Retrouvez le commentaire de l’évangile du 5e dimanche de Pâques B par Marie-Thérèse Hautier: « Passeurs de sève »


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Retrouvez le commentaire de l’évangile du 5e dimanche de Pâques B par Marie-Thérèse Hautier: « Passeurs de sève »
Par Marie-Thérèse Hautier
Publié le - Modifié le
3 min

"Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron" [Jn 15,1-8]. L'Evangile du jour nous présente l'allégorie de la vigne et les sarments. Voici le commentaire qu'en fait Marie-Thérèse Hautier, bibliste et aumônière aux Soins Palliatifs des Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles).

L’évangile de Jean est un bon compagnon de route durant le temps pascal. Il élargit et approfondit notre réflexion sur ce que signifie être disciple du Ressuscité. Ce sont différentes variations, propres à Jean, qui nous sont offertes. Ainsi, dimanche passé, Jésus était présenté comme le bon pasteur, le vrai berger. Aujourd’hui, tout démarre à nouveau par un "Je suis". L’affirmation est claire, directe. C’est Jésus qui se présente et se dit, ce qui n’est pas très fréquent dans les évangiles. L’affirmation vient de très loin, on en trouve une première formulation lors de la rencontre de Moïse au buisson ardent (Ex 3,14) où Dieu dit: "Je suis qui je suis." Mystérieuse affirmation pour laquelle l’évangéliste pourrait nous fournir aujourd’hui une nouvelle clé d’interprétation.

De ce "je suis" découle un "vous êtes" qui lui est intimement lié. Le point de départ est une identité. Avant toute action, il y a lieu de se positionner. Le point de départ est une qualité d’être, préalable à tout engagement. Qui suis-je par rapport au Christ? Et par rapport aux autres? Un sarment vivant est en lien avec la vigne, il en reçoit la sève.

Dans un deuxième temps, la sève ne se garde pas pour soi, elle continue de circuler pour porter du fruit. Etre sarment ne se joue pas simplement dans la réceptivité, il y a aussi une responsabilité qui s’en dégage. Le don reçu se partage et se transforme.

Demeurer

"Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit." L’évangéliste insiste beaucoup (à 8 reprises!) sur l’action de demeurer. Le mot revient encore et encore, comme pour qu’il imprègne la mémoire de notre cœur, pour qu’il soit en nous comme un réflexe acquis. Comme un repère lorsque nous sommes entraînés ailleurs, distraits de nous-mêmes. Il implique une durée, il s’inscrit dans le temps, comme un fil conducteur dans la trame de nos vies.

Il montre aussi la réciprocité de personne à personne. Les sujets du verbe sont "je" et "vous": l’enjeu essentiel est la relation de chacun des disciples avec le Christ.

Porter du fruit

S’articulant avec le verbe demeurer, on trouve l’expression: porter du fruit. L’un ne va pas sans l’autre. L’image est simple: c’est bien du raisin que l’on trouvera sur la vigne. Évidemment. Essayons d’en ouvrir le sens un peu plus largement. C’est de l’ordre d’une responsabilité, qui s’oriente vers autrui. D’une manière ou d’une autre, il existe sans doute bien des façons de porter du fruit. D’être féconds, d’être passeurs de sève, de vie. Au-delà d’un repli sur soi, d’un sentiment d’incapacité, de tout ce qui peut nous bloquer.

Et si Jésus évoque aussi la purification du sarment par la taille, je dirais qu’il s’agit de la taille de la vie, qui nous émonde, qui coupe court à nos illusions, pour persévérer, mais débarrassés de ce qui empêche la sève de circuler, de ce qui produit du bois mort. Puis-je vous (nous) laisser avec cette question: quel fruit porter? Et pour qui? Eléments de réponse: dimanche prochain.

Marie-Thérèse HAUTIER

Catégorie : Sens et foi

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