« Je n’ai pas senti d’opposition » : l’Eglise a présenté son plan d’action « abus » à un groupe de victimes


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« Je n’ai pas senti d’opposition » : l’Eglise a présenté son plan d’action « abus » à un groupe de victimes
Par Angélique Tasiaux
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Ce deuxième week-end du mois de décembre, des victimes d'abus sexuels en Eglise se sont vues soumettre un plan d'action portant sur la "politique globale en matière d'abus dans l'Eglise".

C'est à huis clos qu'une soixantaine de victimes se sont réunies à Bruxelles ce samedi 7 décembre. Durant toute la journée, elles ont réfléchi ensemble aux propositions formulées par l'Eglise catholique belge. "La grande majorité des victimes demande davantage d'empathie, rappelant qu'un tel traumatisme dure une vie entière", souligne Tommy Scholtes, le porte-parole francophone de la Conférence des évêques de Belgique. Que revendiquent à présent les victimes ? "Etre reconnues et écoutées", détaille encore Tommy Scholtes. "Il faut à la fois un accompagnement institutionnel et personnel, ce qui implique une disponibilité totale. L'accompagnement des victimes, mais aussi des auteurs réels et potentiels, doit perdurer." C'est ainsi que des formations animées par des magistrats, des psychologues... sont organisées dans le cadre de la prévention des abus. "Ces formations continues pour les prêtres et les agents pastoraux évoquent leur gestion de la vie de prière, des addictions, des loisirs... Elles portent aussi une attention à la vie en communauté", précise le porte-parole.

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Parmi la soixantaine de victimes présentes le 7 décembre, les deux tiers sont néerlandophones, tandis que le tiers restant est francophone. "On est parti du groupe qui avait demandé à être associé à la venue du Pape, soit environ 200 personnes", explique Tommy Scholtes.

Des échanges constructifs

A l'issue de la journée de réflexion, Tommy Scholtes constate : "On avance. Je n'ai pas senti d'oppositions, mais des propositions positives. Les amendements seront formulés au cours des prochains mois, le temps de trouver un coordinateur national pour la Fondation Dignity." Rappelons que l'offre d'emploi a été publiée sur le site de CathoBel et que la Fondation Dignity a vu le jour à la suite de la première Commission parlementaire spéciale sur les abus sexuels dans l'Eglise, en 2010-2011. Cette Fondation d'utilité publique comprend à la fois des représentants des évêques et des ordres religieux, via la Conférence des religieux et religieuses en Belgique (COREB).

"Certaines personnes demandent à être davantage associées dans le choix des réformes. A ce stade, il n'y a toutefois pas encore de groupe représentatif. En effet, les circonstances sont tellement différentes d'une personne à l'autre...", poursuit Tommy Scholtes.

Au cours de la journée du 7 décembre, les résultats de l'enquête menée par la KU Leuven auprès de 97 victimes - censées constituer un échantillon représentatif - ont été divulgués. "Ces résultats ont servi de base à l'élaboration du plan d'action, tout comme les recommandations des commissions parlementaires ainsi que les journées de dialogue avec des victimes en juin dernier", annonce la Fondation Dignity. Tandis que Tommy Scholtes constate que plus de la moitié des victimes affirment dans cette enquête de la KU Leuven "avoir été bien reçues et écoutées".

Côté dédommagements financiers, les barèmes ont été indexés cette année, et plus de 6 millions versés aux victimes par la Fondation Dignity. Sans oublier les montants alloués par les communautés religieuses, "à leur propre initiative", souligne encore Tommy Scholtes.

En résumé, la nomination d'un coordinateur national, une prise en compte accrue du point de vue des victimes avec la création d'un organe consultatif, mais aussi la désignation d'un conseiller pastoral dans chaque diocèse, responsable de l'accompagnement spirituel des personnes concernées qui le souhaiteraient, figurent parmi les propositions du plan soumis à l'approbation des victimes, le 7 décembre. A suivre prochainement dans ses nouvelles moutures.

Angélique TASIAUX

Communiqué de l'Eglise de Belgique : Un projet de plan d'action renforcé


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