Á l’occasion des élections 2024, une déclaration commune des cultes reconnus et du bouddhisme


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Á l’occasion des élections 2024, une déclaration commune des cultes reconnus et du bouddhisme
Par Peter Haegeman
Publié le - Modifié le
7 min

04/06/2024 – Les religions et convictions philosophiques reconnues par les autorités belges se rencontrent régulièrement. À l'occasion des prochaines élections en Belgique, les religions reconnues et l'Union Bouddhiste de Belgique font cette déclaration.

Les religions et convictions philosophiques reconnues par les autorités belges se rencontrent régulièrement dans le cadre du Federale Interlevensbeschouwelijke Dialoog - Dialogue Interconvictionnel Fédéral (FIDIF) et du Vlaamse Interlevensbeschouwelijke Dialoog (VILD).

Ces rencontres se déroulent toujours dans un climat respectueux, tenant compte des spécificités propres à chaque conviction, mais sans perdre de vue l'objectif social commun qui consiste à construire une société unitaire et pluraliste, dont les libertés, les valeurs et les droits démocratiques fondamentaux sont la base.

En 2017, ce principe a été défini avec le gouvernement flamand dans la Charter van de Vlaamse Interlevensbeschouwelijke Dialoog. Cette charte du dialogue interconvictionnel flamand exprime l'engagement commun en faveur des valeurs qui fondent une société harmonieuse : le respect de la liberté et de l'égalité de chacun, la solidarité, un État de droit démocratique et une attitude impartiale des pouvoirs publics à l'égard des différentes convictions religieuses et philosophiques.

À l'occasion des prochaines élections en Belgique, les religions reconnues et l'Union Bouddhiste de Belgique font cette déclaration.

1. Importance des élections et de la participation à celles-ci, y compris du point de vue des convictions

En 2024, la Belgique organisera des élections à tous les niveaux politiques. Et nous observons depuis un certain temps, en Belgique comme dans d'autres pays européens, une tendance au renforcement de la polarisation entre différentes visions de la société et différents groupes de population.

En tant que représentants officiels des religions reconnues en Belgique et du bouddhisme, nous souhaitons adresser un message commun à la société et au monde politique dans le cadre des prochaines élections. Nous appelons tous les citoyens à participer de manière constructive au débat et au processus électoral. Nous voulons continuer à nous engager de façon active et à plaider non seulement en faveur d'une coexistence pacifique entre les personnes et les groupes qui diffèrent les uns des autres, mais aussi pour la protection des libertés démocratiques et le respect fondamental de chaque être humain, quelles qu'en soient les convictions religieuses ou philosophiques, et former les nouvelles générations dans ce sens.

À l'occasion des élections, les représentants de tous les cultes reconnus et du bouddhisme rappellent la chance que nous avons de vivre dans un pays où les élections sont libres. La démocratie est un pilier fondamental de notre société. Elle nous permet de faire entendre nos voix et d'influencer les politiques menées au niveau local, régional et fédéral. La démocratie et les élections sont indispensables dans la recherche d'une société libre et juste. Plus la participation est importante, plus la société est démocratique.

Nous invitons dès lors tous les citoyens à voter en pleine conscience, en étant bien informés des programmes des partis participants et de leurs candidats.

2. Le bien commun

Dans notre société, nous sommes tous reliés par le bien commun. Les convictions religieuses et philosophiques appellent à la paix et à la coexistence pacifique tant dans notre pays qu'à l'étranger. Nous réitérons notre condamnation de toute forme de violence à l'égard d'autrui sur la base de ses convictions religieuses ou philosophiques.

Nous constatons que de nombreux concitoyens en Belgique vivent dans des conditions difficiles. Dans nos différentes traditions, la solidarité et l'attention portée à nos semblables sont des valeurs fondamentales. Les cultes reconnues et le bouddhisme continuent à s'engager en faveur des personnes défavorisées et appellent à un traitement digne de tous nos frères et sœurs.

Nous devons également nous montrer solidaires des générations futures, ce qui implique non seulement que nous ne perdions pas de vue les grands défis liés au changement climatique, mais aussi que les citoyens, les religions et convictions philosophiques, le monde associatif, l'industrie et les pouvoirs publics continuent à s'investir pour limiter le réchauffement de la planète.

3. Un État qui assure cette neutralité de manière activement pluraliste et la valeur ajoutée sociétale des convictions religieuses et philosophiques

Dans notre société postmoderne, où la diversité des convictions religieuses et philosophiques ne cesse de croître, on entend fréquemment l'opinion selon laquelle les croyances philosophiques et religieuses appartiennent strictement à la sphère privée. Nous croyons toutefois que le fait de les cantonner à la sphère strictement privée ne fait qu'accroître la méfiance et la polarisation.

Les religions et convictions philosophiques ont été publiquement reconnues par les autorités dans l'histoire de notre pays, notamment en raison de leur valeur ajoutée pour la société. Outre leur contribution, cette valeur ajoutée réside aujourd'hui entre autres dans le dialogue, la construction de ponts et la coopération constructive entre les religions et le bouddhisme, les autorités et les acteurs sociaux dans notre pays.

Nous appelons donc les différentes autorités à continuer à opter pour une collaboration pluraliste active avec les cultes et le bouddhisme en Belgique. Ces derniers contribuent au bien-être mental et spirituel des citoyens et ont des traditions riches et différentes qui aident les personnes à mettre la vie en perspective, à faire face au stress et à prévenir le burn-out. Dans ce cadre, la pratique de ces convictions religieuses ou philosophiques, mais aussi le soutien de la communauté, sont très importants. La recherche scientifique (inter)nationale a démontré à plusieurs reprises et très clairement le lien entre le bien-être spirituel et le bien-être mental.

Les cultes et le bouddhisme prennent de précieuses initiatives pour soutenir les personnes malades, seules ou en prison. Ils contribuent à l'éducation de nos enfants, et sont des forces motrices dans de nombreuses initiatives de solidarité dans notre pays ou à l'étranger et d'accueil des réfugiés.

Diverses études ont également révélé l'importante valeur ajoutée des convictions religieuses et philosophiques à travers les efforts déployés par des centaines de milliers de bénévoles dans le cadre d'initiatives de solidarité, de l'engagement spirituel, de l'éducation, des soins et dans un grand nombre d'autres secteurs. La collaboration entre les pouvoirs publics et les cultes et le bouddhisme revient donc à investir dans le rôle sociétal et l'impact positif que ces derniers ont en Belgique.

4. Accompagnement spirituel professionnel dans les services de santé et d'aide sociale

Dans ce contexte sociétal élargi aux élections de 2024 et à la contribution positive des convictions religieuses et philosophiques à la société belge, les cultes reconnus souhaitent également appeler à travailler, lors de la prochaine législature, à un cadre juridique pour la profession d'accompagnateur spirituel. Ce cadre doit garantir un accompagnement spirituel accessible, transparent et professionnel comme partie intégrante des soins globaux pour tous les demandeurs de soins.

La recherche scientifique démontre très clairement le lien entre le bien-être mental et spirituel et même entre le bien-être physique et spirituel dans le cadre des soins palliatifs.

Les représentants des religions reconnues demandent donc qu'un accompagnateur spirituel formé professionnellement puisse être un membre intégré et subventionné d’une équipe interdisciplinaire, conjointement responsable d'une prise en charge totale et qualitative du patient, dans le cadre d'une actualisation de la loi relative à l'exercice des professions de santé.

5. Financement

Les cultes reconnus et le bouddhisme demandent aux différents partis politiques et aux futurs gouvernements de notre pays de continuer à investir dans leur financement. Grâce à leur rôle social positif, il s'agit sans aucun doute d'un investissement rentable dans la cohésion sociale, le bien-être mental, l'éducation et la solidarité mutuelle.

Ces dernières années, les pouvoirs publics se sont engagés de façon positive dans la reconnaissance et le financement des cultes. Le gouvernement flamand a travaillé à un nouveau décret de reconnaissance des communautés religieuses locales. Nous espérons que la prochaine législature pourra effectivement procéder à la reconnaissance des communautés qui en ont fait la demande et qui ont reçu une évaluation positive. Bien plus que la nécessité d'interdire le financement en provenance de l’étranger dans le contexte des mesures antiterroristes, c'est le rôle constructif des communautés religieuses locales pour la vie de la communauté qui est en jeu ici.

Le gouvernement fédéral a pris des mesures importantes pour reconnaître le bouddhisme. Nous espérons que les prochains gouvernements continueront à travailler de façon constructive à la reconnaissance et au financement équitables des cultes et convictions philosophiques dans notre pays.

Carlo Luyckx, Président de l'Union Bouddhiste de Belgique
Jack McDonald, Président du Comité Central du Culte Anglican en Belgique
Esma Uçan, Présidente du Conseil Musulman de Belgique
David Vandeput, Président du Synode Fédéral
Steven Fuite, Président de l'Église Protestante Unie de Belgique
Athenagoras Peckstadt, Métropolite de l'Église Orthodoxe de Belgique
Philippe Markiewicz, Président du Consistoire Central Israélite de Belgique
Luc Terlinden, Président de la Conférence des Évêques de Belgique

SERVICE DE PRESSE ET D'INFORMATION DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE BELGIQUE

Catégorie : Communiqués

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