Volées voici plus d'un siècle, les douze statuettes seront restaurées à l'Institut Royal du Patrimoine Artistique. Le retable lui-même vient de quitter l'église Saint-Géry pour une cure de jouvence à l'IRPA.
A Boussu (près de Mons), ce lundi 18 janvier 2021 était une date importante dans l'histoire déjà longue du retable de la Vierge. Cette belle œuvre d'art en chêne du 16e siècle, conservée jusqu'à présent dans l'église Saint-Géry, a en effet été démontée par l'IRPA. Le retable a gagné les ateliers de l'Institut où il sera restauré. Il y a rejoint ses douze apôtres, douze statuettes dont il était séparé depuis 106 ans...
Le vol des statuettes, chacune d'une douzaine de centimètres de haut, est perpétré en décembre 1914. Dès l'année suivante, les voleurs sont arrêtés, jugés et condamnés par le tribunal de Mons mais le butin s'est déjà évaporé. On en retrouve plus tard la trace en Suède puis aux Pays-Bas, mais diverses péripéties ne permettent pas de les récupérer.
C'est un événement improbable qui va faire bouger les lignes : en 2019, le musée de Rotterdam prête les statuettes à un musée de Louvain pour une exposition. Entrées sur le sol belge, les œuvres d'art sont saisies et confiées à l'IRPA pour y être restaurées. Et c'est donc en ce début d'année 2021 que le retable est à son tour parti vers l'IRPA pour une cure de jouvence qui devrait durer une bonne année.
A leur retour à Boussu, le retable et ses statuettes ne reviendront pas à l'église mais tout près de là, à la chapelle funéraire des seigneurs, où l'ensemble sera placé sous bonne garde derrière une vitre blindée.
(D'après un article publié le 18 janvier 2021 par Sud-Presse, édition de Mons)
Donner de la visibilité à une œuvre volée...
Le service « Art, Culture et Foi » du diocèse de Tournai (ACF) et le Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux (CIPAR) commentent l'événement : « On ne peut que se réjouir que les œuvres volées, après plus de 100 ans, puissent retrouver leur lieu d'origine ! Il est évident que tout vol ou disparition d'œuvres d'art, même constaté après des dizaines d'années, doit être signalé à la police. La preuve en est avec ce dossier, pour lequel plusieurs plaintes ont été déposées. Donner de la visibilité à une pièce volée permet également de rendre sa vente plus difficile, celle-ci étant répertoriée dans la base de données des œuvres recherchées.
Avec une plainte ouverte auprès des services compétents de la police, les œuvres peuvent aussi être saisies lorsqu'elles sont repérées dans les salles de vente ou chez un antiquaire. Une démarche qui ne prend donc pas beaucoup de temps mais permettra d'intervenir efficacement pour récupérer l'œuvre. Le service Art, Culture et Foi de votre diocèse est à votre disposition pour vous aider dans vos démarches.
Quelques mesures peuvent aider en amont, comme avoir un inventaire du patrimoine présent dans l'église, à jour et accompagné de bonnes photos. Dans la mesure du possible, il faut aussi éviter de laisser des œuvres potentiellement volables à portée de main des voleurs. Des systèmes de sécurité ou d'entrave peuvent aussi être placés, de manière très discrète pour ralentir le vol et protéger les statues par exemple.
Le CIPAR prépare la publication d'une brochure Sécurité pour cette année 2021 à destination des fabriques d'église et gestionnaires du patrimoine religieux, où tous ces divers aspects de la sécurité du patrimoine seront envisagés. En attendant, le site internet du CIPAR offre déjà de nombreuses publications et références sur la gestion du patrimoine et plus particulièrement sur la sécurité : https://cipar.be/proteger-son-eglise/ »