La seconde session de ce synode se tient à Rome jusqu'au 27 octobre. Quels thèmes sont discutés par les 524 participants et quels autres ont été mis quelque peu de côté? Et si le défi majeur du synode était finalement d'accorder les différentes voix et réalités dans l'Eglise…
Dans la seconde partie de ce podcast, retour sur les élections de ce 13 octobre pour voir quels enseignements nous pouvons en tirer. 8 millions 300.000 électeurs étaient appelés aux urnes pour les élections communales et provinciales. Dans la presse c'est surtout les communales qui ont retenu l'attention avec les changements de majorité, les grands gagnants et les perdants, les alliances et les réactions parfois très vives suite à celles-ci.
Pour décrypter ces sujets, le journaliste Christian Laporte et le frère Laurent Mathelot, théologien, dominicain et prêtre. Présentation: Manu Van Lier.
Emission Décryptages du 18 octobre 2024.
Synode sur la Synodalité : réfléchir pour mieux cheminer ensemble
En plein cœur de sa deuxième phase à Rome, le Synode sur la Synodalité rassemble 524 participants, dont 369 membres votants. L’objectif : réfléchir collectivement à la manière dont l’Église peut marcher ensemble face aux défis du monde moderne. Cette démarche est-elle comprise par le grand public? Découvrez les réponses de Christian Laporte et Laurent Mathelot.
Un "brainstorming" de l'Église
Le Synode sur la Synodalité, actuellement en cours à Rome, a pour but de questionner la manière dont l’Église catholique peut cheminer ensemble face aux défis du monde actuel. Laurent Mathelot décrit ce synode comme un "brainstorming" : "C'est d'abord l'Église qui, face au monde d'aujourd'hui, réfléchit à comment mieux marcher ensemble, être compagnon de route véritablement." Ce processus vise à renforcer la cohésion au sein de l'Église pour mieux répondre aux urgences sociales, éthiques ou politiques actuelles.
Vers une feuille de route ou des décisions concrètes ?
Le dominicain voit d'abord ce synode comme un exercice pratique de dialogue et de rencontre. Il ne s'agit pas uniquement de discussions théoriques, mais de tenter d'avancer ensemble vers des solutions concrètes: "C'est essayer de se rencontrer dans toutes nos opinions différentes." Toutefois, il précise que le processus de décision nécessitera du temps et qu'une feuille de route pourrait être l'un des résultats tangibles de cette réflexion collective.
Une démarche mal comprise par la presse généraliste
Christian Laporte note que la presse grand public semble quelque peu "à côté de la plaque" en ce qui concerne les attentes autour de ce synode. Dans un monde où tout doit aller vite, la lenteur du processus synodal paraît déconcertante pour les médias. "La presse généraliste attend sans doute beaucoup plus de ce synode que ce qu’il peut vraiment livrer", commente Christian Laporte. Il souligne que, contrairement à l’attente immédiate de réformes spectaculaires, ce synode s’inscrit dans une démarche de longue réflexion, à l’instar du Concile Vatican II qui, plus de cinquante ans après, continue à être questionné quant à sa pleine réalisation.
Le faible intérêt médiatique s'explique également, selon Laurent Mathelot, par le caractère moins "passionnant" du sujet traité. Contrairement aux débats théologiques ou aux réformes de la doctrine, la synodalité est une démarche plus apaisée, centrée sur le dialogue et la coopération. Les questions plus clivantes, qui suscitent généralement davantage l’attention des médias, ne sont pas au cœur de cette phase synodale.
Un défi d’unité dans la diversité
Le véritable enjeu du synode semble résider dans la capacité de l'Église à concilier ses différentes voix et réalités. Laurent Mathelot l’admet : "La synodalité, c'est comment est-ce que nous marchons ensemble sans nous déchirer." La démarche vise à prévenir les divisions internes, voire les schismes, en établissant un dialogue méthodique. Ce dialogue, une fois affiné au sein de l'Eglise, devra également s’étendre à la société, qui évolue à un rythme soutenu. "C'est par là que l'Eglise pourra continuer à assumer sa mission", conclut Laurent Mathelot. Ainsi, bien que le Synode sur la Synodalité ne promette pas de réponses immédiates, il pose les bases d’une Église plus à l’écoute, capable de s’adapter aux défis de son époque.