteele est particulièrement importante dans le diocèse de Tournai où habite la famille du travailleur humanitaire. Mgr Harpigny a d’ailleurs rencontré à l’évêché la maman et
la soeur: "La famille d’Olivier m’avait envoyé quelques mails. Je l’ai reçue pendant une heure. Je n’ai fait qu’écouter la souffrance. On ne peut pas imaginer ce qu’elle vit."

Sans dévoiler toute la conversation, Mgr Harpigny a constaté une foi forte de la maman: "Elle a rédigé une prière qu’elle dit tous les soirs pour son fils." Six petites lignes où la maman demande notamment: "Ô Seigneur, bénis Olivier et garde-le près de toi. […] Libère-le de là où il est." Par sa famille, Mgr Harpigny
a aussi appris que le travailleur humanitaire détenu en Iran avait demandé à "avoir une bible dans sa cellule. L’a-t-il encore?", se demande toutefois Mgr Harpigny.

De multiples manières, la communauté chrétienne autour de Tournai se mobilise pour l’enfant du pays. Le personnel de l’évêché, par exemple, a été autorisé à se rendre – pendant les heures de travail – à
une mobilisation citoyenne sur la Grandplace de Tournai devant une banderole #FreeOlivierVandecasteele. Quelques semaines plus tôt, pendant la célébration de Noël à la prison, les détenus ont consacré leurs intentions de prière à Olivier.

L’évêque de Tournai propose aussi d’envoyer des mots de soutien à la famille, de signer la pétition ouverte. Et surtout, "si nous connaissons quelqu’un qui a autorité, nous pouvons insister auprès de lui pour trouver une solution."

✐ AFdB

(Photos: Marie Lebailly)

Catégorie : International

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