Depuis des mois, l’est de la République Démocratique du Congo est en crise et en proie au bon vouloir des rebelles du M23. Le drame de cette région est d’être riche en minerais convoités par beaucoup. Mais cette crise est loin d’être la première ou la dernière qui a lieu dans le pays.
Ce n’est plus un secret pour personne : la région du Kivu est aux mains des rebelles qui contrôlent les mines de métaux précieux de la région. Le M23, le mouvement du 23 mars, a pris le pouvoir, poussant sur les routes des centaines de milliers de ménages.
Répondre aux besoins les plus importants
Tous ces déplacés se retrouvent aujourd’hui massés dans et autour de quelques villes. Cela crée des problèmes majeurs notamment en ce qui concerne les besoins de base. Comme l'a expliqué Gilles Cnockaert, porte-parole de Caritas, les branches locales de Caritas tentent de répondre au mieux à ces besoins.
Le premier d’entre eux est l’accès à l’eau. « Si on met une maison ou une hutte à disposition d’une famille, il leur faut de l’eau, au moins pour les sanitaires, » nous explique-t-il. Les autres besoins primaires des déplacés peuvent aller d’ustensiles du quotidien comme des casseroles, à de la protection. Mais le plus important reste la dignité.
Aujourd’hui, Caritas Congo a lancé un appel aux autres branches de Caritas international via un appel d’urgence afin de répondre au mieux à la demande.
Une richesse empoisonnée
Si la région attire tant les convoitises, c’est que ses sols sont riches en minerais dont nous avons cruellement besoin. Pourquoi faire ? Pour nos téléphones, nos ordinateurs, les batteries de voitures électriques, etc. La liste est longue. Et comme on peut s’en douter, cela n’attire pas que le M23.
Il y a peu, l’Union européenne a signé un protocole d’accord avec le Rwanda pour l’exportation de ces minerais. Le hic : le Rwanda n’en a pas. Ce sont les métaux minés en RDC qui transitent par le pays voisin avant de se retrouver chez nous. On peut alors se poser la question de l’éthique derrière un tel accord.
Pour Gilles Cnockaert, cet accord pourrait permettre à l’Union de mieux contrôler les conditions de minage et de plus facilement tracer les minerais. Et bien que les mines « artisanales » soient dangereuses, les mines à ciel ouvert pourraient être considérées par les familles comme une aubaine pour subvenir à leurs besoins.
Face à lui dans Décryptages, Christophe Renders, chargé d’analyse et d’animation au Centre Avec, en doute. Pour lui, on ne vit pas forcément mieux en travaillant dans les mines à ciel ouvert ou non. Cela pollue d’ailleurs l’eau des cours d’eau alentour et donc l’agriculture. Au lieu de mettre de l’argent dans ces mines où l’on travaille dans de piètres conditions, il vaudrait mieux investir dans l’agriculture locale qui permettrait elle aussi à la population de mieux vivre.
Des crises d’est en ouest
Si le conflit au Kivu est aujourd’hui connu, les regards devraient également se tourner vers l’ouest du pays. Dans la province du Mayombe, un conflit d’origine foncière a pris des proportions qui ressemblent à la crise de Kassaï en 2018-2019. À l’heure actuelle, 400 000 personnes dans le bassin de Kinshasa sont déplacées et le quintuple affecté.
Toutes ces personnes sont prises en tenaille entre une milice et l’armée régulière. Lors de son intervention dans Décryptages, Gilles Cnockaert nous expliquait que Caritas est l’une des rares organisations qui peuvent agir sur place. Et leurs actions se font dans des conditions relativement difficiles.
« Nous sommes pris au dépourvu et surpris par l’ampleur que prend cette situation à la frontière de Kinshasa, » confie-t-il. « C’est vraiment un motif de préoccupation et un endroit que nous voulons mettre sur la carte pour le moment. »