De « Laetare » à « Cwarmê » : quand le vocabulaire carnavalesque belge puise aux sources chrétiennes


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De « Laetare » à « Cwarmê » : quand le vocabulaire carnavalesque belge puise aux sources chrétiennes
Pendant que les Gilles battent le pavé à Binche et que les oranges volent, on vous glisse un petit secret… Derrière nos carnavals belges se cache un lexique hérité tout droit du carême chrétien ! © Nastassia Jelic, CC BY-SA 4.0
Par Clément Laloyaux
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Alors que les confettis tourbillonnent et que les Gilles dansent, il est facile d’oublier que le carnaval, dans sa version belge, est intimement lié au calendrier chrétien et au carême. Derrière des termes populaires comme Laetare, Cwarmê ou Mardi gras, se cache tout un lexique hérité de traditions religieuses et de pratiques ancestrales. Petit tour d’horizon linguistique et festif.

Carnaval : « Adieu la viande ! »

Avant de devenir synonyme de fêtes endiablées et de cortèges bariolés, le mot carnaval porte une signification bien plus austère. Issu du latin "carne levare" — « ôter la viande » —, il annonce tout simplement l’entrée dans le carême, période d'abstinence où l'on fait maigre pendant quarante jours.

Historiquement, le carnaval s’étendait du dimanche de la Quinquagésime jusqu’au Mardi gras, servant d'antidote joyeux aux rigueurs religieuses à venir. Héritier de cultes païens comme les Lupercales ou les Saturnales, il a été repris et intégré au calendrier chrétien, devenant ce moment hors du temps où les excès étaient non seulement permis, mais encouragés, juste avant la grande sobriété du carême.

Mardi gras : l’ultime festin

C'est le sommet de la fête, le dernier jour pour « faire gras » avant de « faire maigre ». Le Mardi gras clôture la semaine des sept jours gras, ultime parenthèse de réjouissances avant l’austérité du Mercredi des Cendres.

Autrefois, on y vidait les placards : œufs, beurre, sucre et farine se transformaient en crêpes, gaufres et beignets. Une manière habile de ne rien perdre avant le jeûne, mais aussi de partager un moment collectif de bombance avant l’introspection spirituelle.

Aujourd’hui encore, nombre de carnavals belges battent leur plein ce jour-là, prolongeant ce besoin universel de s’offrir un dernier éclat de liberté avant les restrictions.

Cwarmê : le carême… en dialecte wallon

À Malmedy, impossible de parler de carnaval sans évoquer le Cwarmê. Ce terme typiquement wallon n’est autre qu'une déformation locale du mot carême. Bien que le Cwarmê soit devenu un événement folklorique de premier ordre, avec ses masques traditionnels et ses personnages hauts en couleur, son étymologie rappelle sans détour ses racines chrétiennes.

Ce dimanche 2 mars avait lieu le 565e Cwarmê de Malmedy. Plus de 5.000 participants ont pris part au cortège !

Le Cwarmê de Malmedy. © NguyenDai / Flickr

Laetare : la pause joyeuse du carême

Quand d’autres carnavals s’achèvent, certaines villes wallonnes comme Stavelot ou La Louvière attendent le Laetare pour entrer dans la danse.

Le mot vient du latin "Laetare", qui signifie « Réjouissez-vous ». Il ouvre "l’introit" de la messe du quatrième dimanche de carême, offrant un moment de répit et de joie dans ce chemin vers Pâques. C’est donc logiquement à cette date que plusieurs carnavals se tiennent, dans cet entre-deux où l’on sent déjà poindre la lumière de la Résurrection.

Le Laetare rappelle que même au cœur de l’effort et de la pénitence, il est permis — et même conseillé — de se réjouir ensemble, en attendant des jours meilleurs.

Le personnage central du Laetare de Stavelot est le Blanc Moussi. © Michel van Reysen / Flickr

C.L.

Catégorie : Belgique

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