« Bien souvent des chrétiens me questionnent: Mais à quoi sert une aumônerie en hôpital? C’est presqu’une évidence maintenant! » me disait Marie, aumônière au CHR.

© Vicariat de la Santé
L’Eglise à l’hôpital
La première vague et le premier confinement ont d’abord été un moment de paralysie de la société. La peur, mauvaise conseillère, a bien souvent pris le dessus. Tout arrêter comme si on pouvait suspendre le temps afin de se ressaisir. Mais il n’en est rien et la seconde vague est devenue inévitable. Et avec elle, un reconfinement qui dure encore…
En aumôneries d’hôpitaux, nous avons dû faire preuve de créativité et nous adapter à cette situation. D’abord, nous avons senti le besoin de faire équipe, de nous soutenir entre aumôniers car la fatigue et les tensions se font sentir chez nous aussi. Ensuite, nous nous sentons plus proches du personnel soignant, unis dans un même lieu pour une même cause. Enfin, notre ministère auprès des patients prend une nécessité accrue face à l’isolement et les quarantaines imposés par les mesures sanitaires. Et nous ne voudrions pas oublier les familles et les proches privés du soutien de leur proche, privés de funérailles pour celui qu’on aime. Être proche en gardant des distances, voilà l’impossible que nous avons su réaliser. « Avec la crise, nous sommes invités à prendre soin différemment », disait Bérengère, aumônière au CHU de Liège.
Se sentir interpellé
C’est jusqu’au cœur de notre mission, de notre raison d’être que les aumôneries se sentent interpellées. Dans le feu de l’action (il s’agit d’un véritable incendie), de nombreux signes montrent le bien fondé de notre présence et de notre engagement. De nombreux mercis nous confortent en ce sens: merci d’être là, merci de ne pas nous avoir abandonné, merci de prier pour nous, merci…
En union avec toute l’Eglise, la mission des aumôniers d’hôpitaux concrétise cette parole du Christ: « J’étais malade et vous avez pris soin de moi ». Et le soin, c’est beaucoup plus qu’une prescription médicale… C’est entendre le patient jusque dans ses questions les plus difficiles et s’engager avec lui dans ce questionnement.
Xavier LAMBRECHT
Si vous souhaitez soutenir financièrement les aumôneries d’hôpitaux, faites un don à la fondation FACEMISS – BE87.0018.0688.6694. Plus d’infos sur https://vicariatsante-liege.be.
La communion aux malades même sans célébration?
Privation ou partage?
Une controverse qui en dit long sur le manque de réflexion face à la crise présente. Et Dieu dans tout ça? C’est la vraie question à se poser…
Dans l’hôpital où elle exerce avec passion sa mission d’aumônière, Adèle (prénom d’emprunt) n’en revient toujours pas de la réaction de son doyen. Elle souhaitait simplement recevoir quelques hosties consacrées pour porter aux malades. Pour réponse, elle reçoit un refus.
Le doyen s’inquiétait des règles d’hygiène. Adèle décèle là un manque de connaissance de la pastorale hospitalière. Avec les soignants, elle a vécu les deux vagues; elle a appris les gestes barrières et les mesures sanitaires; elle a dû parfois s’habiller « en scaphandre » pour entrer au service Covid… Les règles d’hygiène, elle pourrait les enseigner à son doyen!
Communion spirituelle?
Le doyen s’étonnait qu’Adèle puisse aller dans les chambres des malades, il proposait une « communion spirituelle ». Adèle dénonce ici un manque d’humanité et de respect des démarches spirituelles d’autrui. Dans les hôpitaux, les visites sont interdites. La venue d’une aumônière est donc un cadeau exceptionnel. La démarche de communion se fait avec tout le respect qui s’impose, exprimant à la fois le lien à Dieu et le lien à la communauté d’Eglise, même les soignants l’ont aussi compris.
Mais par-dessus tout, ce qui attriste Adèle, c’est le peu de confiance de la part des paroisses. Pourquoi ne pas se réjouir que dans ce domaine, les malades soient favorisés par rapport aux bien-portants? Cette joie serait révélatrice d’un Dieu proche des malades et des pauvres.
X.L.