C’est ce lundi 16 janvier que s’ouvre le Forum Economique Mondial dans la ville de Davos (Suisse). Deux grand absents: les président américain et brésilien. Des militants écologistes ont déjà fait entendre leurs voix dans la rue dimanche.

Pour cette édition 2023, dans un contexte particulier de crise (guerre en Ukraine, accélération des effets du réchauffement climatique et rebond de la pandémie de Covid-19), une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que 600 chefs d’entreprise se retrouveront pendant une semaine dans les Alpes suisses. Deux grands absents sont à déplorer: le président américain Joe Biden et le fraichement élu président brésilien Lula.
D’un rassemblement de managers au Forum mondial
Quelques jours avant l’ouverture du Forum, son président depuis 2017, Borge Brende, ancien ministre des affaires étrangères de Norvège, s’exprimait ainsi : « Il ne fait aucun doute que, notre 53e réunion annuelle à Davos se déroulera dans le contexte géopolitique et géoéconomique le plus complexe depuis des décennies. Tant de choses sont en jeu ».
Créé en 1971, le Forum économique mondial réunit chaque année chefs d’entreprises, hommes d’affaires, responsables politiques, intellectuels afin d’évoquer les enjeux de la mondialisation. L’initiative revient à un professeur allemand d’économie à l’Université de Genève, Klaus M. Schwab, aujourd’hui âgé de 84 ans. Il décide, à l’époque, d’organiser le premier European Management Symposium, dans le nouveau Centre de congrès de la station de ski.
D’année en année, ce rassemblement de managers d’entreprises prend une vraie dimension planétaire et s’intéresse plus généralement aux crises mondiales, avec de nombreuses personnalités politiques invitées aux côtés des économistes. C’est pourquoi le symposium devient en 1987 le World Economic Forum (Forum économique mondial/FEM).
Par le passé, le Forum a contribué à résoudre certains conflits
Selon l’un des statuts de sa charte, la mission du FEM est d’«améliorer l’état du monde» grâce aux «collaborations entre public et privé». Considéré comme une plateforme neutre, le FEM a contribué à la résolution ou au désamorçage de différends et conflits internationaux :
1988 : face à une guerre qui semblait imminente, la Grèce et la Turquie signent la « Déclaration de Davos »
1992 : le président sud-africain Frederik de Klerk, Nelson Mandela et le chef zoulou Mangosuthu Buthelezi se rencontrent pour la première fois à l’étranger
1994 : le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Peres et le chef de l’OLP Yasser Arafat concluent un projet d’accord sur Gaza et Jéricho
Malheureusement, Davos sera aussi le terrain de règlement de compte, notamment en 2009, quand le Premier ministre turc de l’époque, Recep Tayyip Erdoğan, prend à parti Shimon Peres et quitte le forum en jurant de ne plus y remettre les pieds.

Greta et ses amies mettent la pression sur Davos 2023
Dans les dernières éditions du Forum, on retiendra surtout les interventions de la jeune militante écologiste suédoise, Greta Thunberg, invitée en 2019 et 2020. A peine âgée de 16 ans, elle avait alors prononcé un discours fort sur la situation du monde, le climat et les rêves brisés de sa génération. « Notre maison est en feu! » En 2020,lors de sa deuxième visite, elle dressait le constat que les attentes des jeunes n’avaient malheureusement pas été entendues. Sans grande surprise, admettait-elle amèrement.
Cette année, Greta et trois autres jeunes filles lancent une pétition mondiale contre l’hypocrisie des dirigeants des énergies fossiles qui « font surchauffer la planète ». Vanessa (Ouganda), Greta (Suède), Helena (Équateur) et Luisa (Allemagne) intiment aux dirigeants de multinationales « d’arrêter immédiatement l’ouverture de nouveaux sites d’extraction de pétrole, de gaz ou de charbon et de cesser de bloquer la transition vers les énergies propres dont nous avons toutes et tous besoin. » Sinon, « les citoyens du monde entier envisageront de lancer des procédures en justice pour que vous répondiez de vos actes« .
La pétition lancée dimanche 15 janvier atteindra bientôt le million de signatures et les quatre jeunes filles vont pouvoir présenter leur texte à Davos.
S.D.