
Les séances d’information permettent de mieux comprendre les enjeux de la création d’un autre modèle de banque
Des associations de citoyens choisissent de plus en plus le modèle coopératif pour gérer des projets de société. En particulier dans le domaine des énergies renouvelables. Le 27 novembre, une banque coopérative – NewB – pourrait enfin décoller (voir Dimanche n°41 – « Un modèle bancaire alternatif »). Des citoyens et citoyennes s’activent en tout cas pour y arriver. Pourquoi ?
Les coopérateurs de NewB œuvrent à la construction d’une banque d’un genre nouveau: durable dans ses investissements et sa gestion, transparente et qui mette la finance au service de projets sociétaux et locaux. Les banques actuelles ne font-elles pas d’efforts pour être plus éthiques et durables ?
« Bien sûr que si, répond Koen De Vidts, membre du conseil d’administration de NewB, mais la transition est beaucoup trop lente et risque de durer plus de trente ans. » Or, nombreux sont les citoyens qui veulent changer maintenant.
Après une longue carrière dans le monde bancaire, Koen De Vidts est devenu indépendant et a mis en place des ateliers sur l’éthique dans les affaires (Business ethics workshops). C’est à ce moment qu’il a été approché par les fondateurs de NewB pour apporter toute son expertise bancaire et informatique. Ainsi, les équipes qui s’affairent depuis huit ans pourront créer une banque qui réponde aux besoins et au choix de ses clients-coopérateurs.
Se prendre en main
En effet, dans le modèle coopératif, ce sont les membres qui décident, tous ensemble, en assemblée générale. Ils restent ainsi maîtres de leurs choix et prennent leurs responsabilités. Or, en matière de finances, de plus en plus de personnes veulent décider elles-mêmes et donner du sens à leurs valeurs. Le projet NewB est né de la volonté que les rendements financiers ne puissent se faire au détriment du respect de la personne humaine et de l’environnement.
Transparence, démocratie et éthique
Aussi, que ce soit dans la gestion quotidienne ou le choix des investissements, NewB veut appliquer des critères de transparence et d’éthique pour guider les décisions. Le système coopératif permet justement à tous les membres d’avoir accès à toutes les informations pour pouvoir décider en connaissance de cause. Et chez NewB, les propriétaires (autrement dit les coopérateurs) seront aussi les clients. Il n’y a pas de distinction entre les deux ; ils sont donc motivés à agir à la fois pour leur bien et le bien commun.
Solidarité et cohésion sociale
Pour être accessible au plus grand nombre, le montant d’une part de coopérateur a été fixé à 20€ . Or, chaque coopérateur a une voix et peut donc participer aux décisions. Mais comment NewB favorise-t-elle l’inclusion sociale (une des 13 valeurs mises en avant) ?
L’objectif de la coopérative est de pouvoir proposer un service financier accessible à un public large. Koen De Vidts complète: « Pas mal d’organisations membres de NewB sont actives auprès d’un public fragilisé. C’est donc actuellement plutôt par leur biais que NewB peut toucher ce public. Mais il faudra surtout leur proposer des produits accessibles (NDLR: l’équipe y travaille, bien sûr). La dynamique qu’on recherche c’est d’encourager des organisations à nous rejoindre. Celles-ci ont des membres. Si on a plus de clients, on pourra octroyer davantage de crédits à ces organisations. Et nous espérons aussi créer des synergies entre les membres d’une association et des organisations à but social. Ainsi, par exemple, la coopérative citoyenne de production d’énergie renouvelable Ecopower compte 50.000 membres qui pourraient devenir volontaires pour le CNCD-11.11.11, le WWF, la Ligue des Familles… »

NewB prône 13 valeurs qui font partie de l’ADN de la coopérative et qui guident les choix et décisions des membres
Un projet unique
Pour en savoir plus, des soirées d’informations sont organisées un peu partout en Belgique, des bénévoles de NewB tiennent des stands d’information dans des marchés. Ils sont également prêts à venir expliquer les objectifs, défis et espoirs de ce projet aux associations, dans les réunions d’amis, etc. Le temps presse car NewB doit répondre à la dernière exigence des autorités (FSMA, la Banque nationale de Belgique et la Banque Centrale Européenne) qui donnent l’agrément pour ouvrir un service bancaire. A savoir: le capital nécessaire a été évalué à 30 millions d’euros. Maintenant que l’échéance est connue – la date butoir a été fixée au 27 novembre -, la campagne bat son plein et des citoyens s’activent donc pour informer du projet.
« Si les valeurs sont communes, on les soutient ! »
A Berchem-Sainte-Agathe par exemple, le groupe d’actions locales BLED (Berchem Local Et Durable) tenait à organiser une séance d’information parce qu’il partage avec NewB les mêmes valeurs. Frédéric Vignaux, un des membres organisateurs de cette soirée, explique: « NewB et le BLED veulent s’inscrire dans un processus qui n’est pas commercial, qui est dans une consommation raisonnée et une certaine forme d’indépendance. Le BLED propose un groupe zéro déchet et un repair café. Le « manifesto » de la repair alliance dit: si vous ne pouvez pas réparer un objet, vous n’en êtes pas propriétaire. Pour nous, NewB s’inscrit parfaitement dans cette optique: je veux pouvoir choisir une banque qui ne fasse pas du bénéfice à outrance sur le dos des gens et de la société. »
NewB s’est en effet donné comme mission: que l’argent déposé chez elle finance l’économie locale réelle et fasse la différence pour des projets avec une véritable plus-value pour la société. En tant que coopérative, il s’agit bien d’une banque qui oeuvre par et pour ses membres. Ainsi, tous ces citoyens engagés veulent un autre modèle de société et sont convaincus qu’ils peuvent le promouvoir par le biais de la finance.
Nancy Goethals