Parfois, la liturgie "officielle" de l'Eglise et la dévotion populaire se rejoignent de façon particulièrement harmonieuse. C'est le cas lors de la messe du dimanche des Rameaux, avec une procession qui lui a donné son nom et dont les origines remontent à la communauté chrétienne de Jérusalem. Un rite plein de sens au regard de ce qui sera célébré au cours de la Semaine sainte qui commence.
Très souvent, dans la liturgie chrétienne, on joint le geste à la parole. Histoire de mieux incarner, dans notre vie, ce que nous écoutons et répondons. Ce sera particulièrement le cas lors de ce "dimanche des Rameaux et de la Passion", au cours de laquelle deux récits évangéliques seront proclamés : l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, et le récit de sa Passion.
A la suite du Christ
Avant le début de la liturgie eucharistique, les fidèles se rassembleront, comme chaque année, à l'extérieur ou à l'entrée de l'église. Les rameaux - généralement de buis - tenus par les uns et les autres seront bénis. Suivra alors la lecture de l'évangile relatant l'entrée de Jésus à Jérusalem : monté sur le dos d'un ânon, Jésus est acclamé par la foule qui, sur son passage, dépose des manteaux et des branches de palmiers : "Béni soit celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux." (Lc 19,38), l'assemblée suivra le prêtre en procession vers l'église, ce dernier tenant une croix.
Le sens spirituel de cette procession est clair : les disciples que sont les chrétiens sont appelés à suivre le Christ jusqu'à la croix, là où sa Passion d'amour scellera la Nouvelle Alliance de Dieu avec l'humanité. Or, suivre le Messie suppose qu'on l'ait préalablement accueilli, dans nos vies, comme le Prince de la paix. Ce que signifie la réception préalable des rameaux à l'arrivée du Christ.
Pourquoi des rameaux ?
Le rituel de la procession avec les rameaux est très ancien. Il remonte à l'Eglise de Jérusalem, dans le premiers siècles du christianisme, et s'installera dans nos régions à partir du IXe siècle. La symbolique des rameaux trouve son origine, discrète mais réelle, dans l'Ancien Testament. La fête de Souccot, c'est-à-dire des tentes ou des cabanes, célébrait la récolte à l'automne. Elle se fêtait sous des cabanes de branchages (cf Lévitique 23,39). Les branches, faites de palmiers, rappellent ainsi l'abondance de vie.
Dans la liturgie chrétienne, les palmes pourront être remplacées par des branches d'olivier, de gui ou de sapin, en fonction des latitudes. Mais la symbolique restera la même : on prend les branches d'un arbre qui reste vert toute l'année, dont un symbole de vie plus forte que la mort, qui évoque déjà la vie du Ressuscité. Dès l'entrée dans la Semaine sainte, nos regards sont orientés vers le dimanche de Pâques.
De conversions en renouveaux
Après la célébration, les chrétiens emportent le rameau chez eux, où ils reposera généralement près du crucifix. Lorsqu'ils seront desséchés, ils pourront être brûlés. Les cendres seront imposées sur le front des fidèles l'année suivante, lors de leur entrée en carême. Ainsi va la vie chrétienne : un parcours de conversions et de renouveaux successifs, à la suite du Christ, jusqu'aux Noces de l'Agneau...
Christophe HERINCKX