Professionnels du travail social et bénévoles : une entente impossible ?


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Professionnels du travail social et bénévoles : une entente impossible  ?
Par Peter ANNEGARN
Publié le
3 min

A l'occasion d'un webinaire sur le sans-abrisme, organisé par la Fondation Roi Baudouin, un intervenant s'est permis une sortie ironique sur les bénévoles actifs dans le travail social "bien sympathiques qui donnent une petite soupe et une tartine aux SDF". Dans une carte blanche, le président de Caritas Secours francophone remet les points sur les "i" et tient à saluer l'apport indispensable de ces "petites mains" dans la lutte contre la pauvreté.

Le 27 mars dernier, dans le cadre d’un projet européen, la Fondation Roi Baudouin organisait un webinaire afin de présenter les résultats d’une enquête pionnière sur l’estimation quantitative du sans-abrisme en Belgique.

Cette enquête, menée en collaboration par l’Université catholique de Louvain et sa consoeur flamande, offre une contribution de grande qualité à toute politique visant à renforcer la cohésion sociale, dont on sait à quel point elle est chancelante, chez nous comme ailleurs.

A la suite de cette présentation, un intervenant s’est félicité, à raison, des progrès réalisés depuis une trentaine d’années en matière de professionnalisation du travail social. Sans nier l’ampleur des défis et des difficultés, il s’est vigoureusement inscrit en faux contre un défaitisme trop souvent répandu, soulignant que la pauvreté n’était pas une fatalité. Oui, il possible d’aider des personnes à se remettre debout.

Lors de son intervention, hélas, il n’a toutefois pu s’empêcher de glisser des propos ironiques sur ces bénévoles « bien sympathiques qui donnent une petite soupe et une tartine aux SDF qui sont dans la rue ».

Ils y mettent du « temps, du talent et du cœur »

A Caritas Secours, ces propos nous ont attristé. Car si nous sommes convaincus de l’intérêt de professionnaliser le travail social, et également conscients de la difficulté qu’éprouvent de nombreux professionnels à collaborer avec des volontaires, qui font parfois preuve d’un manque de reconnaissance et d’intérêt pour la qualité de leur travail, ces derniers apportent, selon nous,  malgré tout, eux aussi, une contribution essentielle.

La lutte contre la pauvreté n’est, en effet, pas la chasse gardée des professionnels du travail social et ce combat ne pourrait être mené sans l’apport indispensable d’un nombre incommensurables de « petites mains » plus que nécessaires.

D’abord, parce que la pauvreté résulte largement de facteurs structurels dont, en particulier, l’effritement du lien social, largement mis en lumière durant le débat en question.  Le seul accompagnement professionnel ne suffit pas.  Protéger et réparer ce lien social est l’affaire de tous. Lorsque des bénévoles s’engagent en consacrant aux autres, selon les mots de Jean-Jacques Goldman, du « temps, du talent et du cœur », ils méritent, eux aussi, reconnaissance et respect.

Ensuite, parce que, comme l’analysait déjà Paul Ricoeur, il y a plus de 60 ans déjà, si nous avons besoin des solidarités « froides », et parfois très « longues », nous avons aussi besoin des solidarités chaudes, réconfortantes, riche d’humanité, même si elles sont aussi, parfois, plus « brèves ».

Ce fossé d’incompréhension, voire même, parfois, de franche hostilité entre professionnels et volontaires est non seulement pénible, pour celles et ceux qu’il concerne directement, mais il est  surtout, lourd de conséquences pour les personnes bénéficiaires que, professionnels et bénévoles, ont l’ambition de servir.

Une opinion de Peter ANNEGARN
Président de Caritas Secours

(chapô de CathoBel)

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