La France est sous le choc. Les terroristes liés à l’EI, qui avaient enlevé en Algérie Hervé Gourdel, guide de haute montage, ont mis leur menace à exécution. Il a été décapité mercredi. Un acte lâche qui suscite de nombreuses réactions dans l’Hexagone et dans le monde, y compris chez les musulmans.
Le mouvement djihadiste de l’Etat islamique a la mainmise sur une grande majorité de la Syrie et près des deux tiers nord de l’Irak. Mais il ne compte pas s’arrêter là. L’assassinat de l’otage français Hervé Gourdel le montre: c’est en Algérie que son exécution s’est déroulée et l’on sait qu’il est également aux portes de la Tunisie. Lui ou des adeptes de ces « nostalgiques » du califat islamique.
Si l’on craignait pour la vie d’Hervé Gourdel, l’espoir subsistait néanmoins de pouvoir négocier avec les terroristes. C’était sans doute sans compter sur le fait que pour ces terroristes de l’EI, la vie n’a guère d’importance. Cette exécution lâche entraîne néanmoins une réaction chez les musulmans qui dénoncent les exactions commises au nom de l’Islam, alors qu’au début du conflit en Irak, peu de voix du monde musulman l’avait fait!
Réactions multiples
C’est en France, bien sûr, que les réactions sont les plus fortes. Un collectif de politiques, avocats, écrivains ou journalistes français et musulmans dénonce cet assassinat et appelle tous les musulmans à « s’exprimer ». Le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, a appelé « les musulmans et leurs amis » à se rassembler vendredi devant la grande mosquée de Paris, en hommage à l’otage français exécuté, Hervé Gourdel. Un moment de « recueillement et de solidarité » inédit, lors duquel sera dénoncée « l’horreur barbare et mortifère des terroristes ».
Les responsables de la première communauté musulmane d’Europe ont multiplié les prises de position ces dernières semaines contre le groupe Etat islamique, mais des voix s’étaient élevées pour regretter qu’un grand rassemblement ne soit organisé. A l’appel du Conseil des démocrates musulmans et de l’Union de la communauté algérienne de Paris, un rassemblement aura aussi lieu dimanche à Paris en hommage à Hervé Gourdel. De son côté, le recteur de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, a condamné la « barbarie » de l’exécution de l’otage français et exprimé son soutien au gouvernement français dans sa « guerre » contre le « monstre EI ». « Les musulmans de France doivent être en solidarité avec les autres communautés et, plus que jamais, nous devons nous unir devant ce qui nous guette tous: l’intégrisme, la crispation, la barbarie, l’identitarisme fanatique », a déclaré l’imam .
Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et président du mouvement Pax Christi a diffusé une déclaration dans laquelle il exprime ses « sentiments fraternels à l’épouse, aux enfants et aux parents, d’Hervé Gourdel ainsi qu’à toutes les autres victimes innocentes de cette violence. Devant le meurtre cruel d’un innocent, nous ne pouvons que laisser éclater notre colère », stipule le texte, ajoutant que Pax Christi voudrait en appeler aussi « à tous les hommes de bonne volonté pour qu’ils ne cèdent pas à la tentation de l’amalgame, faisant payer à d’autres par l’exclusion et la condamnation le forfait de quelques-uns ». Enfin, Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran en Algérie, a indiqué: « Nous sommes face à des barbares, et cette nouvelle provoque une grande tristesse. Il s’agit d’une sorte de barbarie dans laquelle ne peuvent pas se reconnaître les musulmans. Mais il ne faut pas s’imaginer pour autant que l’Algérie soit un pays en guerre ».
La France a mené de nouvelles frappes aériennes jeudi en Irak au lendemain de l’annonce de la décapitation. Un conseil de défense, réunissant plusieurs ministres autour du président Hollande, a examiné la possibilité d’étendre les frappes au nord de la Syrie.
Dans tout l’Hexagone, les drapeaux seront mis en berne pendant trois jours en mémoire de ce guide de haute montagne, que sa passion pour l’escalade et le Maghreb ont conduit dans le parc national du Djurdjura en Kabylie (est de l’Algérie), devenu le repaire de groupes islamistes.
Avec La Croix