Aumônier militaire, l’abbé Chaboteau a emmené Dieu, à travers le monde, dans son sac à dos


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Aumônier militaire, l’abbé Chaboteau a emmené Dieu, à travers le monde, dans son sac à dos
Par Diocèse de Namur
Publié le
5 min

Dans le cadre de l’Année Sainte qui s’est ouverte le 29 décembre dernier, le pape a souhaité l’organisation de jubilés. Le week-end qui vient de se terminer a vu des milliers de militaires réunis sur la place Saint-Pierre à Rome pour le  jubilé des Forces Armées. Une Année Sainte axée sur l’espérance. Un temps, avec ce jubilé,  pour mettre en avant la paix.  L’occasion de rencontrer l’ aumônier militaire de la base aérienne de Beauvechain, l’abbé Dominique Chaboteau. Prêtre du diocèse, le padre était en Bosnie, au Liban, en Afghanistan … aux côtés des militaires.

Aujourd’hui, l’abbé Chaboteau ne part plus en mission avec les militaires mais il continue comme il dit à « être un homme de lien » : « Je pose sur chacun un regard bienveillant et fraternel qu’importe le grade. »

En 1999, il était sur le terrain, en Bosnie, une vraie découverte. Il était alors aumônier militaire à Spa pour les hommes et les femmes de la composante terre, les 12e et 13e de Ligne. « J’ai été très marqué par tout ce que j’ai vu : l’homme est capable de beaucoup pour faire mal à l’autre, le toucher dans son identité, sa religion. » Des tirs sur les minarets, des églises détruites autant d’images dans la mémoire du padre. Ou encore l’arrêt dans un village où la moitié de la population venait d’être tuée. Le clergé local enterrait jusqu’à 40 cercueils à la fois ! »  Quatre ans plus tard, l’abbé Chaboteau est au Kosovo. « Je partais avec les militaires, assis à l’arrière d’une Jeep ou d’un camion. Quand la situation était trop tendue, je parlementais avec le clergé local pour tenter de calmer les esprits. En parcourant la montagne, on a rencontré des civils. Beaucoup étaient blessés suite aux bombardements. » Et de poursuivre avec là encore des images qui ne s’effaceront jamais. « Sur la route de Banjaluka longue de plusieurs dizaines de kilomètres, il y avait de part et d’autre, des immeubles. Plus aucun n’avait de portes ou encore de fenêtres et les gens continuaient à les habiter dans le froid. » 

Comme aumônier militaire, l’abbé Chaboteau a, à plusieurs reprises, célébré avec le clergé local. Au Liban, il a eu bien des contacts avec la population, avec les prêtres aussi. Des prêtres maronites qui officiaient pour les communautés chrétiennes. « J’ai vécu ces moments comme un véritable enrichissement. » Célébrations encore sur les différents lieux de mission pour et avec les militaires dont plusieurs d’entre eux n’avaient pas nécessairement la foi. « Quelques jours avant une messe du 15 août, un militaire, trompettiste est venu vers moi. Il m’a dit : ‘Je ne suis pas croyant mais je viendrai jouer pour que ta messe soit plus belle.’ » L’abbé Chaboteau en est encore ému.

Les cadeaux du vieux dinosaure

Être aumônier militaire, c’est aussi être sur le terrain. Ainsi en ex-Yougoslavie, l’abbé Chabiteau   raconte: « En plein hiver, je montais avec eux dans les camions pour patrouiller. J’étais près des militaires, pour veiller, durant la nuit dans un trou de fusiliers. Cela crée la cohésion, la camaraderie. » Des missions dans le froid mais aussi dans la chaleur. « Je suis resté avec les militaires de plusieurs unités différentes, un an à Kaboul, en Afghanistan. Ils gardaient l’aéroport. Il faisait 40 si pas 50 degrés et nous vivions dans des containers, dans la poussière… »

Dans des conditions difficiles, loin des familles, dans le stress, un aumônier militaire est là … pour les militaires ! « Chacun sait, raconte le padre, que quand, pour lui, ça n’ira pas, je serai là. Il pourra toujours pousser la porte de mon bureau. De par mon ministère, j’ai des cadeaux à offrir. La discrétion bien sûr. J’ai du temps à leur consacrer. Je fais le plus beau métier du monde, je travaille à rencontrer des gens… Je ne force jamais quelqu’un à se confier, c’est là la grande liberté des enfants de Dieu. » Le  « vieux dinosaure », comme il se surnomme, est avec eux. Et lorsque un militaire se prépare au mariage, à baptiser son enfant… le padre est souvent sollicité. « Lorsqu’un décès survient dans une famille que le militaire soit croyant ou pas, je suis présent. Mon diocèse n’est pas limité à la géographie, il est lié à la personne. » Autrement dit, il célèbre du nord au sud du pays et de l’est à l’ouest. Il est actuellement, au côté d’un militaire qui se prépare à recevoir le sacrement de confirmation. D’autres ont le projet de participer, à Lourdes, au pèlerinage international. « Il m’arrive de les réunir pendant le temps de midi pour discuter. Je reste un peu avec eux et puis je les laisse. Ils doivent savoir qu’ils ne sont pas seuls à avoir la foi. »

Jésus-Christ dans le sac à dos

Lorsqu’il a été appelé sous les drapeaux pour effectuer son service militaire, l’abbé Dominique Chaboteau, 62 ans, le reconnaît bien volontiers, il n’était guère motivé. Ordonné quelques temps plus tôt, il a ainsi mené de front son service à la paroisse Saint-Martin d’Arlon où il était vicaire et son service militaire. Bien loin alors d’imaginer que c’est dans l’armée qu’il exercerait une large part de son ministère. « L’Esprit Saint m’y a « obligé » et il a bien fait. Le Bon Dieu vous envoie là où vous ne l’auriez jamais pensé. » Et depuis sur le terrain, dans son bureau ou encore lors des manifestations patriotiques où il est présent (la photo : ici, au fort de Loncin), il sait qu’il est là pour ces hommes de terrain. Il sait aussi qu’il n’est pas seul : « Dans mon sac à dos, j’emmène Jésus-Christ ».

Christine Bolinne

Photos privées de l’abbé Chaboteau

Catégorie : Diocèse de Namur

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