La guerre en Ukraine dure depuis maintenant deux ans et bien qu’elle paraisse stagner sur le terrain, Vladimir Poutine ne semble pas écarter l’envie de franchir une nouvelle étape. Repousser ses frontières encore plus loin pourrait signifier une menace pour l’UE et l’OTAN, même si « pratiquement personne ne veut voir une troisième guerre mondiale »
La réélection de Vladimir Poutine à la présidence russe n’a surpris personne. Cependant, elle nous oblige à nous poser des questions que nous aurions sans doute préféré éviter. La première est la suivante : une confrontation directe entre l’OTAN et la Russie est-elle envisageable ? Une seconde question en découle : si cette confrontation devait avoir lieu, serait-ce le début d’une troisième guerre mondiale ?
Une histoire expansionniste
Avant de répondre à ces deux questions faites de suppositions, nous devons nous attarder sur ce qui se passe actuellement, c’est-à-dire la guerre en Ukraine. Depuis un peu plus de deux ans maintenant, les troupes russes tentent de conquérir du territoire. C’est en fait toute l’histoire de la Russie et de l’URSS qui pourrait se résumer pratiquement à une envie de grapiller du terrain sur les pays et régions alentours. Si le conflit actuel semble stagner avec, de temps en temps, une petite victoire d’un côté ou de l’autre, il n’en inquiète pas moins les anciens États satellites de l’URSS. Ainsi, la présidente estonienne, Kaja Kallas, souhaite que l’Union européenne et l’OTAN continuent de soutenir l’Ukraine. Car si la Russie devait sortir victorieuse de la guerre qu’elle a engagée, personne ne sait jusqu’où Poutine déciderait ensuite d’en repousser les frontières.
Des décisions politiques, des conséquences économiques
Continuer à soutenir l’Ukraine, c’est bien ce qui semble prévu du côté des Occidentaux. Aux Etats-Unis, Joe Biden tente de faire approuver de nouveaux paquets d’aide aux en faveur de l’Ukraine, l’Europe en a encore débloqué récemment et l’OTAN ne cesse de demander l’accélération de la production militaire pour pouvoir fournir à Volodymyr Zelenski les moyens dont il a besoin pour résister à l’armée russe. Ces décisions coûtent évidemment énormément de moyens financiers aux pays et aux institutions. Cela dit, c’est notre sécurité que nous achetons. En effet, tant que nous soutenons l’Ukraine, nous nous assurons que Vladimir Poutine ne puisse pas atteindre les frontières de l’UE et de l’OTAN.
Le résultat des élections américaines au mois de novembre pourrait peser dans la balance. Donald Trump a d’ores et déjà annoncé qu’il ne prendrait pas la défense de toute une série de pays de l’OTAN qu’il estime être de mauvais payeurs. Il a aussi suggéré vouloir ouvrir des négociations avec le Kremlin que l’on n’imagine pas être favorables de l’Ukraine.
Non aux négociations
S’il y en a un qui se refusera jusqu’au bout de négocier avec Poutine, c’est bien le président ukrainien, Volodymyr Zelenski. C’est ce qui ressort en tout cas de sa réaction à la déclaration du pape François qui, en interview, a appelé au « courage des négociations. » On le voit donc mal accepter des négociations avec Donald Trump comme médiateur. Pour Zelenski, négocier serait comme rendre les armes et abandonner le territoire de l’Ukraine à l’envahisseur. Et cela, on s’en doute, est inacceptable pour lui comme pour son peuple. En réponse au pape il a déclaré : "notre drapeau est jaune et bleu. C'est le drapeau pour lequel nous vivons, nous mourrons et triomphons. Nous ne hisserons jamais d'autres drapeaux".
La nécessité d’une OTAN forte
Il est aujourd’hui tentant de faire le parallèle avec la seconde guerre mondiale. C’est ce qu’a rappelé Kaja Kallas, la présidente estonienne, en marge du dernier sommet européen où l’Ukraine et la défense étaient au cœur des discussions. Aujourd’hui, nous avons des institutions comme l’OTAN qui devraient nous assurer la paix ou en tout cas une défense efficace. Pour l’instant, la Russie semble avoir peur d’attaquer l’OTAN et il ne faudrait pas que cela change. Il est donc plus que nécessaire que l’Alliance se montre unie et forte. L’erreur serait de laisser croire à Poutine que nous avons peur et que nous pourrions le laisser faire.
Une troisième guerre mondiale ?
Donner une réponse simple aux questions que nous nous posions au début de cet article est difficile voire impossible. Personne n’est d’ailleurs en mesure d’affirmer quoi que ce soit avec certitude. Oui, si la Russie devait l’emporter sur l’Ukraine, une confrontation directe avec l’OTAN est imaginable. Dans ce cas, les jeux d’alliance à travers le monde pourraient en effet générer une troisième guerre mondiale. D’un autre côté, la distribution des pions serait déterminé en fonction des élections américaines, comme nous le disions plus haut. Heureusement, nous n’en sommes pas encore là. Et comme Vladimir Poutine l’a dit lui-même lors de son discours de victoire : "très peu de personnes souhaitent voir une troisième guerre mondiale".
Armelle DELMELLE