La religiosité populaire, au cœur de la Corse


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La religiosité populaire, au cœur de la Corse
La Corse est une terre imprégnée de spiritualité et de traditions chrétiennes. Cela motive probablement le choix du pape. © Sébastien Vincon / Pexels
Par Armelle Delmelle
Publié le
3 min

Ce dimanche 15 décembre, le pape François se rendra en Corse pour une visite pastorale, à l’occasion du colloque sur la piété populaire en Méditerranée. Une piété populaire qui semble avoir de beaux jours devant elle sur l’Île de Beauté.

On ne le rappellera jamais assez : le pape François privilégie les marges de l’Église plutôt que les grandes nations. S’il s’est déjà rendu en France auparavant, ce n’était jamais pour une visite d’État. En 2014, il s’était rendu à Strasbourg, mais uniquement pour s’adresser au Parlement européen. En 2023, il se rend à Marseille et prononce cette phrase marquante : “Je vais à Marseille, pas en France.” Il y participe à la rencontre des évêques de la Méditerranée.

La même année, il décline l’invitation du président Emmanuel Macron à assister à la réouverture de Notre-Dame de Paris. Pourtant, une semaine plus tard, il se trouve bien en territoire français… mais en Corse.

La piété populaire à la marge ?

Si le pape a choisi de se rendre en Corse, c’est pour prononcer le discours de clôture du colloque sur la religiosité populaire en Méditerranée qui se tient à Ajaccio. Ce voyage sera également l’occasion, comme à chaque déplacement, de rencontrer les fidèles et le clergé local. Mais si le pape se rend aux marges de l’Église, cela signifie-t-il que la religiosité populaire est elle-même marginale ?

Interrogé sur le sujet dans Décryptages, Serge Maucq, dominicain et prêtre diocésain, nous rappelle :

La piété populaire n'a pas été très à la mode ou très encouragée. On a une tendance à intellectualiser, à faire le lien entre la foi et la raison, etc. Tout ce qui touche à une foi proche des réactions basées sur le sentiment, les intuitions, les peurs ou des dévotions parfois surprenantes met un certain nombre de responsables d’Église mal à l’aise.

Il nuance néanmoins son propos :

Ceci dit, c'est aussi un pont pour l'Église. Nous assistons à l'isolement de beaucoup de gens en Europe à cause de l’urbanisation. Il y a des territoires complètement abandonnés où une population a besoin de s’exprimer. Religion, c’est religare : cela signifie être relié. Et je crois que l’être humain a besoin d’être relié à une transcendance, à Dieu, via des dévotions, des expressions de foi, des croyances.

La religiosité populaire en Corse

Interrogé dans la même émission, Pierre Granier, secrétaire de rédaction du journal Dimanche, expliquait à quel point la religiosité populaire est essentielle en Corse. Sur l’île, 90 % des habitants se disent catholiques, un chiffre bien éloigné de ceux de la métropole. Ces centaines de milliers de catholiques trouvent dans leur évêque et cardinal, Mgr Bustillo, un fervent soutien à la piété populaire.

Les phénomènes de piété populaire, ce sont aussi des moments où le sacré se répand dans l'espace public. On le voit très bien avec les processions dans les rues, notamment lors des semaines saintes en Corse. Le cardinal Bustillo s'appuie beaucoup sur ces traditions, notamment celles des confréries.

Ces traditions ont un lien profond avec la religion.

Le cardinal Bustillo parle du fait qu’être chrétien fait partie de l'identité corse. Ce sont des notions qui sont vraiment ancrées,” ajoute-t-il.

La piété populaire semble donc promise à un avenir florissant en Corse. C’est peut-être ce message que le pape François souhaite souligner en se rendant sur l’île ce 15 décembre.

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