Opinion : A l’hôpital, j’ai été témoin d’un miracle


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Opinion : A l’hôpital, j’ai été témoin d’un miracle
Par Michel WERY
Publié le
4 min

Suite à un accident de la main, Michel Wery, paroissien à La Hulpe et fidèle de Dimanche, est emmené aux urgences. Il va y vivre "un de ces moments où tout bascule".

Je fus dirigé vers les soins intensifs puis introduit dans une pièce sans fenêtre. La pièce grouillait de monde. J’étais en état de choc mais ces va-et-vient m’intéressaient. L’on vint installer une table à côté du lit et l’on m’annonça l’arrivée du médecin. En l’attendant, je reçus la visite à plusieurs reprises d’une jeune femme qui passait en coup de vent et me demandait si cela allait et si je n’avais besoin de rien. J’avais l’impression que ma vie venait de s’écrouler et que tout allait mal pour moi. Calme, souriante, elle me fixa de son regard intense et me répéta que je ne devais pas m’inquiéter et que cela s’arrangerait.

Cette bande de jeunes

Entra dans la pièce un jeune homme, grand, en jean et en chemise de bûcheron. Il m’ausculta, donna quelques instructions de premiers soins aux infirmières présentes dans la pièce et m’informa qu’il partait se changer avant d’intervenir. Il revint un peu plus tard, en tablier blanc pour faire le nécessaire.
J’étais effrayé par ce qui m’était arrivé, blême, pâle comme un linge, prenant conscience de la gravité de mon accident. J’étais "affligé"! Autour de moi, cette bande de jeunes était d’un calme olympien, chacun semblait connaître son rôle. Tous se tutoyaient, s’appelant par leur prénom.

Moi, l’affligé

Tous s’occupaient de moi. J’étais ému de tant de sollicitude autour de ma "petite" personne.
Je repensai au concept de "Royaume de Dieu sur terre" cher à saint Augustin. Ce royaume où tous agissent pour le bien de tous en se préoccupant toujours en premier des "affligés", des blessés, de la veuve, des nécessiteux. Ce soir-là, je compris que l’affligé, c’était moi. C’était à moi que tous ces jeunes hospitaliers consacraient leur temps.

Ce jour-là, je vécus cette expérience rare du "Royaume de Dieu sur terre": "Un pour tous, tous pour un". Me revinrent à l’esprit ces formules que j’entendais enfant. "Jésus, l’ami des ‘affligés’, "Notre Dame de Bon Secours", toutes ces intuitions vécues par les croyants qui, dans le passé, invoquaient La Vierge, le Christ, les saints quand ils vivaient des situations désespérées…

Quand vint l’archange

Le médecin des urgences ayant paré au plus pressé ce dimanche-là pour écarter tout danger d’aggravation, je pus rentrer à la maison, avant d’être rappelé à la consultation de la chirurgienne spécialisée dès le lendemain. Je rentrai chez moi ce soir-là, sous le charme, impressionné et touché au cœur par cette équipe qui s’était donnée sans compter.

Je revins le lendemain, marqué, craignant le verdict de la chirurgienne. Je n’en menais pas large. J’attendis une éternité. Une jeune femme en blouse blanche entra dans la pièce sans crier gare. "Je suis le docteur Gabriel…" L’évocation de son nom suscita le rire en moi. Impressionné par sa présence, je me détendis. Je lui expliquai les raisons de mon rire, la tension d’une part mais aussi Gabrielle de Johnny Halliday… et surtout l’Archange Gabriel. Comme un clin d’œil venant de là-haut.

Elle fit le tour de la pièce, et tournoya autour de moi telle un rapace. Puis par un geste étrange, elle me donna une tape sur l’épaule que j’interprétai comme un encouragement fraternel pour me donner confiance et ajouta: "Allons-y, cela ira…" La confiance s’installa d’emblée et me servira tout au long de la période de soins qui s’en suivit.

Le miracle

Ma convalescence sera longue. Mais pour moi, le miracle était ailleurs: j’éprouvai tout au long de ces journées répétitives où je retournais au dispensaire, le "miracle" de la solidarité humaine, des compétences des soignants mises au service de "l’affligé" que je suis.
Je perçus une fois de plus combien, pour qui y regarde de plus près, l’hôpital est peut-être l’un des lieux où le "Royaume de Dieu", peu importe que l’on soit croyant ou non, est le plus perceptible. Moment dramatique et si intense de ma vie, où étrangement ce sont les humains qui m’ont fait éprouver combien décidément, ce sont eux qui sont "porteurs d’espérance" pour ceux qui vivent des drames dans leur chair.

Michel WERY

Titre et intertitres de la rédaction

Catégorie : Opinions

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