Depuis le 7 octobre 2023, les cas de violence et de propos antisémites ont fortement augmenté dans notre pays et dans le monde de manière générale. Cela, additionné à la remontée de l’extrême droite en Europe, pourrait nous faire craindre un retour aux années 30. Cela est pourtant plus qu’évitable et c’est à nous, citoyens, d'être vigilants.
L’antisémitisme est défini par le Parlement Européen comme “une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte.” Il est différencié de l’antijudaïsme et l’antisionisme. Le premier est l'hostilité à l'égard de la religion juive dont ont fait preuve les chrétiens jusqu’au Concile de Vatican II. Le second est le refus de l'existence même de l’État d’Israël et du projet politique qui va avec.
Les actes antisémites et le conflit
Il est inévitable ici de parler du conflit israélo-palestinien. En effet, à chaque fois que celui-ci reprend, avec des affrontements directs, les cas d’actes antisémites augmentent chez nous. C’est ce qui ressort des derniers chiffres publiés par Unia.
Sur cinq ans, de 2018 à 2022, l’agence pour l’égalité des chances avait ouvert 291 dossiers pour antisémitisme. D’année en année, la tendance était à la baisse. Mais sur les deux premiers mois du conflit, ce sont 91 dossiers en lien avec celui-ci qui ont été ouverts. 66 dossiers font directement référence à l’ascendance juive. 8 signalements font référence à l’origine palestinienne ou arabe ou aux croyances religieuses islamiques.
Autre constat, sur ces 91 dossiers, 37 concernent la partie francophone du pays et 54 la partie néerlandophone du pays. Cette tendance est aussi visible de 2018 à 2022.
85% des dossiers d’antisémitisme traités ces 5 dernières années par Unia concernent des messages de haine, en ce compris le négationnisme, et des délits de haine. Ce qui inquiète l’agence c’est que des messages aux actes il peut n’y avoir qu’un pas vite franchi.
L'antijudaïsme chrétien
Alors, d’où nous vient toute cette haine envers la communauté juive? Historiquement, les chrétiens ont pu faire preuve d’antijudaïsme. Le concile de Vatican II a mis fin à cela, mais cela semble encore ancré dans nos façons de penser. Jusque-là, l’antijudaïsme allait jusque dans les prières du Vendredi Saint, ce qui a heureusement été supprimé.
Il pourrait donc être intéressant de rappeler que si ils ont été accusés d’avoir tué Jésus et donc Dieu, ce sont les Romains qui l’ont fait. De plus, Jésus était lui-même juif et l’a été jusqu’au bout tout comme ses disciples. Il était juif et venu pour les juifs. Si les premiers chrétiens se sont séparés des juifs c’est parce que les uns ont refusé de croire que Jésus était le messie, ce que les autres ont décidé de croire.
L’antijudaïsme et l’antisémitisme pourraient donc nous avoir été enseignés malgré nous. En effet, selon différentes études, les étudiants belges, qu’ils soient néerlandophones ou francophones, ont plus de préjugés antisémites s'ils sont de confession chrétienne ou musulmane que s'ils sont athées.
Apprendre de l’Histoire
La majorité d’entre nous n’avons aucun souvenir direct de l’Holocauste. Nous n’avons pas souffert de la guerre comme nos grands-parents ont pu en souffrir. Cela devrait aujourd’hui nous permettre d’intégrer l’Histoire comme source d’apprentissage et pour nourrir notre vigilance.
Il nous faudrait sans doute aujourd’hui encore plus de dialogue interreligieux afin d’apprendre à mieux connaître les religions juive et musulmane pour mieux nous entendre. C’est d’ailleurs un dialogue auquel nous appelle le Pape François, tout comme ses prédécesseurs.
À nous d’être vigilants donc pour que l’histoire ne se reproduise pas et pour que chacun dans notre société puisse vivre en paix sans avoir peur pour sa sécurité.
