Pour le Patriarcat de Moscou, «Fiducia» contredit la morale chrétienne


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Pour le Patriarcat de Moscou, «Fiducia» contredit la morale chrétienne
Le patriarche de Moscou Cyrille Ier a sollicité le document sur Fiducia supplicans | © Saint-Petersburg Theologian/Flickr/CC BY-ND 2.0
Par Cath.ch
Publié le
3 min

Le Patriarcat de Moscou a publié le 25 mars 2024 une évaluation théologique de Fiducia supplicans. Le texte très critique estime notamment que la déclaration vaticane «légitime un style de vie pécheur».

Avec Fiducia supplicans, le dicastère pour la Doctrine de la foi a délivré en décembre 2023 un document qui a fait couler beaucoup d’encre. Autorisant la bénédiction non-liturgique des couples en situation irrégulière, y compris de même sexe, la déclaration a provoqué des réactions très contrastées, également au sein de la communion catholique. D’autres confessions chrétiennes ont clairement rejeté le document. Cela a été le cas récemment de l’Eglise copte orthodoxe, qui a suspendu son dialogue théologique avec Rome.

Rejet des «normes divinement révélées»?

C’est à présent au tour de l’Eglise orthodoxe russe de se distancier du document, rapporte l’agence d’information vaticane Fides. Elle le fait dans un texte publié le 25 mars et rédigé sur instruction du Patriarche Cyrille Ier par la Commission synodale biblico-théologique du Patriarcat de Moscou. Le document estime que «bien que la déclaration Fiducia supplicans soit un document interne de l’Église catholique, l’Église orthodoxe russe considère de son devoir de répondre à de telles innovations radicales qui rejettent les normes divinement révélées de la morale chrétienne».

Pour le Patriarcat de Moscou, «l’amour de Dieu pour l’homme ne peut pas être la base de la bénédiction des couples qui cohabitent dans le péché. (…) Par conséquent, la sollicitude pastorale doit combiner harmonieusement l’indication claire de l’inadmissibilité d’un style de vie pécheur et l’amour qui conduit à la repentance». Plus loin, le document juge que «le texte de la déclaration est formulé de telle manière que l’on peut en déduire qu’un mode de vie pécheur n’est pas un obstacle à la communion avec Dieu. »

La Commission orthodoxe considère que «dans le contexte des processus en cours dans la communauté chrétienne, ce document (Fiducia supplicans, ndlr) peut être perçu comme une étape vers la pleine reconnaissance par l’Église catholique romaine des ‘unions de même sexe’».

Les autres Eglises orthodoxes étudient le document

Selon le média américain National Catholic Reporter (NCR), les théologiens des 14 autres grandes Églises orthodoxes dans le monde, qui représentent ensemble quelque 220 millions de chrétiens, seraient également en train d’évaluer Fiducia Supplicans. Les Eglises de Serbie et de Grèce ont condamné la législation sur les unions entre personnes du même sexe, récemment adoptée dans ce dernier pays.

L’Église russe a toujours rejeté l’homosexualité, qu’elle considère comme un «péché nuisible à la nature humaine». Le Patriarcat de Moscou a soutenu les amendements constitutionnels de juillet 2020 qui consacrent le mariage comme «l’union d’un homme et d’une femme» et a exigé la pleine mise en œuvre de l’interdiction du mouvement LGBT en Russie.

Le chef de l’Eglise orthodoxe russe, le Patriarche Cyrille, a été largement critiqué eu égard à son soutien à l’invasion de l’Ukraine et sa proximité avec Vladimir Poutine.

Raphaël Zbinden


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