Les évêques européens, réunis au sein de la Comece, appellent explicitement à voter pour les partis qui défendent le projet européen lors des élections du 9 juin prochain. Et ce malgré les imperfections des politiques communautaires, et parfois leur non-conformité aux valeurs chrétiennes.
Dans une déclaration rendue publique ce mercredi 13 mars, la Commission des épiscopats de l’Union européenne (Comece) forme le vœu d’avoir des décideurs politiques courageux, compétents et animés des valeurs qui étaient celles des pères fondateurs de l’UE lesquels étaient, pour la plupart, des catholiques engagés. Elle appelle aussi clairement les électeurs à voter pour les partis pro-européens lors des élections européennes du 9 juin prochain.
«Il est essentiel que nous votions pour des personnes et des partis qui soutiennent clairement le projet européen et dont nous pensons raisonnablement qu'ils vont promouvoir nos valeurs et notre idée de l'Europe, telles que le respect et la promotion de la dignité de toute personne humaine, la solidarité, l'égalité, la famille et le caractère sacré de la vie, la démocratie, la liberté, la subsidiarité, le soin de notre 'maison commune», indiquent les évêques de l'Union européenne.
L'UE face à plusieurs menaces
Ils soutiennent ainsi le projet «d'une Europe unie dans la diversité, forte, démocratique, libre, pacifique, prospère et juste», dont ils se sentent «redevables». D’où cet appel à voter pour les députés qui représenteront les valeurs originelles du projet européen, «né des cendres des terribles guerres» du XXe siècle et «conçu dans l'intention de garantir la paix, la liberté et la prospérité». Pour le porter à ses débuts, des hommes et des femmes dont la plupart «étaient des catholiques engagés qui croyaient fermement en la dignité de chaque être humain et en l'importance de la communauté».
Aujourd’hui, ce projet est confronté à plusieurs menaces. «Une série de crises et des questions délicates à résoudre dans un avenir proche, comme les guerres en Europe et dans son voisinage, les migrations et l'asile, le changement climatique, la digitalisation croissante et l'utilisation de l'intelligence artificielle, le nouveau rôle de l'Europe dans le monde, l'élargissement de l'Union européenne et la modification des Traités, etc.», relèvent notamment les évêques.
"Le choix le meilleur ou le moins mauvais"
Or, les critiques contre l’UE se multiplient. Rien de nouveau à cela, mais la Comece constate que les forces politiques opposées au projet de l'UE se renforcent. Par conséquent, même si «l'Union européenne n'est pas parfaite et que nombre de ses propositions politiques et juridiques ne sont pas conformes aux valeurs chrétiennes et aux attentes d'un grand nombre de ses citoyens», les évêques européens estiment que les électeurs sont appelés «à y contribuer et à l'améliorer avec les outils que nous offre la démocratie».
«Face à cette petite musique qu’on entend d’un certain nombre de gens qui disent: 'l’Europe, ça ne va pas, elle ne porte pas nos valeurs', soit on est amené à se désintéresser de l’Europe soit on vote pour des partis qui sont clairement anti-européens» analyse Mgr Antoine Hérouard, archevêque de Dijon et vice-président de la Comece. D’où la nécessité, aux yeux de l’épiscopat, de rappeler avec force leur soutien au projet européen, et de voir ensuite «quel est le choix le meilleur ou le moins mauvais» au moment du vote.
Les jeunes appelés à s’engager
La Comece s’adresse aussi aux jeunes électeurs, notamment ceux qui voteront pour la première fois lors de ce scrutin. Elle encourage surtout les jeunes catholiques, «qui se sentent appelés à s'engager en politique à suivre cette voie, en se préparant correctement, tant intellectuellement que moralement, à contribuer au bien commun dans un esprit de service à la communauté».
«Pour beaucoup de jeunes, un certain nombre de choses semblent acquises» constate Mgr Hérouard, comme la paix, l’euro, la liberté de circuler, les échanges universitaires qui font de l’Europe «une réalité» pour eux. Or, il faut leur dire que «tout cela est le fruit de nombreux efforts, que ce n’est pas aussi simple que cela, et que cela peut être remis en cause demain si des forces plus nationalistes se retrouvent à la tête de l’UE ou si du fait des résultats électoraux le système européen se trouve bloqué», insiste-t-il.
Source : Vatican News