« Entre saint Joseph et la Vierge Marie, il n’y a pas de concurrence mais bien de la complicité » livre frère Marc, fondateur de la fraternité de Tibériade. Emu, heureux, il n’est pas peu fier de les réunir, dès le 19 mars prochain, à Beauraing, au sanctuaire. Cette sculpture en bronze de saint Joseph portant sur ses épaules l’Enfant Jésus, fruit de son travail d’artiste-artisan y sera dévoilée. Elle est à elle seule une catéchèse.
En juin dernier, dans son ermitage de Neuville-Martouzin (article du mois de juin), frère Marc maniait une ultime fois la gouge, sa sculpture constituée de tiges métalliques et de bois, le tout recouvert d’un mélange de tissus et de plâtre, était -enfin- terminée. Quelques heures plus tard, la sculpture quittait la région de Beauraing pour séjourner de longs mois dans un atelier de fondeurs d’art à Gand. Un travail minutieux y a été mené. Pour certaines étapes plus délicates, frère Marc était présent. Et serein. « Ce sont des professionnels, j’avais confiance. »
Sa sculpture a été réalisée sur base d’une technique antique, celle de la cire perdue. La sculpture de départ est recouverte de fines couches de silicone qui formeront un moule qui sera rempli de cire. Les étapes s’enchaîneront dont un passage de plusieurs heures dans un four jusqu’à ce que le bronze en fusion soit finalement coulé. L’œuvre n’en est pas pour autant terminée. Reste à la sabler et à patiner le bronze. Une ultime étape qui s’est faite en présence du frère Marc. Les différents oxydes chauffés grâce à un impressionnant chalumeau donnent la patine, un vécu à la sculpture. Une étape délicate confiée à Sarah qui travaille parmi les fondateurs. La jeune femme a suivi scrupuleusement les indications du religieux.
Une fois terminée, la sculpture a repris la route, vers Beauraing, cette fois. Jusqu’au 19 mars, jour de la saint Joseph, elle reste cachée sous un drap.
« Un monde des assis »
Le frère Marc est un artiste-artisan fier d’avoir mené à son terme cette aventure de deux ans. Fasciné par saint Joseph, il a voulu en faire une sculpture qui trouverait sa place à Beauraing, près de Marie. Saint Joseph fait partie de sa vie et depuis bien des années. Quand il a eu l’idée de créer la fraternité de Tibériade, il peinait à trouver des frères prêts à le rejoindre dans cette folle et belle aventure. « J’ai prié saint Joseph dans la foi. Je crois en la communion des saints. Et puis un jour j’ai rencontré… Joseph, menuisier et charpentier ! Il m’a rejoint. Un frère qui est, 35 ans plus tard, toujours parmi nous. »
Fascination pour le saint mais aussi pour le menuisier-charpentier qu’était Joseph. « Aujourd’hui, nous sommes dans un monde des assis ! Il faut montrer la beauté du travail des artisans et en reconnaître la valeur. » Frère Marc regarde ses mains larges, puissantes… celles d’un homme habitué aux travaux rudes. Ce sont ses mains qui l’ont inspiré pour sculpter celles de saint Joseph. Dans les plis de son manteau, une catéchèse. Du blé. Saint Joseph n’a-t-il pas été le père nourricier de Jésus ? Une aile de colombe, aussi (la photo). Frère Marc : « Joseph s’est laissé guider par l’Esprit Saint. Il y a aussi une rose car Joseph n’arrête pas de penser à Marie. »
L’Enfant Jésus est lui juché sur les épaules de son père. Le religieux sculpteur a voulu ainsi symboliser les papas d’aujourd’hui. Frère Marc est intarissable. Ce travail lui a demandé beaucoup de temps et a fait naître, chez lui, quelques angoisses lorsqu’il sculptait, par exemple, le visage de l’enfant. Il le voulait souriant, y lire la complicité avec son père…
Lorsqu’il raconte la vie simple, la vie d’amour de « son » Joseph, c’est une véritable invitation à le prier qu’il nous adresse à tous. Frère Marc : « Joseph est dans tout ce qui commence. Avec Marie et l’enfant, il a constitué une première église. »
Il faudra encore patienter quelques semaines avant de réunir, sur le site du sanctuaire, Joseph et Marie. La très belle statue en marbre de Carrare de la Vierge Marie a quitté le Jardin des apparitions (l’article lié au départ de VM) pour un atelier bruxellois de restauration. Un travail qui devrait être terminé à la fin du mois d’avril. Marie sera de retour à Beauraing pour le 1er mai, date de l’ouverture de la saison mariale.
Christine Bolinne
Le mardi 19 mars, jour de la Saint-Joseph, une eucharistie sera célébrée à Beauraing, à l’église du Rosaire. Elle sera présidée par le Frère Marc Piret. A l’issue de l’eucharistie, cette sculpture sera bénie. Dans le socle, une entaille est prévue afin d’y glisser des intentions de prière qui seront portées par la communauté de Beauraing et par les frères et les sœurs de Tibériade.