Commentaire de l’évangile du 3e dimanche de Carême B : « Je suis un Dieu jaloux »


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Commentaire de l’évangile du 3e dimanche de Carême B : « Je suis un Dieu jaloux »
Par Jacques Delcourt
Publié le - Modifié le
6 min

"Jésus commet encore un scandale!" aurait pu titrer un journal après que Jésus eut renversé les comptoirs des marchands du Temple.

Décidément, si on prend un peu de recul, ce Messie n’en fait qu’à sa tête: il guérit pendant le shabbat, il interprète les textes sacrés de manière très douteuse (diraient les sadducéens et les pharisiens), il parle avec autorité mais de qui tient-il son autorité? Certainement pas du Sanhédrin.

Il est clair que Jésus bouscule. C’est le moins qu’on puisse affirmer ici: il dérange le traintrain quotidien des bons pratiquants. Il veut toujours aller au-delà de la lettre mortifère de la loi et il ramène chaque fois à l’esprit vivifiant de celle-ci.

Et cela, c’est en décalage avec la routine. Notre routine.

Des pouvoirs (politiques ou autres) n’aiment pas entendre des gens qui vont à l’encontre de la pensée autorisée: n’avons-nous pas vu le décès suspect d’ un prisonnier politique dans le fond de son goulag le mois dernier? Sa faute, il pensait autrement que le tsar.

Depuis longtemps, c’est malheureusement ainsi: "Le premier qui dit la vérité, Il doit être exécuté", chantait jadis Guy Béart.

Pourquoi Jésus va-t-il vers une mort certaine? Parce qu’il est Amour; il est jaloux. D’une jalousie fruit d’un lien profond, d’une alliance indéfectible. "Que ton oui, soit oui" (cf. Mt 5, 37).

Une foi sans compromissions! Il est Dieu, fils de Dieu qui montre sa fidélité jusqu’à la millième génération à ceux qui l’aiment et observent ses commandements (cf. 1ère lecture).

En outre, "il ne suffit pas d’aimer. Il faut aussi pratiquer la justice. On ne peut pas à la fois aimer et tolérer l’inacceptable". (cf. Pistes pour le Carême 2024 – Entraide et Fraternité).

Laissons-nous interpeller! Sans culpabilisation à la petite semaine, regardons-nous dans un miroir: "est-ce que j’écoute l’autre dans l’Esprit Saint s’il ne partage les mêmes idées?"

Voilà un des moyens mis en œuvre lors du Synode en octobre. En effet, les délégués du diaconat permanent ont eu la joie de rencontrer Geert de Cubber, le seul diacre au monde qui a participé activement à la première session.

Il est impressionnant d’entendre qu’une des trames qui a tissé ce genre de rencontre, c’est l’amour.

Cela aurait été un fiasco incroyable, s’il n’y avait pas eu ce respect fondamental des uns et des autres le tout forgé dans l’humilité, l’écoute et le dialogue.

Toujours avoir en tête que l’on doit s’oublier pour mettre l’autre au centre du débat: n’est-ce ça l’amour véritable?

Nous avançons ainsi avec ce "Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes". "Ce Christ, […] puissance de Dieu et sagesse de Dieu." (1 Co 1, 23, 25)

Au travers de cet Amour, de cette "jalousie", de ce scandale c’est la Bonne Nouvelle qui sourd: "Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai"; après la souffrance innommable, après les crachats, la crucifixion, la mort infâme sera vaincue par le Père qui va relever le Fils dans la grâce de l’Esprit. L’espérance pour chacun de nous.

Jacques DELCOURT, diacre

LECTURES DU JOUR

Lecture du livre de l'Exode 20, 1-17

"La Loi fut donnée par Moïse"

En ces jours-là, sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici: "Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux: chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération; mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur montre ma fidélité jusqu’à la millième génération. Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom.

Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville. Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne: rien de ce qui lui appartient."

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens 1, 22-25

"Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les hommes, mais pour ceux que Dieu appelle, il est sagesse de Dieu"

Frères, alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 2, 13-25

"Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai"

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes: "Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce." Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit: L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent: "Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi?" Jésus leur répondit: "Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai." Les Juifs lui répliquèrent: "Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais!" Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.

Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela; ils crurent à l’Ecriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.


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