2/3 des sénateurs brésiliens ont voté ce 12 mai pour la suspension de la présidente Dilma Rousseff. Le vice-président Michel Temer a pris la relève en attendant le jugement final du Sénat.

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Par 55 votes sur 81, les sénateurs ont décidé de soumettre la présidente du Brésil à un procès en destitution pour maquillages des comptes publics. Dilma Rousseff a été suspendue ce 12 mai de ses fonctions pour une durée prévue de 180 jours, afin de préparer sa défense. Encore la veille de ce vote sénatorial, elle croyait à ses chances de terminer le mandat présidentiel rappelant que 54 millions d’électeurs l’avaient élue jusqu’au 31 décembre 2018.
L’Assemblée nationale du 19 avril, suivie du Sénat brésilien aujourd’hui, en ont décidé autrement. Plusieurs alliés d’hier se sont retournés contre l’élue du PT (Parti des Travailleurs) provoquant ce qu’elle appelle un « coup d’Etat ». Dilma Rousseff n’est pas accusée d’enrichissement personnel, mais de « bricolage budgétaire ». Cette façon de masquer la réalité comptable, et notamment l’augmentation des dépenses sans avoir l’accord du Congrès, a déjà été utilisée par ses prédécesseurs ainsi que ceux qui, aujourd’hui, le reprochent à la présidente brésilienne. Divers juristes pensent toutefois que ce motif ne saurait constituer une faute passible de perte de mandat.
Au-delà des faits qui sont reprochés à Dilma Rousseff, la procédure marque avant tout la fin de l’ère Luna. L’ancien président du Brésil (à droite sur la photo) l’avait soutenue dans sa campagne pour devenir la première femme présidente. Il était encore présent aux côtés de celle qu’il appelle la « mère du peuple », ce jeudi 12 mai à la sortie du palais présidentiel. La comparaison entre les deux présidents successifs a certainement desservi Dilma Rousseff: alors que Luiz Inacio Lula da Silva a réussi à sortir le Brésil de la misère entre 2003 et 2010, l’actuelle présidente qui promettait « des champs de roses » a déçu les électeurs de gauche.
A.-F. de Beaudrap (avec Le Monde)