Amnesty International tire la sonnette d’alarme: les femmes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pourraient bien être les grandes perdantes du printemps arabe. Dans un communiqué diffusé le 7 mars, l’ONG enjoint l’Egypte à adopter un nouvel « agenda ».
« Des milliers de femmes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont descendues dans la rue ces dernières semaines », se battant pour plus de libertés et pour la fin de la répression. Mais une fois le « temps de la révolution » passé, elles ont disparus de nos écrans et, par conséquent, de notre champ de vision, souligne le communiqué.
Elles ont pourtant de bonnes raisons de lutter car, « au cours des dernières décennies, elles ont non seulement subi la répression étatique mais elles ont en plus souffert de lois discriminatoires et d’une inégalité entre les sexes profondément enracinée dans les esprits. »
Mais en Egypte, la Commission nationale mise en place pour rédiger une nouvelle constitution est exclusivement composée d’hommes. « La mise à l’écart des femmes depuis la fin des manifestations est inacceptable », a déclaré Stella Jegher, responsable des questions de genre et membre de la direction de la Section suisse d’Amnesty International. Et d’ajouter: « Il est temps que les femmes se voient accorder les mêmes droits que les hommes, par exemple par rapport au mariage, à la famille ou encore à la participation aux procédures électorales. Il manque également des lois spécifiques qui puissent assurer aux femmes une protection efficace contre la violence. »
Agenda pour le changement
Amnesty International a défini un « Agenda pour le changement » en Egypte. L’ONG estime que le pays doit instamment évoluer sur les points suivants:
« Protection contre la violence domestique. Mise en place d’une loi sur la violence domestique qui offre aux femmes une protection contre la violence et le harcèlement sexuel y compris pour les couples mariés.
Participation au processus électoral. Les recommandations du Comité des Nations unies pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes demandent que les mesures nécessaires soient prises en Egypte pour assurer la participation des femmes à toutes les phases du processus électoral.
Réforme du droit de la famille et du droit du mariage. Une révision en profondeur de la législation sur la famille est absolument nécessaire pour garantir que femmes et hommes possèdent les mêmes droits en relation avec la conclusion du mariage, le divorce, la garde des enfants et les droits de succession. Ce nouveau droit devra être compatible avec la Convention des Nations unies pour l’élimination de toute discrimination à l’égard des femmes.
Dépénalisation de l’interruption de grossesse dans les cas de viols, d’inceste ou de mise en danger grave de la santé. Il est nécessaire de modifier les articles 260 à 264 du Code pénal égyptien, de manière à ce que les femmes et les jeunes filles puisent interrompre légalement une grossesse lorsqu’elle est le résultat d’un viol, d’un inceste ou lorsqu’elle met gravement en danger la santé de la mère.
Il faut enfin modifier la Loi n° 126 de 2008, afin d’interdire les mutilations génitales féminines dans tous les cas. »
(apic/cp/mvl)