Dans les dossiers du nouveau gouvernement De Croo, figure la reconnaissance du bouddhisme comme "assistance morale dans une perspective philosophique non confessionnelle". Un véritable signe d'espoir pour l'Union Bouddhique Belge (UBB).
Fruit d'un processus entamé le 20 mars 2006, lorsque l’UBB a introduit la demande de reconnaissance, l'intention du gouvernement De Croo, clairement indiquée dans sa déclaration de politique, serait de reconnaitre "l’Union Bouddhique Belge, en concertation avec les entités fédérées, comme une organisation qui fournit une assistance morale dans une perspective philosophique non confessionnelle". En effet, bien que le bouddhisme soit souvent défini comme une des cinq grandes religions du monde, il ne peut pas être considéré comme culte, puisque le bouddhisme ne connaît pas de Dieu ou d’Etre Suprême. Il viendrait ainsi allonger la liste des sept courants philosophiques et religieux actuellement reconnus et subventionnés en Belgique. Cette future reconnaissance ouvre aussi la question de cours de bouddhisme dans l'enseignement belge.
Pourquoi reconnaître le bouddhisme aujourd'hui?
Cette reconnaissance pourrait donc aujourd'hui se justifier par le fait que tous les critères de reconnaissance sont désormais remplis.
- L’Union Bouddhique Belge ASBL est la seule organisation représentative de la communauté bouddhique et elle rassemble la très grande majorité des associations bouddhiques actives en Belgique (29 membres).
- L'UBB peut également s'appuyer sur une présence ancienne sur le territoire belge qui remonte à la fin des années 1960, époque de la création des premiers centres de pratique.
- L'UBB met également en avant l'utilité sociale qui découle clairement de sa contribution "à l’émergence d’une société harmonieuse et pacifique, où les principes bouddhiques de tolérance, de générosité, d’éthique, de patience, de diligence, de concentration méditative, de compassion et de sagesse contribuent à soulager la souffrance de tous les êtres sensibles".
- Enfin, le nombre de 150.000 d’adhérents pèse également en faveur de la reconnaissance. En 2008, selon une étude, le bouddhisme est en Belgique une source d’inspiration pour 5% de la population et le nombre de « pratiquants » y est évalué à 0,7%. Sachant toutefois que cette enquête ne tenait pas compte de la présence de ressortissants de pays en partie ou majoritairement bouddhistes tels que Vietnam, Thaïlande, Sri Lanka, Cambodge, Myanmar, Népal, Inde, Mongolie, Japon, Chine, Corée, Bhoutan, Laos, réfugiés tibétains, ...

Pour Carlo Luyckx, président de l'UBB, "le bouddhisme est un fait social en Belgique depuis plus d'un demi-siècle" (DR)
Quels changements si le bouddhisme est reconnu?
"Ce qui est surtout important, nous confie Carlo Luyckx, président de l'Union Bouddhique Belge, c'est que le bouddhisme soit mis sur le même pied que les autres cultes et confessions." Et d'ajouter: "le bouddhisme est un fait social en Belgique depuis plus d'un demi-siècle." Cette reconnaissance future permettrait notamment d'envisager l'ouverture de cours de bouddhisme dans les écoles, mais pour cela, il faudra tout d'abord assurer la formation des futurs professeurs. Dans un premier temps, ce qui pourra surtout changer, c'est la présence de conseillers bouddhistes, des "assistants moraux", dans les hôpitaux ou les prisons, où le temps pourrait être mis à profit pour apprendre notamment des techniques de méditation et aider les personnes incarcérées.
Il est important aussi pour les temples et lieux de méditation de pouvoir bénéficier de cette reconnaissance qui faciliterait notamment les démarches administratives lorsqu'ils veulent faire venir des personnes étrangères. Aujourd'hui, les centres bouddhistes ne peuvent compter que sur la générosité de leurs membres et l'engagement des bénévoles. Une reconnaissance officielle leur apporterait un soutien appréciable pour permettre à certains de se consacrer à temps plein au développement de leur temple ou centre de méditation.
Que va-t-il se passer dans les prochains mois?
Dans les faits, une première forme de reconnaissance de facto existe depuis 2008, avec l'accord d'un subside pour financer le secrétariat général de l'UBB. A l'heure actuelle, "un texte de projet de loi avait déjà été travaille avec l'UBB mais n'a pu être soumis suite à la chute du précédent gouvernement effectif en décembre 2018", explique Carlo Luyckx qui a déjà pris contact avec le ministre compétent Van Quinckenborn pour fixer une rencontre. Pendant les négociations entre les partis de la coalition Vivaldi, l'UBB avait notamment pris soin d'interpeller chaque président pour leur demander de ne pas oublier les bouddhistes. En effet, la reconnaissance du bouddhisme ne figurait pas dans la déclaration de politique du précédent gouvernement. C'est donc déjà un grand pas pour l'UBB.
S.D.