L’autrice iranienne Azar Nafisi adresse cinq lettres à son père aujourd’hui disparu, pour lui parler du pouvoir subversif de la littérature.
Azar Nafisi publie aujourd’hui Lire dangereusement, un livre autobiographique qui prend la forme d’un dialogue épistolaire fictif entre elle et son père aujourd’hui décédé. Dans cinq lettres qu’elle lui adresse, elle prolonge les débats qu’ils avaient ensemble lorsqu’il était vivant sur la littérature, la démocratie et le sens de l’art dans nos vies.
Et son propos, limpide et brillant, nous fait réfléchir, tant il résonne lourdement avec l’actualité: quelle différence y a-t-il aujourd’hui entre l’Iran, avec son régime totalitaire qui étouffe la voix de ses poètes, et les Etats-Unis, où elle habite et où les écrivains sont inaudibles dans l’espace public, victimes de l’indifférence d’une société qui préfère se noyer dans le divertissement plutôt que d’affronter ses fractures les plus profondes? Quid des autres pays du monde? Quand notre concitoyen se transforme en ennemi et que le dialogue et la confrontation des idées deviennent impossibles, sommes-nous toujours en démocratie?
A travers Platon, Ray Bradbury, Toni Morrison, Salman Rushdie ou encore Zora Neale Hurston, Azar Nafisi nous invite à apprécier les lectures dangereuses, celles qui nous tourmentent vraiment, parce qu’elles nous forcent à appréhender un pan de la réalité qui échappait jusqu’alors à notre vision. Ces lectures qui nous “prennent et nous emmènent dans un voyage qui n’a pas de prix, et dont le coût importe peu, pour faire de nous des témoins du monde tel qu’il est et tel qu’il devrait être”.
Cindy JACQUEMIN, Librairie UOPC
Azar Nafisi, Lire dangereusement. Editions Zulma, 2024, 320 pages, 21,50€. Remise de 5% sur évocation de cet article.