Des paroles du pape François insultantes envers les personnes homosexuelles, prononcées devant les évêques italiens ont été diffusées dans la presse italienne dans la soirée du 27 mai 2024. Provoquant la consternation et l’incompréhension. Via un communiqué publié ce jour, le pape a présenté ses excuses à ceux qui se sont sentis offensés par l'utilisation d'un terme rapporté par d'autres.
Lors d’une rencontre en privé au Vatican, le 20 mai dernier, avec 200 évêques italiens réunis en assemblée générale, le pape François aurait utilisé une expression italienne insultante – frociaggine – pour désigner des personnes homosexuelles, en recommandant aux évêques de ne plus accepter de gays dans les séminaires. Ses paroles ont été rapportées par le site Dagospia, puis confirmées par des quotidiens comme La Repubblica et le Corriere della Sera.
Le pape répondait dans cette conversation à une question portant sur l’homosexualité dans les séminaires, une thématique sur laquelle travaillent actuellement les évêques italiens. Dans une instruction en 2005, le Vatican demandait de "ne pas admettre au séminaire et aux ordres sacrés ceux qui pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce qu’on appelle la culture gay".
Selon La Repubblica, le pontife aurait réitéré sa ferme opposition à l’entrée d’un candidat homosexuel au séminaire, craignant que celui-ci ne vive par la suite une "double vie" en continuant à pratiquer son homosexualité "tout en souffrant de cette dissimulation".
Un "dérapage" qui ne reflète pas la pensée du pape
Ses propos et son usage d’une parole à connotation très offensante ont suscité "l’incompréhension" parmi les observateurs du monde romain. Dans les couloirs du Vatican, on regrette cette "désinvolture dans les expressions de la part d’une autorité de son rang".
"Ce n’est pas l’expression d’un mépris du pape", tempère cependant une source vaticane à l'agence I.MEDIA. Et de faire valoir le fait que l’italien n’étant pas la langue maternelle du pontife argentin, celui-ci a pu utiliser un mot étranger "dont il connaît le sens" mais qui n’aurait pas pour lui la même connotation insultante.
Pour cette source, ce "dérapage" regrettable ne "reflète pas du tout sa pensée". Elle ajoute que le pape a "toujours eu des mots très en avance sur l’accueil des personnes homosexuelles, il a ouvert des portes".
Le bureau de presse du Saint-Siège a d'ailleurs réagi ce jour, en indiquant que le pape était au courant des articles publiés sur cette conversation à huis-clos avec les évêques italiens . Dans un communiqué, il a rappelé les mots du pape, repris à de nombreuses occasions: "Dans l'Eglise, il y a de la place pour tout le monde! Personne n'est inutile, personne n'est superflu." Sans nier avoir tenu les propos qui lui ont été attribués, le chef de l’Église catholique affirme qu’il "n’a jamais eu l’intention d’offenser ou de s’exprimer en termes homophobes" et il présente ses excuses à ceux qui se sont sentis offensés par l'utilisation d'un terme rapporté par d'autres.
P.G. (avec Cath.ch)