L’Europe se transforme-t-elle, petit à petit, en forteresse. Pour maîtriser l’afflux de migrants, la Macédoine a commencé à ériger une nouvelle clôture barbelée à sa frontière avec la Grèce.
Selon des sources militaires macédoniennes, la nouvelle clôture sera construite en parallèle avec celle qui existe déjà. Son but: rendre plus difficiles les passages des migrants qui entrent dans ce pays des Balkans, en provenance de la Grèce. « L’idée est d’envoyer un message aux migrants, pour dire qu’il y a une double clôture et les inviter à renoncer à la franchir illégalement », a déclaré à l’AFP, un responsable militaire ayant requis l’anonymat.
La Macédoine a commencé en novembre à filtrer les migrants, en autorisant uniquement l’entrée sur son territoire des réfugiés venant des pays en guerre comme la Syrie, l’Afghanistan et l’Irak, afin de poursuivre ensuite leur périple vers l’Europe occidentale.
Fin janvier, les autorités macédoniennes ont davantage limité le passage, laissant entrer uniquement les réfugiés qui affirment vouloir demander l’asile en Allemagne et en Autriche. Toutefois, des réfugiés issus de plusieurs autres pays, considérés comme des migrants économiques, tentent de passer illégalement la frontière entre la Grèce et la Macédoine.
La nouvelle clôture sera érigée près de celle placée en novembre des deux côtés du passage frontalier de Gevgelija par lequel passent régulièrement les réfugiés, selon le responsable militaire, qui a refusé de préciser sa longueur.
Les médias locaux affirment pour leur part qu’elle sera longue de plus de 30 kilomètres.
Plus de 68.000 réfugiés sont entrés en Macédoine depuis le début de l’année, tandis que la police locale a empêché en janvier quelque 4.000 personnes de franchir illégalement la frontière, selon les chiffres officiels.
La Commission européenne s’est engagée en janvier à renforcer la sécurité à la frontière greco-macédonienne où plus de 60 policiers de plusieurs autres pays sont actuellement déployés pour aider à contrôler l’afflux de migrants.
Le ministre macédonien des Affaires Etrangères, Nikola Poposki, a récemment affirmé que le gouvernement de son pays n’entendait pas fermer entièrement la frontière et qu’il était prêt à coordonner les actions avec l’Union européenne et faire « tout ce qui est nécessaire » pour aider à régler la crise.
Une tragédie humaine
L’afflux des migrants souhaitant rejoindre les pays de l’Europe occidentale et nordique s’est poursuivi durant l’hiver malgré des températures basses et la périlleuse traversée de la mer entre la Turquie et les îles grecques.
Au moins 24 migrants, dont 11 enfants, ont trouvé la mort lundi en mer Egée, au large des côtes occidentales de la Turquie, dans un naufrage survenu alors qu’ils tentaient de rallier les îles grecques, a rapporté l’agence de presse turque Dogan.
Au début d’une tournée dans les Balkans, le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, a évoqué à Sarajevo un « plan d’action » avec les pays de cette région pour faire cesser le flux « incontrôlé » de migrants vers l’Europe occidentale.
L’afflux de réfugiés est une véritable tragédie. Ce drame humanitaire engendre, hélas, des réactions sécuritaires et protectrices qui risquent de voir l’Europe devenir une forteresse assiégée. Nombreux sont les pays qui refoulent les migrants, qui dressent des barrières pour empêcher leur entrée sur le territoire ou qui procèdent à des expulsions. Ainsi, fin janvier, la Suède a annoncé vouloir expulser jusqu’à 80.000 migrants arrivés sur son sol en 2015 et dont la demande d’asile a été ou sera rejetée. La Suède est le pays européen où le nombre de demandes d’asile déposées est le plus important, proportionnellement à la population. Mais le pays est connu pour sa tradition d’accueil, mais le ton politique s’est durci: le chef du Parti conservateur propose par exemple de réduire les avantages sociaux pour les étrangers ayant obtenu un permis de résidence temporaire, soit la plupart des personnes arrivées depuis la crise de l’été dernier.
L’Eglise est en première ligne pour rappeler le devoir humanitaire devant le drame vécu par ces personnes. A maintes reprises, le pape François a dénoncé l’attitude de nombreux gouvernements et remercié les personnes qui se portent au secours des réfugiés. Récemment, en Australie, les Eglises de différentes confessions ont dénoncé les excès de la politique migratoire de Canberra. Les bateaux de migrants au large de l’Australie sont refoulés en haute mer et les demandeurs d’asile qui parviennent malgré tout à gagner les rives australiennes sont placés dans des camps sur des îles de l’océan Indien. Le principe de la politique migratoire australienne veut qu’un migrant sans visa est en situation de détention. Un des centres de détention se trouve sur l’île de Nauru, petit Etat ruiné qui se fait payer pour accueillir les migrants. Epinglé par la commission des droits de l’homme de l’ONU pour détention arbitraire en contradiction avec les usages internationaux, Canberra soutient que sa politique dissuade les passeurs.
La situation ne fait qu’empirer puisqu’on s’attend à ce que plus de 600.000 personnes fuient les zones de combats, notamment en Syrie, d’ici l’été.
A quand la convocation d’une réunion internationale, sous l’égide de l’ONU, pour tenter de trouver des solutions dignes? Car le problème n’est plus ni national, ni européen, mais bien planétaire!
J.J.D. (avec Radio Vatican et agences)