Synode : la Conférence Catholique des Baptisé.e.s Francophones réclame plus de diversité et de participation pour l’Eglise de demain


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Synode : la Conférence Catholique des Baptisé.e.s Francophones réclame plus de diversité et de participation pour l’Eglise de demain
Dans un texte intitulé "Comment être une Église en mission ?", la CCBF (logo) fait diverses propositions afin de contribuer à la deuxième phase du synode des évêques sur la synodalité.
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
6 min

Suite à l’appel du pape François qui demandait le 12 décembre 2023 à tous les baptisés de s’impliquer dans cette deuxième phase consultative du synode, la CCBF, mouvement de baptisés, a souhaité apporter sa contribution, conformément à sa responsabilité baptismale.

Qu'est-ce que la CCBF ? Et quelle mission poursuit-elle ?

La Conférence Catholique des Baptisé.e.s Francophones se présente comme un réseau de personnes et d'associations qui rassemble des chrétiens d'ouverture, heureux de construire l'église de demain loin des postures identitaires et cléricales. La CCBF naît fin 2009 sous l'impulsion de deux femmes journalistes, personnalités marquantes de la gauche chrétienne : Christine Pedotti et Anne Soupa. Un an plus tard, les deux fondatrices présentent la position de la CCBF, ses missions et principes fondateurs, dans un livre décapant intitulé Les pieds dans le bénitier. Dedans, elles dénoncent notamment les limites de la gouvernance ecclésiale et les excès du cléricalisme.

Encore aujourd'hui, la Conférence Catholique des Baptisé.e.s Francophones contribue, à travers ses prises de position et ses nombreux projets (formations, conférences, forums de discussion, célébrations...), à se mettre dans le sillage de l'Eglise prônée par le pape François.

Il existe actuellement en Belgique un groupe local qui relaie l'action de la CCBF : les Baptisé-e-s en marche de Belgique. L'antenne belge est née en 2011 suite à la parution du livre Les pieds dans le bénitier. Comme leurs homologues français, le désir des Baptisé-e-s en marche de Belgique est de contribuer, là où ils se trouvent, à modeler le visage d’une Église qui annonce l’audace de la liberté évangélique, et d’encourager la responsabilité des femmes et des hommes baptisés d’aujourd’hui.

Que propose la CCBF en vue de la session conclusive du Synode ?

Dans la logique de la démarche synodale, la Conférence Catholique des Baptisé.e.s Francophones apporte, ce 10 mars 2024, sa contribution à la deuxième phase du synode. Dans un document intitulé "Comment être une Église en mission ?", la CCBF s'attaque à la problématique de la gouvernance dans l'Eglise et ce, à travers quatre points d'attention repris dans le document de synthèse d'octobre dernier :

  • L’évêque dans la communion ecclésiale (point 12 p. 25) ;
  • Vie consacrée et associations de fidèles : un signe charismatique (point 10 p. 22) ;
  • L’Église de toute tribu, langue, peuple et nation (point 5 p. 13) ;
  • En vue d’une Église qui écoute et qui accompagne (point 16 p. 32).

Pour chacun des points mentionnés ci-dessus, la CCBF a élaboré diverses propositions, toutes soucieuses de la pleine participation des laïcs. Comme l'indique Paule Zellitch, présidente de la CCBF, "elles sont le fruit du travail d'un nombre important de catholiques qui répondent à l'appel du pape François".

1) L’évêque dans la communion ecclésiale

Pour la CCBF, le fonctionnement de la gouvernance gagne en pertinence en reposant sur une approche participative. Le rôle de l’évêque dans son diocèse (dialoguer, discuter, informer, rendre compte) doit consister à renforcer le lien et la cohérence entre les avis des conseils représentatifs et les décisions finales.

Cela implique notamment que la composition des différents conseils soit représentative de la réalité des sensibilités présentes dans chaque diocèse et que les membres de ces conseils soient proposés et choisis par les représentants des différentes sensibilités, constituées ou pas en mouvements et associations.

Dans le fonctionnement des conseils, sur certaines questions, il est souhaitable d’introduire la notion "d’avis conforme" respecté par tous, qui oblige l'autorité de l'évêque.

En résumé, sans remettre en cause sa fonction et son rôle, l’évêque peut être le facilitateur et le catalyseur dans le processus de "fabrication" de l’unité auquel participent tous les membres de l’Église: "ce qui concerne tout le monde doit être discuté et approuvé par tout le monde" selon le vieil adage de Cyprien de Carthage.

2) Vie consacrée et associations de fidèles : un signe charismatique

La réflexion de la CCBF concerne les formes de réunion de fidèles, non réduites à leur seul aspect juridique (droit canon inclus) ; elle intègre tous ceux qui attachés à leur baptême et à l’évangile, pour une raison ou une autre, se tiennent éloignés des structures de l’Église.

Dans cette optique, la CCBF propose d'adapter l’exercice de la gouvernance dans l’Église de manière à promouvoir et à reconnaître, au sein d’un dialogue institutionnalisé, la légitimité des réunions de baptisés.

Ils demandent également de faire reconnaître la réalité des communautés ecclésiales, notamment hors des villes, qui ne sont plus desservies par un prêtre et faciliter leur existence notamment par la mise à disposition de lieux de réunions.

Il est aujourd'hui nécessaire d'encourager et soutenir cette forme de la vie de l’Église qui devient une réalité fréquente dans nombre de territoires ruraux comme aussi en ville.

3) L’Église de toute tribu, langue, peuple et nation

Pour ce point, le mouvement des baptisés francophones s'est penché sur deux questions cruciales :

  • Comment cultiver la sensibilité à la richesse et à la variété des expressions de l’Être de l’Église ?
  • Quels processus entreprendre afin de revitaliser la communion ?

Il en est ressorti différentes propositions. Tout d'abord, la CCBF propose d'adopter les principes de la décentralisation et de la subsidiarité dans la gouvernance de l’Église. Et ce afin d'associer réellement les fidèles et prendre les décisions au niveau le plus approprié, ce qui facilitera leur réception.

Face à la variété des expressions au sein de l'Eglise, la CCBF demande que soient reconnues les spécificités culturelles, ce qui implique une certaine "déconcentration" dans l’exercice du pouvoir romain.

Pour que l'Eglise devienne l'Eglise de tous les peuples, il faut une prise en compte de la pluralité sociologique des différentes communautés qui la composent.

Enfin, la Conférence Catholique des Baptisé.e.s Francophones propose d'adapter, sans le réduire, le langage de l’Église à la culture des auditeurs. Mais aussi de développer la culture du dialogue et du débat pour une meilleure appréhension de la diversité.

4) En vue d’une Église qui écoute et qui accompagne

Pour ce dernier point, la CCBF propose que l'Eglise renoue le lien et rejoigne ceux si nombreux qui partis, restent attachés au témoignage de l’évangile.

Pour les Baptisé.e.s francophones, il faut accueillir et intégrer sans prérequis ceux qui veulent vivre de l’évangile. Les situations juridiques personnelles, au vu du droit de l’Église (couples divorcés-remariés, non mariés sacramentellement, couples de même sexe), ne doivent être disqualifiantes.

Pour tenir à distance les replis identitaires et l’entre-soi, la CCBF propose de mieux prévenir et prendre en compte les risques d’exclusion inhérents à toute communauté humaine.

Pour eux, il est grand temps de reconnaître qu’il existe une forme de vie d’Église hors du cadre paroissial et lui faire place dans la communauté ecclésiale.

Enfin, la Conférence Catholique des Baptisé.e.s Francophones demande de permettre aux baptisés de prendre la parole dans l’Église pour rendre tangible le témoignage concret et le contenu de la foi. Concrètement, cela consiste à reconnaître leur place dans les célébrations liturgiques sous forme de prédication, établir la mixité dans les services de l’autel et de l’assemblée et faciliter le développement de partages de la parole.

👉 Retrouvez ici l'intégralité de la contribution de la CCBF pour le Synode

C.L. (avec cp)


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