Un an après le début de l’offensive militaire en octobre 2023, la bande de Gaza se trouve dans un état de destruction et de désolation profondes. Selon les témoignages des responsables humanitaires de Caritas, Victor Beaume et Sébastien Dechamps, la situation est devenue invivable pour la population locale. Entre bombardements incessants, infrastructures anéanties et besoins fondamentaux non satisfaits, la vie quotidienne des Gazaouis est marquée par la précarité et l’urgence de l’aide humanitaire.
"La situation à Gaza était déjà extrêmement critique avant le 7 octobre 2023", rappelle Sébastien Dechamps, coordinateur humanitaire de Caritas international. Sur une petite étendue, l’équivalent de la moitié du Brabant wallon, vivent plus de deux millions d’habitants. Depuis un an, l’offensive militaire israélienne s’est intensifiée, laissant des traces profondes et irréversibles dans le quotidien des Gazaouis. "Ce dont nous avons été témoins, c’est une destruction systématique : écoles, hôpitaux, logements, tout a été touché", détaille-t-il.
Le nombre de victimes civiles est alarmant et les infrastructures de base sont en ruines, rendant le territoire presque inhabitable. Gaza est littéralement dévastée, au point que la vie y devient impossible. Le témoignage que livre le coordinateur humanitaire est glaçant : "Je n’ai jamais vu une telle violence déchaînée ailleurs dans le monde."
Population déplacée et manque d’abris
Dans une zone aussi exiguë que Gaza, les déplacements de populations sont particulièrement complexes. Les Gazaouis tentent de fuir les bombardements et se dirigent vers des lieux supposés sûrs. Cependant, même les camps de réfugiés sont frappés par des frappes aériennes. "Il n’y a pas un seul endroit vraiment sûr dans la bande de Gaza aujourd’hui", déplore Sébastien Dechamps. Cela pousse les familles à se déplacer de manière répétée, accentuant la crise humanitaire. Environ 90 % de la population a été déplacée au moins une fois, parfois plusieurs. Près de 80 000 immeubles ont été détruits, laissant des centaines de milliers de personnes sans toit. Pour la population, la priorité absolue est le retour à la paix : "La population veut avant tout que ça s’arrête, un cessez-le-feu, la paix".
Des besoins vitaux largement insatisfaits
Pour les Gazaouis, le quotidien se résume à une lutte pour la survie: "l’eau, la nourriture, un abri, la sécurité, tout cela manque cruellement", décrit Sébastien Dechamps. En dépit de l’engagement de Caritas et d’autres organisations humanitaires, les restrictions et obstacles sécuritaires freinent les efforts pour acheminer de l’aide.
Victor Beaume, chargé de plaidoyer international pour Caritas, exprime la frustration des équipes humanitaires : "Les camions sont là, prêts à passer, mais des restrictions rendent l’acheminement de l’aide de plus en plus difficile, malgré les besoins gigantesques." Cette situation entrave toute possibilité de fournir à la population le soutien nécessaire pour pallier l’urgence des besoins vitaux.
Les écoles détruites et une génération sacrifiée
La guerre n’a pas seulement détruit les infrastructures essentielles, elle a également compromis l’avenir de milliers d’enfants. Près de 85 % des écoles et des universités sont en ruines ou inutilisables. "800 000 enfants ou étudiants n’ont pas pu retourner en classe", témoigne Sébastien Dechamps. La rentrée scolaire, qui devait marquer une nouvelle année pour des dizaines de milliers d’élèves, n’a tout simplement pas eu lieu. Les effets de cette situation sur l’avenir des jeunes Gazaouis sont inquiétants. Privés de leur droit à l’éducation, ces enfants voient leur futur s’assombrir et leurs espoirs se briser sous le poids d’un conflit sans issue apparente.

Des humanitaires en danger et des actions limitées
Les travailleurs humanitaires, présents pour soutenir la population en détresse, ne sont pas épargnés par la violence. À Gaza, ils font partie intégrante de la population et subissent les mêmes menaces. "Nous avons deux collègues qui ont été tués dans des bombardements alors qu'ils s'étaient mis à l'abri, l'une dans une église, l'autre dans un centre pour réfugiés, soi-disant protégé. (...) Les procédures de sécurité sont parfois dérisoires par rapport à ce qui se passe autour d’eux".
La mission de Caritas s’articule autour de deux priorités : l’aide de première nécessité (eau, alimentation, soins de base) et le soutien psychologique. Les équipes médicales de Caritas, composées de 14 unités, répondent autant que possible aux besoins sanitaires et médicaux. "L’accompagnement psychologique des victimes vise les personnes victimes de post-traumatisme évidemment, des enfants qui ont été victimes d'horreurs ou qui sont dans le deuil, qui sont dans la violence", précise encore Sébastien Dechamps.
Vers un avenir incertain : la paix comme seul espoir
Pour Victor Beaume, le cessez-le-feu représente la seule issue qui permettrait aux organisations humanitaires de travailler efficacement et d’accéder aux zones isolées: "Tous les jours, nos collègues nous disent que, s’il y avait un cessez-le-feu, on pourrait faire vraiment beaucoup plus." Le constat est sombre : à Gaza, chaque jour apporte son lot de tragédies. La situation reste critique, avec une population prise au piège, sans protection ni espoir d’un répit immédiat. "Le vrai besoin, la vraie attente, c’est la paix", conclut Sébastien Dechamps.
MVL - Source: émission Il était une foi du dimanche 27 octobre 2024
Site de Caritas International