Le JRS Belgium (service jésuite pour les réfugiés) a mené une année de surveillance dans les centres fermés. Il en ressort un rapport qui dévoile l’étendue et les conséquences psychologiques, sociales ou financières de la séparation de familles.
Durant une année, le JRS a suivi des pères, mères et conjoints en droit d’être réunis avec leur famille, mais pourtant détenus et parfois même rapatriés. Le rapport pointe d'abord l’explosion de l’enfermement de personnes avec à l’extérieur de la famille proche. En dix ans, le pourcentage de ces personnes détenues a presque doublé, atteignant la barre des 40%. La détention est vécue comme bouleversante tant par les personnes enfermées que par leurs proches. Elle affecte la santé mentale des conjoints et des enfants, mais a aussi des conséquences financières (perte d’un salaire) sociales (isolement) et pratiques.
La situation familiale d’une personne étrangère n’a pas d’impact sur l’issue de sa détention
La recherche démontre l’absence de causalité entre le fait d’avoir de la famille à l’extérieur et d’être libéré. Au contraire, la majorité de ces personnes sont finalement rapatriées. Les autorités ne prennent jamais en compte la situation familiale d’une personne dans sa décision de recourir à la détention. Elles utilisent des arguments parfois hasardeux ou trop formels quand il s’agit de prendre en compte la vie familiale dans une décision de retour. "Intenter les procédures familiales en détention est un vrai casse-tête pour les familles" note encore ce rapport du JRS Belgium qui s'interroge encore sur le respect du droit à la vie de famille.
Témoignage
Jean-Paul, enfermé à Merksplas: "Comment est-ce que je peux contribuer et aider ma famille en étant enfermé ici ? Ca fait sept mois. Les enfants grandissent sans voir leur père. La chance doit être équitable. Tous les enfants du monde doivent être heureux. Qu’est-ce que je peux faire ? Parfois je perds espoir et me dis que je ne peux rien faire. Que la loi est plus forte que la raison."
Des recommandations
Le JRS Belgium demande que la famille "devienne une pierre angulaire et non un aspect négligé dans le processus de décision entourant la détention et l’éloignement de personnes migrantes. Nos conclusions appellent en ce sens à une réévaluation des pratiques existantes". Le rapport liste des recommandations pour mieux protéger la vie familiale avec notamment:
- l’inscription dans la loi de l’interdiction de la séparation des familles
- des alternatives à la détention respectueuses du droit à la vie familiale
- privilégier l’intérêt supérieur de l’enfant avant chaque prise de décision de retour et de détention
- prévoir explicitement la possibilité pour l’étranger détenu d’introduire une demande de regroupement familial
Source: Communiqué du JRS
Le rapport complet est disponible sur le site du JRS