En lien inattendu avec l’exposition namuroise (lire ci-contre), le roman Arctique solaire de Sophie van der Linden plonge le lecteur aux côtés de la peintre suédoise Anna Boberg (1864-1935). Dans cette biographie romancée, l’écrivaine évoque un épisode particulier de la vie d’une artiste vieillissante. Ce faisant, elle met en exergue la volonté de cette dernière, confrontée aux éléments naturels.
Partie s’installer, seule, quelques mois dans l’archipel des Lofoten, au nord de la Norvège, Anna Boberg relève le défi de se consacrer pleinement à son art pictural. Et d’évoquer çà et là son mari, l’architecte Ferdinand Boberg. Etonnamment, ce livre pourrait être considéré comme un roman d’amour, malgré l’absence de l’un des deux protagonistes. "Il faut que je tienne. Que je ne me laisse pas attendrir par le manque de toi. Que j’aille au bout du temps que je me suis donné."
Et cette femme, plutôt fantasque et résolue, de se prêter à tous les paris pour peindre là et comme elle l’entend. C’est ainsi qu’elle se retrouve embarquée sur un navire de pêche, alors que la présence féminine y est interdite… Sa conclusion? "Le pape et cinq couronnes à la journée ont eu raison d’indéboulonnables traditions."
"Lignes, points, traits, la manière même dont j’ai appliqué la peinture dissocie les éléments fondamentaux autant que les teintes. Je ne sais si on le remarquera, mais j’aimerais qu’on le ressente." Le geste créateur chevillé au corps, l’autodidacte poursuit un songe: celui de la reconnaissance dans son pays natal.
Angélique TASIAUX
📚 Sophie van der Linden, Arctique solaire. Denoël, 2024, 128 p.
