Le Parti social-démocrate tchèque (CSSD) a commencé sa campagne contre la loi de restitutions des biens aux Eglises, rapporte le 10 juillet 2012 Radio Prague. Catholiques, juifs et protestants du pays s’insurgent contre l’action des milieux de gauche.
L’affiche du CSSD montre un sac rempli de billets tendu vers la main d’un clerc. La légende explique que les partis de la coalition gouvernementale de droite ODS (Parti démocrate civique) et TOP 09 (Tradition, Responsabilité,Prospérité), veulent faire cadeau de 134 milliards de couronnes (plus de 5,3 milliards d’euros) aux Eglises.
La chambre des députés a voté le 14 juillet 2012 la loi réglementant la restitution des biens des communautés religieuses confisqués par le pouvoir tchécoslovaque à l’époque communiste entre 1948 et 1989, soit quelque 2’500 bâtiments et 200’000 hectares de terrains. La loi a été approuvée à une courte majorité de 93 voix contre 89. Elle concerne les Eglises catholique, protestante et orthodoxe, ainsi que la communauté juive. Le texte prévoit la restitution en nature de 56% des biens confisqués.
Une campagne digne du "régime nazi"
La Conférence épiscopale tchèque, le Conseil de l’Eglise œcuménique et la Fédération de la communauté juive ont publié le 9 août une déclaration commune dans laquelle ils critiquent vivement la campagne du Parti social-démocrate, qualifiée de "propagande", qui nuirait "aux fondements mêmes de la démocratie".
"Ce sont des slogans populistes et tout simplement de la démagogie. Il s’agit de deux millièmes du budget de l’Etat. Les dépenses budgétaires ne peuvent pas être menacées. Le Parti social-démocrate sait bien que ce qu’il affirme est faux", souligne Milan Badal, conseiller du cardinal et archevêque de Prague Dominik Duka, lequel est également président de la Conférence épiscopale tchèque. Le cardinal Duka a assimilé la campagne d’affiches à celle "antisémite et anticléricale du régime nazi".
La loi a de fortes chances d’être adoptée
Le Sénat se prononcera bientôt sur la loi. Or, les sociaux-démocrates y sont majoritaires, et comme les communistes, ils sont opposés à ce texte de loi. Ils considèrent que c’est un cadeau trop important fait aux Eglises dans une période de crise économique qui ne s’y prête pas. Une commission sénatoriale conseillait le 8 août aux membres du Sénat de rejeter la loi. Mais si les sénateurs mettent leur veto au projet de loi, les députés, en seconde lecture, ont de fortes chances de l’approuver définitivement.
Cette passe d’armes traduit un climat qui n’est pas encore apaisé dans la relation qui lie la religion à l’Etat en Tchéquie, commente Radio Prague. (apic)
